Le Parlement européen a adopté une résolution condamnant les dernières arrestations visant des opposants, syndicalistes et journalistes ainsi que les propos présidentiels sur les migrants subsahariens. Focus sur les enjeux de cette motion.

Le Parlement européen a adopté une résolution condamnant les dernières arrestations visant des opposants, syndicalistes et journalistes ainsi que les propos présidentiels sur les migrants subsahariens. Focus sur les enjeux de cette motion.
A l’échelle nationale, comme sur le plan international, il est plus que jamais isolé. Bien avant ses scandaleux propos sur les migrants subsahariens, il a érigé les murailles de sa propre cellule, forgé ses barreaux et s’y est installé. Et avec cet isolement, il condamne la Tunisie à une paralysie dévastatrice.
Le Parti nationaliste tunisien est illégal, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar, lors d’une conférence de presse tenue le 6 mars courant. Interpellé sur ce point, Ammar a répondu : « Le parti que vous avez mentionné n’existe pas. C’est un parti illégal. Qu’est-ce qui aurait été dit si nous l’avions empêché de s’exprimer ? On aurait évoqué une atteinte à la liberté d’expression. En tout cas, ce problème ne se pose pas, puisque ce parti n’a pas d’existence légale ». Mais les déclarations du ministre sont-elles conformes à la réalité ?
La très faible participation au premier tour des élections législatives met le pouvoir face à un dilemme : comment mettre en place un régime censé être l’expression des aspirations populaires sans le peuple ?
Lors des élections du 17 décembre, «nos observateurs ont été harcelés dans certains bureaux de vote», souligne le président d’ATIDE. Tandis qu’un responsable de Mourakiboun note n’avoir «rencontré aucune difficulté dans le recensement des données le jour du scrutin». Toutefois, les positions des organisations non-gouvernementales observatrices des élections convergent dans la critique du processus électoral dans son intégralité.
En ce 17 décembre, au centre de Thala, les habitants préfèrent profiter de la matinée ensoleillée près des ruines antiques. A Kasserine, un homme âgé clame près d’un bureau de vote: « aujourd’hui, le pays est à genoux, et avec ce scrutin il va finir par ramper ». Difficile de dénicher un quelconque indice de ferveur électorale dans ces villes, berceaux de la Révolution. Reportage.
Si les législatives 2022 affichent un si faible taux de participation, c’est parce qu’elles n’ont pas été entachées par l’argent politique et les irrégularités, claironne le président de l’ISIE. Mais qu’en est-il dans les faits ?
Présentées comme un moment politique crucial, les élections législatives du 17 décembre 2022 sont censées constituer le dernier acte de l’état d’exception enclenché le 25 juillet 2021. Cette affirmation mérite pour le moins d’être relativisée.
A peine 15% des candidats aux législatives de 2022 sont des femmes. Dans la sphère politique, la participation féminine se raréfie. Les candidates ont toutefois « le mérite » de se présenter aux élections malgré les obstacles, estime Torkia Ben Khedher, vice-présidente de la Ligue des électrices tunisiennes (LET). Reste que l’identité politique de ces femmes est difficile à cerner.
Une photo d’une femme présentée comme étant celle d’une candidate aux législatives du 17 décembre 2022, portant le numéro 44 et estampillée du slogan « nous bâtissons notre avenir avec nos bras » a provoqué la polémique sur les réseaux sociaux. Et pour cause : la femme paraissait imiter une icône de la culture populaire américaine.
« Les Tunisiens Résidant à l’Etranger (TRE) ont été doublement pénalisés : d’une part, le nombre de sièges de leurs représentants a été revu à la baisse, passant de 18 à 10. D’autre part, la condition exigeant la collecte de 400 parrainages est aberrante et injuste », conteste un candidat non retenu pour les prochaines élections législatives. Manifestement, la nouvelle loi électorale a réduit la chance des TRE d’être représentés au parlement.
La participation au Sommet de la francophonie du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et celle, probable, du président français Emmanuel Macron relativisent la théorie de l’isolement diplomatique de la Tunisie et rappellent que les Occidentaux savent remiser les discours sur les valeurs démocratiques dès lors que leurs intérêts sont en jeu.
Le tribunal administratif de Sfax a accepté le 10 novembre 2022, le recours en appel intenté par un candidat aux élections législatives. La décision a suscité une vive polémique sur le processus électoral et la légitimité de ses résultats.
Les chiffres révélés par le président de l’ISIE suscitent pour le moins des interrogations. La parité hommes-femmes passe à la trappe. Et apparemment tous les Tunisiens ne bénéficieront pas nécessairement d’une représentation parlementaire. Tandis que la visibilité médiatique des candidats pose problème, puisqu’il s’agit désormais d’individus et non de listes électorales.
Une photo de la cheffe du gouvernement tunisien, Najla Bouden, discutant en marge de la COP27 en Egypte, avec un politicien présenté comme étant le président de l’entité sioniste, Isaac Herzog, a été largement partagée sur Facebook et Twitter.
[EDITO] Kais Saied vient d’ordonner à Najla Bouden d’amender la loi électorale déjà modifiée il y a trois semaines. Le président se fourvoie et entraine tout un peuple derrière lui, sans renoncer à sa cape de sauveur suprême. C’est la deuxième fois qu’il se rétracte après avoir publié un texte dans le JORT. Et c’est la nième fois qu’il est responsable de propagation de fake news. Et si on appliquait à Kais Saied le décret-loi 54 promulgué le 13 septembre dernier ? Le président risque 50 ans de prison ferme.
Une crise diplomatique a éclaté entre Tunis et Rabat, émaillée d’échanges musclés entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays. La participation du Sahara occidental au sommet TICAD 8 et la réception du chef du Front Polisario par Kais Saied ont révélé au grand jour des tensions qui existaient déjà.
Les récentes déclarations du Secrétaire d’Etat, Anthony Blinken, et du futur ambassadeur américain Joey Hood sont le symptôme de la dégradation des rapports entre Tunis et Washington. Même si les liens entre les deux pays ont déjà connu des crises, les oppositions s’expriment désormais ouvertement. Retour sur une relation bicentenaire.