Rights 950

Reportage : À Nasrallah, l’appauvrissement est programmé

A Nasrallah, l’une des plus importantes délégations de Kairouan avec près de 21.000 habitants, l’ambiance est tendue. Les pas s’accélèrent avec l’impatience et le ras-le-bol général. Après la marche, les manifestants se rassemblent sur la place des martyrs où ils tiennent une assemblée générale. « Aucun signe de la part du gouverneur et du gouvernement !! Ils refusent de nous écouter ! Nous allons donc continuer la lutte par tous les moyens pacifiques et légitimes pour arracher nos droits ! », clame Hedi Mahfoudhi, porte-parole des habitants de Nasrallah.

Reportage: Jihed, 15 ans en détention depuis 369 jours

Jihed Najlaoui, 15 ans, de Tajerouine, est détenu depuis le 4 février 2016 au centre de rééducation de Medjez el Bab. Il suivait une formation professionnelle au Kef pour devenir technicien en climatisation. Ses frères, Aymen, 17 ans, ouvrier et Ragheb, 21 ans, bachelier, sont en détention à la prison du Kef depuis la même date. Tous les trois sont les plus jeunes des 74 détenus de Tajerouine, accusés de vol d’un supermarché et de désobéissance civile suite à la vague de protestation consécutive à la mort de Ridha Yahyaoui à Kasserine. Les frères Najlaoui comparaissent aujourd’hui devant le Tribunal de première instance du Kef.

Décès suspect de Chokri Gobtni à Menzel Bourguiba

Dimanche soir, 29 janvier 2017, Chokri Gobtni, 47 ans, sort de la maison de sa sœur à Menzel Bourguiba et ne rentre pas. À 22h, la police l’interpelle dans la rue, le tabasse violemment sous les regards des passants et le conduit au poste de police. Une heure plus tard, il est transféré à l’hôpital de la région, avant qu’on n’annonce sa mort à sa famille. Selon le médecin légiste, Chokri est décédé suite à une « overdose ». Il est enterré mardi 31 janvier, alors que sa famille accuse la police d’avoir tué le défunt sous la torture.

Data Privacy Day : comment protéger les données personnelles ?

Initiée par le Conseil de l’Europe en 2007, la Journée internationale de protection des données personnelles (Data Privacy Day) est célébrée le 28 janvier pour attirer l’attention des citoyens sur leur droit à la vie privée. Où en sommes-nous avec le legs de la dictature ? Le point avec Chawki Gaddes président de l’Instance nationale de protection des données à caractère personnel.

Reportage : les femmes de Meknassi manifestent contre la double exclusion

« Travail ! Liberté et dignité nationale » les voix des femmes retentissent, pour la première fois, dans l’avenue principale de la ville de Meknassi. Samedi, 21 janvier 2017, des dizaines de femmes ont défilé contre la répression policière et pour revendiquer des emplois dans leur région. Depuis le début du mois, la ville sous embargo des forces sécuritaires, enchaîne les rassemblements, les grèves et les manifestations. Mais cette fois, ce sont les femmes qui ont pris la parole.

Regueb : « ils veulent nettoyer la ville des agitateurs »

Cinq jeunes de Regueb croupissent en prison depuis un an. Vendredi 20 janvier 2017, le Tribunal de première instance de Sidi Bouzid a décidé de les maintenir en détention et de reporter leur procès au 17 février. Au total, dix jeunes sont accusés d’avoir brûlé une voiture et vandalisé le poste de police suite à la vague de protestation de janvier 2016. Pour les avocats, le dossier est vide. Pour Kais Abidi, frère de l’un des détenus, « ils étaient dans le collimateur de la police depuis longtemps, qui veut nettoyer la ville des agitateurs, comme ils disent ».

Blessés et martyrs de la révolution : un combat contre l’oubli

Samedi 14 janvier 2017, à l’audition de l’Instance vérité et dignité (IVD), Moslem Kasdallah, Khaled Ben Nejma et Rached El Arbi, blessés de la révolution, prennent la parole pour faire revivre une vérité négligée par les médias dominants, le système judiciaire et les appareils répressifs de l’État. Les trois témoignages mettent à nu la cruauté et le sang froid avec lesquels les forces de l’ordre ont exécuté près de 338 personnes et en ont blessé 2174 autres.

À Sbeitla : le sit-in de la résistance pour le travail et la dignité

Lundi 9 janvier, devant les portes bleues décorées confusément d’anciens communiqués et slogans tagués des sit-ineurs, treize chômeurs scandent inlassablement « Le droit du chômeur est un devoir ! ». Nous sommes à la délégation de Sbeitla où « le sit-in de la résistance » se poursuit depuis 350 jours. Sous le ciel gris de ce matin glacial, les sit-ineurs bloquent la rue de la Délégation jusqu’à ce que « Tunis » prête attention à leurs revendications.

