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Manich Msamah : Retour critique sur un moment politique

Ce retour critique que je prends l’initiative de faire sur la campagne de Manich Msemah, a pour objectif de contribuer à faire le bilan d’un moment politique qui s’inscrit dans une conjoncture complexe, marquée par l’échec d’une tentative de révolution et par un constat aujourd’hui non discutable, l’incapacité des forces politiques en scène à mener un processus de changement véritable ou même à faire obstacle à une contre-révolution rampante.

Entretien des écoles : Dessous administratifs d’un désastre humain

Deux élèves sont mortes dans l’incendie d’une école, à Thala. En raison d’un manque d’entretien et de lacunes administratives. Or les carences ne sont pas circonscrites à cette région sinistrée. Seules 1100 écoles sur un total de 4580 ont été aménagées depuis 2011, en Tunisie. Les estimations budgétaires de la loi de finances de 2018 n’ont pourtant pas dépassé 180 mille dinars.

«Statut de l’artiste»: consécration du corporatisme et atteinte à la liberté d’expression

Adopté par le Conseil des ministres le 6 décembre 2017 et soumis récemment à la Chambre des députés, le projet de loi relatif à l’artiste et aux métiers artistiques suscite, à fortiori, beaucoup de réactions. Appelé à tort « statut de l’artiste », il était censé répondre aux aspirations des artistes dont beaucoup étaient à l’avant-garde de la révolution du jasmin. Il n’en est malheureusement rien, car au lieu de leur octroyer des avantages tangibles et de protéger concrètement leur liberté de création, ce projet de loi est venu consacrer, d’un côté, un corporatisme centralisé, et donner, de l’autre côté, au ministère de la Culture un pouvoir qu’il ne doit plus avoir depuis l’adoption de la Constitution de 2014.

Psycaricatures de -Z- : Emmanuel Macron en Tunisie

Malgré l’emploi du temps très chargé de sa visite d’Etat en Tunisie, mercredi 31 janvier et jeudi 1er février, le président français Emmanuel Macron a trouvé le temps de passer par le divan de notre psycaricaturiste. –Z- a pu entrevoir, à travers les nuages communicationnels, ce que pense le fondateur de « La République en marche » de la mobilité en Méditerranée. A vrai dire, les déclarations de l’ambassadeur Olivier Poivre d’Arvor à la presse sur la question migratoire l’ont aidé.

Interview avec Kamel Jendoubi: « La situation politique ne présage rien de bon »

Dans cette interview, Kamel Jendoubi, ancien président de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), met en garde contre les dangereuses entraves au processus électoral tout en relevant les déviations qu’il a connu durant l’année écoulée. Il y fait part aussi de son inquiétude des dérives inconstitutionnelles et leur impact politique sur les résultats des prochaines élections municipales qui risquent de reproduire la domination des mêmes partis et les mêmes conflits sur le partage du pouvoir. Un scénario plausible en l’absence totale d’un projet clair, à moyen et à long terme, concernant la gouvernance locale.

Arts en Tunisie: la création asservie par l’establishment culturel

Il n’est pas anodin que Ben Ali ait voulu bâtir la Cité de la Culture dans les propensions et l’architecture que l’on connaît. C’est enfin dans l’ordre des choses que cette immondice soit achevée alors que celui qui était chargé par Ben Ali de l’achever sans jamais réussir à le faire à ce moment-là, Mohamed Zinelabidine, est aujourd’hui ministre de la culture. Ce n’est point une ironie de l’histoire : c’est la résultante de la lâcheté, de la compromission et de l’embourgeoisement généralisés de l’élite artistique et intellectuelle du pays.

Interview avec Walid Mattar: «Résister aujourd’hui, c’est consommer le minimum»

« Vent du Nord » est dans les salles de cinéma tunisiennes depuis le 10 janvier, et sortira en France le 28 mars 2018. La délocalisation d’une usine de chaussures du Nord de la France vers la banlieue de Tunis met en scène les chemins de vie d’Hervé, ouvrier licencié, et Foued, qui prendra son poste. Leurs regards se croisent et en appellent à notre humanité. Déjà multi-primé, le film a été accueilli comme un souffle d’espoir, tout en étant une critique habile du capitalisme globalisé. Alors que l’équipe du film termine sa tournée tunisienne ce week-end, Nawaat est allée à la rencontre de son réalisateur, Walid Mattar.

France-Tunisie : Mobilité et visas, je t’aime… moi non plus

« Un grand pays, une grande nation, un grand peuple ». Dans son discours devant l’Assemblée des Représentants du Peuple, Emmanuel Macron n’a pas tari d’éloges sur les tunisiens. Mais derrière ce que Roland Barthes appelait déjà en 1957 « l’écriture cosmétique » des officiels français dès qu’il s’agit d’un pays anciennement colonisé, c’est une politique migratoire répressive, sélective et injuste qui sévit, sélectionnant, expulsant et contrôlant les tunisiens à tour de bras.

