Après la petite éthique, et la grande clinique, il est logique qu’Aymen Daboussi boucle sa trilogie avec une juste logique. Son épatante « Révulsion de l’Œil », fraîchement parue (Dar Al Jamal, 2021), nous en dit tout – ou presque. Lecture.

Après la petite éthique, et la grande clinique, il est logique qu’Aymen Daboussi boucle sa trilogie avec une juste logique. Son épatante « Révulsion de l’Œil », fraîchement parue (Dar Al Jamal, 2021), nous en dit tout – ou presque. Lecture.
Gilbert Naccache, who passed away on December 26, 2020 at the age of 81, was the nexus of multiple stakes and causes which marked Tunisia since the early 1960s. He may have been the last in a line of a particular breed of public intellectuals: Jews of the Arab lands who rejected the Israeli birthright, which is steeped in sectarianism, colonialism and dispossession, and who claimed the right to belong fully to the lands of their birth. As a wave of “normalisation” with Israel sweeps across the Arab world, his positions are sobering. With Arab politics and society turning to the right, it behoves us to reflect on a life spent on the Left and in opposition to dictatorship and sectarianism. And as we reflect on the tenth anniversary of the Tunisian revolution and the rebellious wave it engendered across the region, we have a duty to remember one of those who paved the way. Along with this, and not to be underestimated, we need to recall Gilbert Naccache the writer.
Pour une fois, un militant sait faire rire et n’y va pas avec le dos de la cuillère. Tout en acidité et en liberté de ton « Quiproquo » de Fathi Ben Haj Yahia (éd. Mots passants, Tunis, 2018) tourne en dérision maîtres à penser et figures de la scène politique tunisienne. Drôle et cocasse !
36 ans après la sortie de « Cristal » de Gilbert Naccache, une édition en arabe de cet ouvrage francophone vient de paraitre chez Chama Editions. Ecrivain et ancien militant du mouvement dissident de gauche Perspectives, Gilbert Naccache, né le 15 janvier 1939, a connu les prisons sous le régime de Bourguiba de la fin des années 60 au début des années 80. Il y a écrit en cachette ce livre, brouillant les frontières entre l’autobiographie et la fiction, sur le papier d’emballage des paquets de cigarettes. Nawaat l’a rencontré lors d’une séance de dédicace à la librairie le Gai Savoir à Tunis.
Plutôt que de faire tourner le vieux présentoir à cartes postales, « Magma Tunis » nous plonge dans un foutoir urbain hautement rafraichissant. Publié aux éditions Asphalte (Paris, 2018), ce brillant premier coup d’essai d’Aymen Gharbi s’impose comme un des textes les plus excitants de la littéraire tunisienne produite ces dernières années.
تبدو الكتابة بالعاميّة خيارا سهلا في الظاهر قد يُشبع حاجتنا الملحّة في التعبير عن أفكارنا وعواطفنا دون الخضوع إلى ترسانة من القواعد النحويّة الصارمة كالكتابة بالفصحى فهي شبيهة بالمشي فوق حبل رفيع. الجدل حول الكتابة بالعاميّة ثابت مُتجدّد ويتخذ أبعادا سياسيّة فيما وصفته التيارات القومية العروبية والاسلامية بمحاولات “وأد اللغة العربية”. جيل جديد من الشباب يحاول إعادة إحياء مشروع إقحام الدارجة في الكتابة وجعلها ليس فقط لغة كتابة أدبية ذاتيّة وإنّما لغة ترجمة أيضا. قد تتباين دوافع عزيز عمامي ومجد مستورة وضياء بوسالمي، لكن المشروع في المطلق واحد.
Vu d’un peu loin, « Un zéro pour le mort » est un simple carnet de bord écrit à l’heure du tout à l’ego. Mais vu de près, il s’avère plus risqué. Brossant tout à la fois son portrait et celui d’un pays à rebours des images officielles ou journalistiques, le romancier Kamal Riahi passe aux aveux avec ce journal intime qu’il a tenu pendant son séjour algérien entre octobre 2009 et avril 2010, où les limites du genre diaristique ne manquent pas de se brouiller. Le livre a été présenté à la Foire du livre de Tunis le samedi 07 avril 2018.