Mouvements sociaux : procès en cascade

La Cour d’appel de Nabeul a reporté au 15 février 2017, le procès des jeunes de Kélibia, condamnés par contumace à 14 ans et un mois de prison ferme pour « provocation d’incendie dans des locaux non habités » et six autres chefs d’accusation. Hier, les ouvriers des chantiers, les discriminés politiques et la coordination nationale des mouvements sociaux déclarent une semaine de protestation sociale par des rassemblements, des manifestations et une désobéissance civile à Meknassi. Les prémisses d’un janvier chaud que les médias dominants ont déjà commencé à criminaliser.

Pour Chris, Jemima et Sarah, le racisme peut tuer

Samedi 25 décembre 2016, 11h du matin, Chris, 26 ans, étudiant congolais en électronique, attend le métro à l’arrêt Habib Thameur à Tunis. Les mains dans les poches, ses écouteurs aux oreilles, comme tous les jours. « Mais c’était la pire journée de ma vie ! ». Il est la première des trois victimes d’une agression au couteau perpétrée par un forcené qui s’est attaqué à deux autres femmes africaines noires. L’une d’entre elles est toujours dans le coma.

Assassinat de Chokri Belaid : 14 ans de prison pour les manifestants à Kélibia

11 jeunes de Kélibia ont été condamnés par contumace à 14 ans et un mois de prison ferme suite aux violentes manifestations consécutives à l’assassinat de Chokri Belaid. Depuis 2013, d’autres jeunes ont été condamnés pour des faits similaires à Nassrallah ( gouvernorat de Kairouan ) Gafsa, Douz, Redayef, Mednine, Kef, Monastir ou Ben Guerdane. Mais le jugement rendu par le tribunal de première instance le Nabeul le …17 octobre 2016, est des plus « sévères», selon l’avocat de la défense.

Tunisia 2020 : la jeunesse conteste l’austérité et la corruption

À quelques mètres du palais des congrès où se déroule la conférence internationale sur l’investissement Tunisia 2020, la police a réprimé, cet après midi du mercredi 30 novembre 2016, un rassemblement du mouvement Manich Msamah, devant le ministère du Tourisme. Six manifestants ont été arrêtés puis relâchés. Trois autres ont été admis aux urgences des hôpitaux de Tunis.

Pourquoi la Torture ?

Né en 1953, Fathi Ben Haj Yahia a été condamné par contumace à 2 ans de prison pour appartenance à El Amel Ettounsi. Arrêté le 20 mars 1975, il a été jugé à cinq ans et demi de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, appartenance à une organisation non reconnue et traversée illégale des frontières. Cette expérience est l’objet de son premier livre El Habs Kathab (2009) traduit en français sous le titre La gamelle et couffin (2010). Loin des codes de la littérature des prisons, Fathi Ben Haj Yahia surprend par son style tragi-comique. Une de ses premières lectrices l’interpelle sur la question – douloureuse- de la torture. Il y revient pour proposer une réflexion sociologique sur une pratique dont les ramifications dépassent de loin les murs du milieu carcéral. Extraits.

Auditions publiques de l’IVD : Kamel Matmati et les disparus forcés de la Tunisie

Le 7 octobre 1991, à Gabès, Kamel Matmati sort de chez lui et ne revient plus. 25 ans après sa disparition forcée, sa mère et sa femme témoignent, jeudi 17 novembre 2016, de la douleur et de la frustration dont toute sa famille a souffert et qu’elle continue à endurer devant l’audience publique à l’Instance vérité et dignité. « Les plaies ne cicatrisent pas tant que sa dépouille et les responsables de sa dissimulation ne sont pas découverts » affirme Latifa Matmati, la femme du disparu.

Lutte contre la torture : des lois… en attendant la mise en application

Plusieurs garantis juridiques contre la torture ont été adopté depuis 2011. Mais leur mise en œuvre s’avère des plus difficiles. A Tunis, ce 17 novembre, cette question a réuni, des acteurs comme le ministère des Droits de l’Homme, celui de la Justice, l’Instance nationale de la lutte contre la torture, l’Organisation contre la torture en Tunisie, ainsi que des juges et des avocats, avec des partenaires internationaux comme Redress, Dignity et le Comité pour la Prévention de la Torture en Afrique, CPTA, pour une rencontre sur le « Renforcement du cadre législatif pour lutter contre la torture. »