Macron à Tunis: derrière le clinquant, une relation en perte de vitesse

La visite du président français Emmanuel Macron en Tunisie fait l’objet d’une attention médiatique particulièrement intense. L’agenda très rempli de la visite, l’importance de la délégation qui l’accompagne ou encore les préparatifs tunisiens de sa visite, tout porte à croire qu’un vent de renouveau souffle sur les relations franco-tunisiennes. Or, c’est justement la marque de fabrique de Macron : derrière le clinquant communicationnel qui célèbre le changement et la rupture, c’est une détérioration plutôt nette qui caractérise les relations franco-tunisiennes actuellement.

Enquête: Tahar Battikh, le député Nida Tounes devenu directeur à la Cité U de Paris

La Mission Universitaire Tunisienne à Paris est depuis le 5 janvier 2018 dirigée par l’ancien député Nidaa Tounes de Ben Arous, Tahar Battikh, remplaçant Imed Frikha en poste depuis 2012. Cette nomination aux accents partisans est entachée par un certain flou au sein du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche quant à la durée des mandats des chefs de missions à l’étranger. Elle risque également de retarder le démarrage des travaux de construction du deuxième pavillon tunisien à la Cité Universitaire Internationale de Paris, le pavillon Habib Bourguiba.

Enquête: Entre la Côte d’Ivoire et la Tunisie, arnaques, trafic et esclavage

Il y a 172 ans, exactement le 23 janvier 1846, un décret d’Ahmed Bey abolissait l’esclavage du territoire tunisien. A l’occasion de cette date, un projet de loi de lutte contre le racisme a été déposé à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Et l’Instance Nationale de Lutte Contre la Traite, créée en février 2017, a inauguré son siège. A part l’utilisation banale du vocabulaire esclavagiste, la mise en esclavage subsiste jusqu’aujourd’hui en Tunisie. Les femmes ivoiriennes sont les plus concernées. Comment se retrouvent-elles dans cette situation ? Quels sont les obstacles qu’elles affrontent dans leur quête d’une issue de ce labyrinthe ? Enquête.

« Benzine » de Sarra Labidi : en contrechamp d’un drame social

Avec le contexte de crise qui sied au drame, les dessous de son plancher social et toute la bonne foi de ses petites gens, « Benzine » pose le contrechamp de l’immigration clandestine, à travers la quête désespérée d’un couple secoué par la disparition de son fils. S’il manie mieux les silences que les mots, grâce entre autres à une justesse photographique sans afféteries, ce premier long-métrage de Sarra Abidi s’avoue un peu trop appliqué. En salles, à partir du mercredi 24 janvier 2017.

Où va Moncef Marzouki ?

Marzouki a récemment donné plusieurs entretiens à la presse. Ce qui est remarquable dans ses interventions, c’est le bilan extrêmement élogieux que l’ancien président tire des 3 années de la Troïka au pouvoir, ne reconnaissant comme « erreur » que la sous-estimation de la puissance des réseaux de l’ancien régime. Et on ne peut qu’être scandalisé lorsqu’il prétend que les mobilisations populaires n’ont jamais été réprimées durant son mandat. En plus, l’absence de compromis qui caractérise sa politique vis-à-vis de la classe politique du consensus ne fait que masquer une tenace volonté de compromis avec les formes sociales dominantes.

« L’image de la Tunisie », obsession collective aux accents autoritaires

« L’image de la Tunisie » est sans doute l’un des éléments les plus récurrents de la communication gouvernementale. Toute vague de protestations sociales en Tunisie s’accompagne d’une flopée de déclarations dénonçant la mauvaise image faite au pays dans les médias étrangers. Cependant, sous l’élément de langage gouvernemental, c’est une véritable névrose collective qui s’exprime à travers cette expression, répondant ainsi à l’orientalisme par plus d’orientalisme.

Reportage: Que reste-t-il de la mémoire du 14 janvier dans les rues de Tunis ?

Tunis, janvier 2018. Le pays célèbre 7 ans depuis la chute du régime autoritaire. Le 14 janvier 2011 a marqué un tournant historique, celui du passage de l’autoritarisme à la démocratie, aussi balbutiante soit-elle. L’espace public était le témoin de la rage populaire contre le pouvoir. Est-il fidèle à cette mémoire ? Les autorités post-révolutionnaires sont-elles conscientes de cet enjeu ? Les constats sont amers.

Al-Qods : Autopsie de l’estocade

Le Monde Arabe s’est dernièrement ébranlé suite à la récente décision de Donald Trump de faire de Jérusalem la capitale politique d’Israël. Comme à chaque fois qu’il s’agisse de la Palestine, les peuples arabo-musulmans se sont indignés et ont envahi les rues et les réseaux sociaux de slogans. Comme à chaque fois depuis 70 ans, les réactions à chaud ont fusé, les réactions haineuses se sont déchainées, à croire que le monopole de la violence est primordiale et la cause accessoire. Les réactions éphémères ont dominé la prise de parole en public. Quant à la réflexion, elle est restée aux abonnés absents.