يُصرّح عز الدين الحزقي في كتابه أنه لم يحلم أبدا داخل السجن، والحال أن أشرطة التذكر كانت تلازمه ليلا حين كان يمارس فسحة الهروب من السجن حاملا معه ”بعضا من رفاقه تشفيا وشماتة في الحاكم“. ”نظارات أمي“ هي تاريخ السجين المستيقظ، صفحات أخرى تُضاف إلى دفاتر اليسار لتُمتّن جدار الذاكرة بأحجار أخرى من الكتابة. تأخّر الرجل كثيرا في إصدار مذكراته السجنية. صدر الكتاب بدار كلمات عابرة في فيفري 2018. حاول من خلاله عزالدين الحزقي تسليط الضوء على فترته السجنية الممتدة من 14 نوفمبر 1973 إلى حدود ماي 1979، بسبب انتمائه إلى تجمع الدراسات والعمل الإشتراكي المسماة إختصارا ونسبة إلى جريدتها الناطقة بالعامية آفاق أو برسبكتيف.
« Du vortex à l’abysse » est le nouveau livre de Khaoula Hosni. C’est le deuxième volume de la trilogie Into The Deep, paru en novembre 2017. Une œuvre généreuse, présentée par son auteure comme une histoire rocambolesque, pleine de suspense et riche d’action. Et de la même manière que l’auteure parle dans le livre, de ses goûts et ses dégoûts, le lecteur le lit toujours d’un certain point de vue subjectif avec des affinités d’ordre philosophique ou social. Comment lire d’un certain point de vue ce beau roman et occulter toute la subtilité qui se cacherait au fond de l’œuvre ?
”السيّدة كليمونتين“ للكاتبة التونسيّة أمل خليف، صدر عن دار النشر المصريّة ”هنّ“ في ديسمبر 2017. ”هنّ“ هي دار نشر نسوية لصاحبها رجائي موسى الذي استلهم فكرة بعث مؤسسة تُعنى بالكتابة النسويّة من رواية الكاتبة الإيرانيّة آذار نفيسي ”أن تقرأ لوليتا في طهران“، والتي جاءت على ذكر وجود دار نشر نسويّة في فرنسا بسبعينات القرن الماضي. يبدو كلّ شيء مناسبا كي تحتفل أمل بديوانها الثاني بعد ”قلب على رأس إبرة“ (2015) وتعلن عن نضوج تجربتها. في ”السيدة كليمونتين“، تنفلت أمل من صرامة الضوابط اللغويّة لتكتب نصوصا حرّة ذات خصوصيّة مؤنّثة. بإمكان القارئ وبغضّ النظر عن جنسه، أن يتماهى مع أمل، أن تنصهر ذاته مع ذوات قبيلة النساء التي يغصّ بها حلقها، أن يعاشر نصوصها، يقتحم حميميّتها، ويتجوّل في خيالها الشيزوفرينيّ.
Si Ben Brik ne cesse de prêcher une littérature qui se veut couillarde, on lui doit quelques paquets de « texticules » méconnues. Le Bandit, qui vient d’être réédité aux Sud éditions, treize ans après sa première publication parisienne, en est un bon exemple. C’est l’histoire d’un Plagieur qui vole des bribes de livres entiers pour les recycler en un livre plein de tics, de trucs et de machins. Mais pour le « fou du paragraphe » qu’il est, on regrette qu’il le fasse en poseur. Faudrait-il lui taper dans le dos ? Un peu, oui, car ce serait dans tous les cas aussi efficace que de l’inviter à boxer.
À l’heure du bilan, le militant a de l’énergie à revendre. Dans le dernier opus de sa quadrilogie, fraîchement paru sous le titre « Ana…chroniques » (Chama éditions, 2017), Gilbert Naccache remonte ses « souvenirs des dernières années du vingtième siècle et un peu au-delà ». Il prend tout ce qui remonte, depuis sa sortie de prison en août 1979 jusqu’à la révolution du 14 janvier 2011, en se livrant à une manière alerte d’historiciser le présent et d’actualiser l’histoire. Sur soixante-dix ans de distance, ces mémoires font vibrer chez lui deux cordes jumelles, celle de l’observation et celle de l’analyse.
