Les identités, outre qu’elles disent la dignité, sont une composante et parfois le tout d’une stratégie. Regretter ou dénoncer la persistance des identités, c’est renoncer à la lutte, c’est contribuer à désarmer les résistances des opprimés.

Les identités, outre qu’elles disent la dignité, sont une composante et parfois le tout d’une stratégie. Regretter ou dénoncer la persistance des identités, c’est renoncer à la lutte, c’est contribuer à désarmer les résistances des opprimés.
Quand on veut tuer son chien, dit-on, on l’accuse de la rage. Dans notre démocratie policière, quand on veut enfermer quelqu’un, on lui glisse une barrette de zatla dans la poche.
Parti du candidat à la présidentielle Slim Riahi, L’UPL doit, selon un arrêt de la Cour d’appel de Tunis daté du 4 février 2015, la somme de 183 396,330 TND à une société de conseil. En décembre dernier, il a personnellement fait obstruction à l’execution forcée de l’arrêt en renvoyant le commissaire de police du Lac, Rochdi Belkacem, et un huissier de justice du siège de son parti. L’argent et l’influence dont il jouit semblent faire de lui un citoyen au-dessus de la loi et de ses représentants.
Il y a tout lieu de croire que la déchéance de nationalité des jihadistes n’est pas mises en avant par certaines forces politiques tunisiennes – y compris par une gauche qui n’a de radical que son opportunisme – dans le but de défendre les « acquis » de la révolution et l’« unité nationale » mais, bien plutôt, comme un instrument de positionnement et de démarcation politique.
Si cette gauche conteste aujourd’hui l’alliance gouvernementale dans toutes ses composantes, son principal ennemi ne sont ni les forces restaurationnistes, politiques, sécuritaires ou économiques, ni le libéralisme (quoi qu’elle prétende) mais toujours et encore Ennahdha ainsi que la nébuleuse qui a soutenu la Troïka, les courants qui ont appuyé la candidature de Marzouki à la présidentielle et ceux qui persistent à le soutenir. Or, nous ne sommes plus du tout dans la configuration qui était celle de la Troïka et de la Constituante.
L’année 2017 est là. En soi, sauf pour ceux qui savent lire les chiffres, cela ne signifie rien. Et pourtant je ne suis pas rassuré. J’ai déjà la nausée rien qu’en pensant aux idées noires qui traverseront mon esprit le 1er janvier 2018. Ce qui m’effraye, c’est de me dire le 31 décembre prochain que l’année 2017 a ressemblé comme deux gouttes d’eau à l’année 2016, laquelle n’a été en vérité guère différente de celle qui l’a précédée. Pareille mais pire.
L’Assassinat de Mohamed Zouari ? Affaire classée ! La loi de finances et ses insuffisances ? Passée comme une lettre à la poste à l’Assemblée. Le mois de décembre aura été celui de la polémique qui enfle sur le retour des terroristes des zones de conflits. Qui a dit quoi quand et où ? décryptage.
A la fierté d’appartenir à un monde arabe en révolution s’est substitué pour beaucoup l’orgueil d’appartenir à un « Etat-nation » illusoire. Plus grave, pour ne pas dire terriblement humiliant, s’immisce dans bien des cerveaux l’idée que le combat pour la libération de la Palestine, serait un combat d’arrière-garde, mené par des forces « corrompues » ou « rétrogrades » voire, dans les termes mêmes de la propagande occidentalo-sioniste, une lutte motivée par l’intolérance religieuse, loin des « valeurs de la modernité ».
Hier, le 17 décembre, 6 ans après l’immolation de Bouazizi, nous fêtions le sixième anniversaire du déclenchement de la révolution en Tunisie. C’est monstrueux, mais beaucoup de ceux qui célébraient ce moment historique se félicitaient le même jour de la chute sanglante d’Alep, éreinté de l’intérieur comme de l’extérieur par les fractions concurrentes de la contre-révolution, toutes liguées d’une manière ou d’une autre pour anéantir les derniers éclats de la révolution.
