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La guerre perdue de Youssef Chahed

Lors de son discours belliqueux à l’occasion du vote de confiance à son gouvernement remanié devant l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le 12 septembre 2017, Youssef Chahed, le chef du gouvernement tunisien, a ouvertement déclaré la guerre aux quatre cavaliers de l’apocalypse qui en Tunisie se nomment terrorisme, corruption, chômage et disparités régionales. Malgré ses visibles échecs sur les trois fronts socioéconomiques, et surtout la mise en berne de la lutte anticorruption, il prétend, selon ses dires, qu’avec un simple remaniement, il peut faire de ses ministres « un gouvernement de guerre » capable de reprendre l’initiative stratégique. Mais à y voir de près, l’armée hétéroclite qu’il a levée tient plus d’une fanfare militaire que d’une troupe de combat.

Polémiques Kamel Daoud/Leila Slimani : Décoloniser la littérature des agités du bocal

Le bébé est mort, écrit Slimani dans l’ouverture de sa Chanson douce. Mais qui a tué le môme au juste ? En tous cas, la nounou n’y est pour rien. Ce que se forcent les membres de la confrérie à négliger, par omission et/ou indifférence, c’est que publier un ouvrage dans un idiome français d’Afrique – français du lycée Descartes de Rabat ou du Quotidien d’Oran – ne signifie pas promettre une allégeance éternelle et inconditionnelle à une hégémonie idéologique francophone, dominant et hantant le fantasme d’une identité culturelle. Trahir pour écrire, d’accord, mais trahir soi-même et le monde pour rester fidèle au texte – le texte n’est-il pas le monde de l’écrivain ?

Kalâa Sghira : Brique par brique, ni environnement sain, ni santé publique

La pollution causée par la Briqueterie de Kalâa Sghira (BKS) ne cesse pas de gagner en impact sur la santé de la population résidente dans ses alentours. Plus de 6200 personnes sont directement affectés par ses fumées toxiques à l’origine de maladies cardiaques, respiratoires et cancéreuses. La Direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement, relevant du ministère de la Santé, a attesté du danger représenté par BKS dans un rapport datant de 2015. Pourtant, aucune mesure concrète n’a été prise. Mobilisés depuis 2013, les habitants de Kalâa Sghira revendiquent la délocalisation rapide de l’usine et le dédommagement des dégâts sanitaires et environnementaux. Reportage.

« Tunisie Insoumise ! » : Appel pour un mouvement alternatif lors des élections municipales

En ce 17 décembre 2017, ce sera la sixième année de notre révolution. Il a fallu attendre six années pour qu’enfin adviennent les premières élections municipales de la nouvelle ère. Et les voici reportée à une date inconnue. Entre-temps, nous avons eu l’élection de la Constituante et son gouvernement et président provisoire ainsi que les premières élections présidentielles et législatives post-nouvelle Constitution. Les premières élections municipales libres sont prévues pour 2018. Une occasion de stopper le règne de la médiocratie.

« Journal d’un apostat » d’Anouar El Fani : de la littérature dispensable

Difficile de ne pas serrer les dents devant le « Journal d’un apostat ». L’actualité post-révolutionnaire servant de prétexte, cette fiction d’Anouar El Fani brasse les événements qui se sont déroulés du 17 décembre 2010 au mois de janvier 2016, du point de vue d’un imam mal dans sa peau, pour verser dans une démystification des impostures de l’islam politique. Mais on n’y voit que du feu : ce récit aux coutures lâches peine à ressembler à un journal intime.

Héritage : Au-delà de l’égalité, pourquoi pas la taxation ?

Notre nonagénaire de président, Si’l Beji, profita de la torpeur de l’été pour jeter un pavé dans la mare autour de questions dont sont friands les sites d’info-divertissement et autres réseaux sociaux et leurs pièges à clics. A propos de la question de l’héritage, n’est-il pas venu le temps de poser, non pas la question de « l’égalité » devant ce qui semble, indéniablement, être un déni de justice, mais la « taxation » de ce dernier ? Voilà les termes d’un débat qui peut rendre un peu de justice redistributive.

