Culture 477

Gabès : Exposition « El Kazma », observations vidéographiques

Le temps d’une exposition, un bunker de la deuxième Guerre mondiale peut se transformer en lieu d’art. Cela se passe à la Corniche de Gabès. En les délogeant du cube blanc de la galerie vers l’espace public, « El Kazma », du nom même de ce bunker, réunit une série d’œuvres vidéo, chacune exposée dans un conteneur et apparentée à quelque chose comme un poste d’observation. Initiée par « La Boîte », un lieu d’art contemporain, et commissionnée par Malek Gnaoui, cette exposition collective est organisée en partenariat avec la 3ème édition du Gabès Film Festival qui se tient du 20 au 26 avril 2018.

Littérature : Kamal Riahi, l’écriture de soi à l’œuvre

Vu d’un peu loin, « Un zéro pour le mort » est un simple carnet de bord écrit à l’heure du tout à l’ego. Mais vu de près, il s’avère plus risqué. Brossant tout à la fois son portrait et celui d’un pays à rebours des images officielles ou journalistiques, le romancier Kamal Riahi passe aux aveux avec ce journal intime qu’il a tenu pendant son séjour algérien entre octobre 2009 et avril 2010, où les limites du genre diaristique ne manquent pas de se brouiller. Le livre a été présenté à la Foire du livre de Tunis le samedi 07 avril 2018.

« Interstices » de Haythem Zakaria: paysages vidéographiques en résonance

On fera tous les reproches qu’on veut au minimalisme de Haythem Zakaria, mais pas celui d’être poseur. Avec son installation vidéo « Interstices », sa démarche ne recule pas devant l’appel des grands espaces. Il trouve dans les étendues désertiques et marines de quoi plier l’image vidéo aux latitudes du temps. Produite en 2017, cette œuvre a obtenu en mars 2018 le prestigieux Grand Prix du Japan Media Arts Festival, dans la section Art. Retour sur image.

Salah Farzit, l’autre facette du “zoufri”

Rencontre avec l’un des monuments de la musique populaire tunisienne qui révélera des facettes méconnues de l’artiste. Celle de l’auteur de poésie dans une langue arabe aussi classique que châtiée. Le chanteur, célèbre pour son cultissime mezoued lancinant, est aussi un passionné de littérature et de poésie. Entretien dans le vieux Tunis, avec un artiste dont les refrains incisifs n’ont pas perdu de leur tranchant au fil des années.

Quand le ministère de l’Equipement menace le patrimoine architectural

En deux semaines, la pétition contre le projet de loi « Immeuble Menaçant Ruine » a déjà réuni plus de 1 100 signataires. Lancée par les associations de défense du patrimoine bâti, elle tire un signal d’alarme contre le projet de loi élaboré par le ministère de l’Équipement et prochainement soumis à l’Assemblée des Représentants du Peuple. Une proposition législative considérée comme précipitée, absurde et dangereuse par des experts en patrimoine.

Exposition « Awj » de Nja Mahdaoui : un néo-kitsch pris à la lettre ?

Si la pratique calligraphique de Nja Mahdaoui requinque un lettrisme ambiant, suffit-il qu’elle s’entretienne à feu tiède par une dextérité lyrique pour laver l’œil de quelques habitudes visuelles ? Encensée plus que méditée, cette démarche ne résiste pas pour autant à rameuter le contingent des réflexes décoratifs. Où le vérifier ? À la galerie ElMarsa, à Tunis, où se tient actuellement sa rétrospective « Awj » jusqu’au 7 avril 2018.

Interview avec Habibi Funk à Tunis [Vidéo]

Pour le finissage de Geniale Dilletanten, exposition itinérante de l’Institut Goethe (20-28 janvier), la performance de djing d’Habibi Funk fait salle comble au Marengo Club, au centre-ville de Tunis. De son vrai nom, Jannis Stürtz, co-fondateur du label Jakarta Records à Berlin, donne, à travers le projet Habibi Funk une deuxième et parfois une première vie aux œuvres méconnues d’artistes de la scène underground des années 70 et 80 de la Tunisie, d’Algérie, d’Egypte, du Soudan et du Liban. A l’occasion de son séjour tunisois, Nawaat l’a rencontré. Interview.

Interview avec Walid Mattar: «Résister aujourd’hui, c’est consommer le minimum»

« Vent du Nord » est dans les salles de cinéma tunisiennes depuis le 10 janvier, et sortira en France le 28 mars 2018. La délocalisation d’une usine de chaussures du Nord de la France vers la banlieue de Tunis met en scène les chemins de vie d’Hervé, ouvrier licencié, et Foued, qui prendra son poste. Leurs regards se croisent et en appellent à notre humanité. Déjà multi-primé, le film a été accueilli comme un souffle d’espoir, tout en étant une critique habile du capitalisme globalisé. Alors que l’équipe du film termine sa tournée tunisienne ce week-end, Nawaat est allée à la rencontre de son réalisateur, Walid Mattar.