Difficile de ne pas serrer les dents devant le « Journal d’un apostat ». L’actualité post-révolutionnaire servant de prétexte, cette fiction d’Anouar El Fani brasse les événements qui se sont déroulés du 17 décembre 2010 au mois de janvier 2016, du point de vue d’un imam mal dans sa peau, pour verser dans une démystification des impostures de l’islam politique. Mais on n’y voit que du feu : ce récit aux coutures lâches peine à ressembler à un journal intime.
ما العجب في عودة الطبيب النفساني فرانتز فانون إلى الرازي ؟ وأين الغرابة في عودة غريمه سليٌم عمار، الذي كان أبعده من المستشفى أواخر الخمسينات، إلى المشهد ؟ عاد سليٌم عمار بعينيه الزرقاوين ” محنطا ملفوفا كمومياء رفقة زبانيته لتهشيم عظام كل من يلتحق بفانون “. أما المفكر والمناضل الثائر على الاستعمار فعاد محملا بمشروع ” الكارتين الذي يهدف إلى تحويل أقسام المستشفى إلى معاهد تجميل ومنتجعات راحة “. مشروع بديل ضرب لوبيات الأطباء ومخابرالأدوية في الصميم. هذيان أيمن الدّبوسي الأدبي أشعل ثورة الضحك للإطاحة بمضادات الذهان الكلاسيكية وغير التقليدية، مستعملا كل مفردات الثورة.
C’est un bordel, la littérature. Et un bordel signé Kamel Zaghbeni mérite qu’on y mette les pieds, ne serait-ce que pour les petites pilules d’ecstasy qu’il nous prodigue sans complexe. C’est que sa Machina Bona Hora remet au goût du jour un appétit de littérature dévergondé. Mais cette littérature, Zaghbani ne la porte pas en brassard. Ce qui l’intéresse, c’est une chose rêvée qui paradoxalement s’offre à la réprimande. Avec En attendant la vie, c’était la vie. Et avec son deuxième roman, placé sous le signe de Spinoza, c’est une machine à illusions qui nous fait baver.
Machina Bona Hora a obtenu le prix du roman de la 33 ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis (24 mars-2 avril 2017).
Comme d’habitude, Elyes commence son jogging au début de la nuit. Cette nuit, il court et ne veux pas s’arrêter. Il est emporté par l’ivresse de la course. Au lieu de s’arrêter et reprendre son second souffle, il continue de courir et plonge encore dans le noir de la nuit.
إن المتمعن في أقصوصات “أبو القصة في تونس”، كما سماه الناقد توفيق بكار، يلاحظ أنه جعل نصوصه مطية لتضمين آرائه في السياسة الاستعمارية وانعكاساتها السلبية على المجتمع التونسي آنذاك. ولعل ما يميزه عن غيره وجعله رائدا من رواد الأدب التونسي هو قدرته على إضفاء بعد هزلي رغم جدية وحساسية المواضيع المطروحة في قصصه فهو لا يفضل الوعظ الثقيل فالقصة “صورة صادقة لمنظر شاذ” على حد تعبيره.
À l’image des rapports sexuels dont ils sont pétris, les rapports textuels d’Aymen Daboussi avec ses lecteurs se méritent. Ses dédicaces aussi, semble-t-il. Sauf que l’auteur de ces Chroniques du Râzi a eu la très mauvaise idée de me dédier son dernier rejeton. Allez savoir pourquoi. D’ailleurs, je ne suis pas du tout sûr de mériter cet honneur. Mais rendre compte de ce recueil oblige à faire la part des choses. Ainsi, la déontologie sera-t-elle quitte, et ne fera pas de bourdes. Car d’un livre sur le mal, peut-on dire autre chose que le mal qu’il nous fait ?