Ouragan Irma: Récit d’un Tunisien abandonné à l’île Saint-Martin

L’ouragan Irma, qui a frappé Saint-Martin il y a deux semaines, a presque tout détruit sur son passage. Entre 90% à 95% de l’île a été saccagé. Parmi les rescapés, Bassem Kerkeni, un Tunisien résident à Saint-Martin depuis 14 ans, a tout perdu: ses appartements, sa voiture, celle de sa femme et son restaurant. Le labeur de toute une vie. Beaucoup sont dans sa situation. Il connait une quinzaine de Tunisiens à Saint-Martin. Mais à la différence des autres, lui, n’a pas été secouru par son pays. Quand d’autres ont été rapatriés d’urgence, Kerkeni, sa femme et ses deux enfants sont livrés à eux-mêmes. Témoignage.

Enfants ruraux, encore une rentrée qui s’annonce difficile !

Il est indéniable que l’école continue à jouer un rôle central dans la vie de toute famille de ce pays, et de la société en globalité. Malgré le flétrissement continu de son image depuis une vingtaine d’années, elle demeure tout au moins l’espoir de tous ceux qui ne disposent de rien pour vaincre les difficultés de la vie et espérer un mieux-être dans l’avenir… Ce texte est un plaidoyer pour l’école publique malgré tous les efforts -conscients ou pas- pour la mettre au plat et vanter les avantages du privé pour une société supposée intégrée dans une économie mondialisée.

Gouvernement Chahed II : Bis repetita

La trouvaille du « gouvernement de consensus national » présidé par Habib Essid, puis celle du « gouvernement d’union nationale » du fringant Chahed ont suivi le gouvernement de « technocrates » sous la férule d’un « expert » tout droit parachuté par les « pétroliers », Mehdi Jomaa. Leurs échecs ont l’avantage de clore les bavardages sur les possibles colmatages du système.

TuNur : Le soleil de Kébili, courtisé par l’Europe et négligé par la STEG

A l’annonce du projet TuNur, on aurait pu croire que la Tunisie allait se doter de sa première méga-centrale solaire, à l’instar du Maroc. Mais l’initiative ne vient pas des autorités tunisiennes et elle ne servira pas à répondre à la demande locale en électricité. Bien que l’implantation de la centrale se fasse en Tunisie, l’énergie produite sera destinée à alimenter les foyers européens.

#Edito : Les sermons du cheikh Béji et les esquives du président Caïd Essebsi

Lors de son interview diffusée, lundi soir, par la Watania, Béji Caid Essebsi a puisé dans le texte coranique pour renforcer sa légitimité politique, pour justifier la coalition post-électorale avec Ennahdha, pour attaquer Hamma Hammami ou pour esquiver une question sur son éventuelle candidature aux Présidentielles de 2019. L’invocation de l’arbitraire divin lui a servi de béquille quand il n’a pas trouvé de boucs émissaires pour porter le chapeau de ses échecs.

« Zabor ou les Psaumes » de Kamel Daoud : L’écriture à contre-jour

Qu’on ne se trompe pas : « Zabor ou les Psaumes » remonte un récit qui n’est pas tout à fait un roman, même si c’en est un, où l’écriture tente de faire oublier l’agonie pour mieux se souvenir. C’est l’épopée façon Daoud, quand il réfléchit sur le pouvoir de la fiction, et sa quadrature du cercle. L’écriture, ici, ne sert pas tant à faire l’ange qu’à réparer une langue de fiction comme une affaire de pare-brises. De toute son insuffisance, elle entend pousser la langue dans ses derniers retranchements. Néanmoins, Kamel Daoud n’évite pas la cuisine des exercices de style où la sauce du style fait oublier la farine de l’exercice.

Quelles conséquences en cas de report des élections municipales ?

L’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a reporté une nouvelle fois, mardi 12 septembre 2017, le vote sur les membres remplaçant les démissionnaires du conseil de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE) à une date inconnue, le quorum n’ayant pas été atteint. Le décret de convocation des électeurs n’a toujours pas été signé par le président Béji Caïd Essebsi, alors que la loi électorale l’exige au moins trois mois avant le scrutin. Désormais, le report des élections municipales est de plus en plus probable. Quelles sont ses conséquences financières et l’impact de ce report sur l’organisation des élections et la mise en place de la décentralisation ?

La Tunisie en dépression démocratique

Quel est le point commun entre Afraa Benazza et Hicham Alaoui ? A priori, on pourrait penser qu’il n’y en a pas. La première, qui n’a pas vingt ans, est une inflexible militante kefoise dont l’éclosion, comme celle de beaucoup d’autres insoumis, constitue le principal acquis de notre révolution. Le second est un opposant marocain réformateur, membre de la caste régnante au Maroc et candidat au trône. Tous deux pourtant, aussi différents soient-ils, ont été victimes de l’arbitraire de l’Etat tunisien.