Présentées comme un moment politique crucial, les élections législatives du 17 décembre 2022 sont censées constituer le dernier acte de l’état d’exception enclenché le 25 juillet 2021. Cette affirmation mérite pour le moins d’être relativisée.

Présentées comme un moment politique crucial, les élections législatives du 17 décembre 2022 sont censées constituer le dernier acte de l’état d’exception enclenché le 25 juillet 2021. Cette affirmation mérite pour le moins d’être relativisée.
A peine 15% des candidats aux législatives de 2022 sont des femmes. Dans la sphère politique, la participation féminine se raréfie. Les candidates ont toutefois « le mérite » de se présenter aux élections malgré les obstacles, estime Torkia Ben Khedher, vice-présidente de la Ligue des électrices tunisiennes (LET). Reste que l’identité politique de ces femmes est difficile à cerner.
Une photo d’une femme présentée comme étant celle d’une candidate aux législatives du 17 décembre 2022, portant le numéro 44 et estampillée du slogan « nous bâtissons notre avenir avec nos bras » a provoqué la polémique sur les réseaux sociaux. Et pour cause : la femme paraissait imiter une icône de la culture populaire américaine.
« Les Tunisiens Résidant à l’Etranger (TRE) ont été doublement pénalisés : d’une part, le nombre de sièges de leurs représentants a été revu à la baisse, passant de 18 à 10. D’autre part, la condition exigeant la collecte de 400 parrainages est aberrante et injuste », conteste un candidat non retenu pour les prochaines élections législatives. Manifestement, la nouvelle loi électorale a réduit la chance des TRE d’être représentés au parlement.
La participation au Sommet de la francophonie du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et celle, probable, du président français Emmanuel Macron relativisent la théorie de l’isolement diplomatique de la Tunisie et rappellent que les Occidentaux savent remiser les discours sur les valeurs démocratiques dès lors que leurs intérêts sont en jeu.
Le tribunal administratif de Sfax a accepté le 10 novembre 2022, le recours en appel intenté par un candidat aux élections législatives. La décision a suscité une vive polémique sur le processus électoral et la légitimité de ses résultats.
Les chiffres révélés par le président de l’ISIE suscitent pour le moins des interrogations. La parité hommes-femmes passe à la trappe. Et apparemment tous les Tunisiens ne bénéficieront pas nécessairement d’une représentation parlementaire. Tandis que la visibilité médiatique des candidats pose problème, puisqu’il s’agit désormais d’individus et non de listes électorales.
Une photo de la cheffe du gouvernement tunisien, Najla Bouden, discutant en marge de la COP27 en Egypte, avec un politicien présenté comme étant le président de l’entité sioniste, Isaac Herzog, a été largement partagée sur Facebook et Twitter.
[EDITO] Kais Saied vient d’ordonner à Najla Bouden d’amender la loi électorale déjà modifiée il y a trois semaines. Le président se fourvoie et entraine tout un peuple derrière lui, sans renoncer à sa cape de sauveur suprême. C’est la deuxième fois qu’il se rétracte après avoir publié un texte dans le JORT. Et c’est la nième fois qu’il est responsable de propagation de fake news. Et si on appliquait à Kais Saied le décret-loi 54 promulgué le 13 septembre dernier ? Le président risque 50 ans de prison ferme.
Une crise diplomatique a éclaté entre Tunis et Rabat, émaillée d’échanges musclés entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays. La participation du Sahara occidental au sommet TICAD 8 et la réception du chef du Front Polisario par Kais Saied ont révélé au grand jour des tensions qui existaient déjà.
Les récentes déclarations du Secrétaire d’Etat, Anthony Blinken, et du futur ambassadeur américain Joey Hood sont le symptôme de la dégradation des rapports entre Tunis et Washington. Même si les liens entre les deux pays ont déjà connu des crises, les oppositions s’expriment désormais ouvertement. Retour sur une relation bicentenaire.
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a publié sur sa page Facebook officielle, dans la soirée du 26 juillet, les résultats préliminaires du référendum sur le projet de constitution de Kais Saied. L’ISIE a ainsi diffusé les chiffres détaillés de chaque circonscription électorale, avant de les retirer, en raison “d’erreurs”. Quelles sont ces erreurs et qui en est responsable?
On impute souvent la crise politique permanente en Tunisie au mode de désignation des députés. Si le scrutin proportionnel aux plus grands restes a donné lieu à des assemblées fragmentées, le passage à l’élection majoritaire uninominale à deux tours n’est pas en soi une garantie de stabilité. En cela, l’analyse du cas français est riche d’enseignements.
[Edito] Après un faux coup d’Etat aux béquilles constitutionnelles, une fausse consultation nationale échouant à fédérer le quart de ses électeurs, un faux dialogue national qui n’a rassemblé que ses béni-oui-oui, Kais Saied a soumis une fausse constitution, 25 jours avant un référendum auquel sont invités les électeurs pour approuver ou rejeter ce texte fondamental pondu à la hâte.
Le 24 avril 2022, Emmanuel Macron a été réélu président de la République pour un second mandat de cinq ans. Ce vote a empêché la candidate de l’extrême droite d’accéder au pouvoir et d’appliquer un programme particulièrement xénophobe. Toutefois, il faudra attendre les élections législatives pour avoir une idée plus précise sur la politique de l’Etat français pour le quinquennat à venir tant les propositions semblent divergentes. Cela concerne notamment les relations internationales.
Quelques mois avant la tenue du référendum, Kais Saied a changé, par décret- loi, la composition du conseil de l’ISIE. Désormais, les membres de l’instance chargée de la supervision des élections seront nommés par décret présidentiel. Le timing de cet amendement a été contesté par certains observateurs, mais accepté par d’autres. L’ISIE ne serait plus indépendante ? Les positions divergent.
Des campagnes de SMS incessantes exhortent les Tunisiens à répondre aux questions de la consultation nationale. Une émission religieuse de la Télévision nationale est même allée jusqu’à puiser dans la jurisprudence islamique pour inciter les musulmans à participer. Mais en dépit de tous ces efforts, les compteurs ne décollent pas.
Lancée le 15 janvier, la consultation nationale est présentée par le président Kais Saied, comme un outil démocratique pour sonder le peuple. Encore faut-il qu’elle soit accessible à toutes et à tous. Une condition qui fait défaut mais qui ne semble pas faire vaciller la volonté saiedienne d’assoir son projet.