On se doute que la mise au jour de l’ensemble des dossiers concernant cet épisode tragique de notre histoire récente permettra également de faire toute la lumière sur les responsabilités des autorités tunisiennes dans cette affaire et en particulier du président Habib Bourguiba. Autrement dit, d’un point de vue politique, ce n’est pas seulement la France qui risque de se trouver sur le banc des accusés.
Contrairement à ce que les modernistes proclament, les courants qui affirment, de nos jours, l’islamité de leur politique sont tout aussi modernes qu’eux, peut-être pires. La modernité, sinon dans sa mythologie émancipatrice, fait en vérité l’unanimité. Et c’est bien dommage.
Aprés le feu vert de l’administration sortante de Barack Obama pour établir une base secrète au Moyen-Orient, le Commandement des Opérations Spéciales de l’Armée américaine (JSOC) renforce sa mission antiterroriste à l’étranger. Le vendredi 25 novembre, le Washington Post annonce l’initiative du gouvernement américain qui vise à « élargir les pouvoirs de l’unité élite militaire pour chasser les combattants étrangers au niveau mondial ».
Ce midi, Beji Caïd Essebsi est l’invité d’honneur d’une rencontre du Cercle des médias, organisée par les mêmes réseaux médiatiques qui faisaient la promotion du système de Ben Ali. Il y parlera de son livre, «Tunisie, la démocratie en terre d’Islam », co-écrit avec la journaliste française Arlette Chabot. Un livre qui réactive le mythe de l’exception tunisienne pour espérer faire revenir les touristes.
Mercredi 23 novembre 2016, la très officielle Tunis Afrique Presse (TAP) publie une étrange dépêche. Le scan d’un document portant l’entête et la signature de l’avocat controversé Mounir Ben Salha. Le texte est censé présenter la réaction du dictateur déchu, Zine el Abidine Ben Ali, aux premières auditions publiques de l’Instance vérité et dignité (IVD). Le texte, qui a fait le tour des médias nationaux et de certains médias internationaux, tente désespérément de discréditer les témoignages des victimes de la dictature. Son authentification pose problème.
Béji Caïd Essebsi, lui, parle différemment. Il parle comme un vaincu. Il parle, serais-je tenté de dire, comme un gamin capricieux, vexé d’avoir perdu une partie de chkoba contre une joueuse de bridge. Il aura tout fait pourtant pour gagner. Pour imposer un forfait à son adversaire, il a changé les règles du jeu, biseauté les cartes, mobilisé ses amis, ses demi-amis et mêmes les prétendus amis de ses ennemis.
Certains appellent à la clémence mais comment pardonner un coupable alors qu’il poursuit comme si de rien n’était son œuvre maléfique ? Tant d’un point de vue humain ou moral que politique, le « pardon » est aujourd’hui un non sens. Du point de vue d’une politique qui est portée par le souffle de la révolution et non par l’haleine nauséabonde des hommes de l’ancien régime, la « réconciliation » est une aberration.
Toutes les mauvaises idées du monde, il les a dans le crâne, infâme mixture dont nous avons eu un avant-goût dans les propos qu’il a tenus durant la campagne électorale. Suprématiste blanc, national-impérialiste, ploutocrate et richophile, autoritaire, sexiste, Donald Trump est de surcroît très antipathique. Et, en ce qui concerne la Tunisie, dont il ignore peut-être l’existence, nul doute que les répercussions de la politique américaine contribueront à la dégradation des rapports de forces au bénéfice de tous les salauds.
La direction des JCC a jugé opportun, d’offrir au président de la république un Tanit d’or à l’occasion du cinquantenaire des JCC. Une simple et sale déclaration d’allégeance comme celles qui se sont portées sur Bourguiba et Ben Ali et qui se porteront sur tous nos futurs dictateurs quelques soient leurs orientations politiques. « C’est la première fois que le cinéma rend hommage à un président de la République », aurait déclaré fièrement le directeur des JCC qui sera peut-être un jour ministre. Cette première fois est une fois de trop.