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De la résistance au dialogue, le changement de tactique de l’UGTT de l’après Troïka

Cette accalmie dénote d’un changement d’attitude et de cap dans sa politique interne. Du remue-ménage suscité, sous le gouvernement de la Troïka, au rôle de « béni oui oui », sous le gouvernement de technocrates, se dégage une forme de « silence » aux airs d’allégeance implicite au pouvoir. Même si les protestations sociales restent vivaces dans certains secteurs, leur proportion a fortement diminuée, marquant une sorte de lâcher prise de l’UGTT vis-à-vis d’une feuille de route dont elle était partie prenante. La centrale pouvait-elle aller à l’encontre de ce qu’elle a elle-même approuvé ?!

La Tunisie dans le noir : l’information en clair-obscur

Le 31 août dernier, tout le pays a été plongé dans l’obscurité, à la suite d’une gigantesque panne de courant. Ce blackout était supposé provenir de la centrale électrique de Ghannouch, à Gabés. Encore une fois, cet incident pose plus d’une question, non seulement sur les investissements réalisés dans le domaine des infrastructures énergétiques, mais aussi et surtout sur la gestion de ce moment de panique qui, en plus de plonger les citoyens dans le noir, les plonge dans la confusion.

L’UTICA, premier parti politique de Tunisie ?

Depuis quelques semaines le patronat tunisien occupe la scène médiatique d’une façon inhabituelle. Exit les Mehdi Jomaa, Amel Karboul et autres Houcine Abassi. C’est désormais, la controversée Wided Bouchamaoui et son organisation patronale, qui ont la part belle dans l’ensemble des médias. Il semble qu’une nouvelle politique plus agressive de l’Union Tunisienne de l’Industrie du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) s’est mise en place.

Portrait : Sonia Jebali, cette battante qui a pourfendu les deux ogres du patriarcat et du patronat

Sonia Jebali, 35 ans, ex-ouvrière et ex-déléguée syndicale à l’usine de Latelec-Fouchana, a entamé une grève de la faim pour contraindre ses patrons à réintégrer les ouvriers licenciés. Sur les dix ouvrières licenciées en mars 2013, sept ont été réintégrées. En revanche, avec sa compagne de route, Monia Dridi, elle aussi déléguée syndicale, Sonia n’a pas réussi à imposer sa réintégration optant pour des indemnités de licenciement conséquentes. Portrait d’une battante qui a pourfendu les deux ogres du patriarcat et du patronat.

« Si tu es un homme, fais comme Bouazizi et montre nous ton courage !»

Ce n’est pas la première fois qu’en situation de crise, le gouvernement s’en prend aux revendications sociales, sous prétexte de crise économique. Mehdi Jomâa l’a, d’ailleurs, dit, au lendemain de sa nomination, devant l’Assemblée Nationale Constituante, en expliquant que « face aux enjeux et défis auxquels l’économie nationale est confrontée, notre pays a, aujourd’hui, besoin d’accalmie sociale ». Soutenu dans cette démarche par Moncef Marzouki, président provisoire de la République, le chef du gouvernement a été plus ferme dans la répression des mouvements sociaux que ses prédécesseurs.

Le jeûne mortel des ouvrières de Latelec n’émeut pas les patrons français !

18e jour de la grève la faim. Dans l’indifférence totale du gouvernement en place, de l’UGTT, de l’ANC et d’une grande partie de la société civile, les ouvrières de SEA Latelec-Fouchana risquent le tout pour le tout. Les négociations se mènent, jusqu’ici, aux conditions des patrons français qui persistent à refuser la réintégration des ouvrières licenciées.

Skhira dans la spirale de l’indigence économique et de la violence d’Etat

La ville de Sekhira a vécu, ces derniers jours, un nouvel épisode de violence et de répression policière dues à un mouvement social qui résiste et qui revendique encore le droit au travail, au développement et à un environnement sain. Le samedi 28 juin, alors que les habitants de la ville ont organisé une démonstration pacifique, dans la rue, pour dénoncer l’arrestation de six sitinneurs, les forces de l’ordre ont chargé avec du gaz lacrymogène (o-Chlorobenzylidene Malononitrile) et de la chevrotine, causant une dizaine de blessés parmi les manifestants.

Les ouvrières de Latelec-Fouchana imposent un énième tour de négociations

Leur combat contre le despotisme a commencé depuis quatre ans. Elles ont sacrifié leur travail, leur sécurité et leur santé. Les ouvrières de SEA Latelec-Fouchana, une filiale du groupe français aéronautique Latécoère, ont entamé une grève de la faim, depuis neuf jours, à Tunis. Après plusieurs actions, sit-in, conférences, grèves et négociations, Sonia Jebali et Monia Dridi ne trouvent ni issue ni soutien à leur cause. Elles ont décidé, alors, d’entamer cette grève pour revendiquer leur droit au travail.

Toujours « seules », les ouvrières de Latelec continuent le combat !

« Ce n’est que le début, le combat continue » ! C’est ce qu ont affirmé Sonia Jebali et Monia Dridi, les deux ouvrières, fondatrices du syndicat de base à Latelec, lors d’une rencontre, tenue, vendredi, 2 mai 2014, à Tunis, face à une poignée de militants de la société civile et une présence timide de médias. Ces deux ouvrières licenciées de Latelec, une société française d’équipement aéronautique, ont fêté, avec leur comité de soutien, la réintégration de cinq ouvrières à l’usine.

“Sit-in du Destin” à Tataouine et crise de Ben Guerdane… Bassin Minier 2.0 ?

Depuis quelques jours, le gouvernorat de Tataouine et la zone frontalière de Ben Guerdane sont en train de vivre une crise, qui s’est transformée en heurt entre la police et les habitants de la région. Selon les médias nationaux privés et publics, les confrontations sont en rapport avec la contrebande, alors que le sit-in a été déclenché parce que que les habitants veulent que le projet du “Gaz du Sud” soit entièrement fait à Tataouine. Sauf que selon les pages Facebook et les médias de la région, les raisons de cette crise sont beaucoup plus importantes. Nous avons donc essayé d’avoir plus de détails sur ce qui se passe réellement dans le sud de la Tunisie.

La Polit-Revue : A qui profite la grève ?

Face à l’escalade des demandes sociales qui a touché cette semaine des secteurs vitaux de l’économie, l’UGTT était davantage dans la réaction et le commentaire que dans la revendication. La question de l’extradition de Ben Ali ne sera quant à elle pas évoquée lors de la visite de Mehdi Jomâa ce weekend aux pays du Golfe, ce qui rappelle si besoin était qu’il existe de nombreuses similitudes entre gouvernement conservateur et gouvernement technocrate.

La Polit-Revue : Dialogue national. Et la montagne accoucha de l’Industrie

Le messie était donc sous nos yeux. Mehdi Jomâa « al Mahdi al mountadhar » comme l’appellent déjà les facétieux réseaux sociaux, a été chargé samedi par un dialogue national moribond de former le prochain gouvernement de compétences. Technocrate plutôt discret, le quinquagénaire a su se ménager une virginité politique qui lui permet aujourd’hui d’être l’homme par qui Ennahdha opère une sortie de crise politiquement à moindre coût.