« Benzine » de Sarra Labidi : en contrechamp d’un drame social

Avec le contexte de crise qui sied au drame, les dessous de son plancher social et toute la bonne foi de ses petites gens, « Benzine » pose le contrechamp de l’immigration clandestine, à travers la quête désespérée d’un couple secoué par la disparition de son fils. S’il manie mieux les silences que les mots, grâce entre autres à une justesse photographique sans afféteries, ce premier long-métrage de Sarra Abidi s’avoue un peu trop appliqué. En salles, à partir du mercredi 24 janvier 2017.

Interview avec Lotfi Achour… Comédie noire, western couscous et rapport à l’autorité

« La laine sur le dos », le dernier court-métrage de Lotfi Achour, a été présélectionné pour le César du Meilleur Film de Court Métrage 2018. Il raconte l’histoire d’un vieil homme et de son petit-fils qui, transportant leurs moutons à travers le désert tunisien, se font immobiliser par deux policiers au bord de la route. Ces derniers ne vont pas les laisser repartir aussi facilement… Un western revisité qui ouvre habilement une réflexion plus large sur notre relation au pouvoir et à l’autorité. Lotfi Achour a accepté de partager avec nous son regard sur la création de ce film et les considérations qui l’habitent.

Les 10 meilleurs films tunisiens (2011-2017)

Entre 2011 et 2017, une poignée de films se sont distingués, dans le documentaire comme dans la fiction. S’ils se font néanmoins rares, dix en tout et pour tout se détachent de la mêlée. Audacieux, inventifs ou simplement touchants par ce qu’ils mettent en scène, ils n’épargnent pas plus la sensibilité que les neurones. Les goûts, on n’y insistera jamais assez, se discutent. Ce n’est que du subjectif. Mais ici, on assume tout. En voici notre cuvée.

Les 10 pires films tunisiens (2011-2017)

Entre 2011 et 2017, le nombre de films insipides, aussi médiocres qu’inintéressants, ne se compte plus sur les doigts de deux mains. Simples navets qui ont du mal à convaincre, franchises débiles ou véritables mauvais films ? Les goûts se discutent, bien sûr. Ce n’est que du subjectif. Mais ici, on n’y va pas par quatre chemins. En voici le pire des pires.

« Forgotten » de Ridha Tlili : la révolution, le temps d’après

Le dernier volet de la quadrilogie documentaire de Ridha Tlili nous ramène encore une fois en territoire de marge. Sur fond de désillusion ambiante, deux années après la révolution, « Forgotten » suit quatre amis à la vie ébréchée, oscillant entre le dépit devant tant d’espérances trahies et la possibilité encore de faire bouger les choses. S’il va dans le sens d’une suffisance formelle qui n’est pas étrangère à la démarche du cinéaste, ce dernier chapitre aurait mérité un coup d’aiguille pour marquer enfin une passation de regard qui s’impose. Le film a été projeté en avant-première le 23 décembre 2017, dans le cadre des Rencontres du Film Documentaire de Redeyef.

« Le Bandit » de Taoufik Ben Brik : littérature couillarde ou machine à texticules ?

Si Ben Brik ne cesse de prêcher une littérature qui se veut couillarde, on lui doit quelques paquets de « texticules » méconnues. Le Bandit, qui vient d’être réédité aux Sud éditions, treize ans après sa première publication parisienne, en est un bon exemple. C’est l’histoire d’un Plagieur qui vole des bribes de livres entiers pour les recycler en un livre plein de tics, de trucs et de machins. Mais pour le « fou du paragraphe » qu’il est, on regrette qu’il le fasse en poseur. Faudrait-il lui taper dans le dos ? Un peu, oui, car ce serait dans tous les cas aussi efficace que de l’inviter à boxer.

Exposition « Parterre(s) » d’Aïcha Filali : le torchon dans l’âme

Les neurones en feu et le sourire en coin, Aïcha Filali dote de vieilles loques d’une brève biographie, brodée en point de chaînette. Résultat ? Une sorte de mise à mal des étiquettes institutionnelles de l’art, qui a le cul entre deux chaises : entre la velléité des pièces à conviction qui s’égrènent sur les cimaises et le détour du banal dont un tas de serpillères sous plexi finira bien par avoir la peau. L’exposition « Parterre(s) » se poursuit à la Galerie A. Gorgi (Sidi Bou Saïd), jusqu’au 20 décembre 2017.

« El Jaïda » de Salma Baccar : une grosse panne de point de vue

Occupé à chercher ses raisons dans l’histoire, El Jaïda joue au portrait de groupe. La réalisatrice Salma Baccar fait ici récit de quatre destins croisés, huit mois avant l’indépendance, pour dépoussiérer le regard sur Dar Jouad, une ancienne institution de correction et de rééducation des femmes. Sujet à une grosse panne de point de vue, ce film actuellement en salle s’oublie vite. Il noie son propos dans une savonnade progressiste à deux doigts de l’insipide.