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Récapitulatif autour de 2014, année charnière quant à l’avenir de la démocratie tunisienne.

Indiscutablement, ce qui va transparaître tout au long de ce récapitulatif autour de l’année 2014, c’est la faiblesse du rôle de l’institution judiciaire. 2014 fut l’année qui achève le premier cycle de la transition démocratique. Ce premier cycle durant lequel il a été principalement question d’élections, de Constitution, de Média, d’économie, de justice transitionnelle, de procès et de terrorisme. 2014 parachève ainsi ce cycle destiné à mettre la Tunisie sur les rails d’une démocratie moderne. Les chantiers ouverts sont gigantesques, tout autant que les attentes des citoyens.

Vers une intervention militaire en Libye ?

4 ans après la révolution tunisienne et le déclenchement du “Printemps arabe”, les choses ont beaucoup changé depuis l’échec en Syrie et l’effet domino inverse qui avait suivi. Plusieurs facteurs semblent aujourd’hui réunis pour une accélération des évènements au Moyen-Orient et en Afrique du nord. Il faut donc revenir sur des faits importants de l’année dernière et les connecter pour voir que des tendances existent.

Ennahdha – Nidaa : du mariage de raison au mariage de plaisir

L’issue du 34e conseil de la Choura avait quelque chose d’insolemment prévisible : le 10 janvier, en votant en interne favorablement à une participation au prochain gouvernement d’Habib Essid, Ennahdha confirme que depuis plusieurs mois, Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi jouent une partition à quatre mains, une partition savamment orchestrée, au mépris de tous les standards de compétitivité d’une démocratie saine.

12 organisations non gouvernementales tunisiennes condamnent l’agression barbare contre le journal français “Charlie Hebdo”.

[…] Alors que toutes les organisations arabes et internationales des droits de l’homme attestent que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est devenue, ces dernières années, l’une des régions les plus dangereuses pour les journalistes et les professionnels des médias, il incombe à la société civile, en Tunisie et dans le reste des pays arabes, de s’engager d’urgence dans la lutte contre l’utilisation de l’islam comme prétexte pour attenter à la liberté d’expression et de critique, pour assassiner les défenseurs de la liberté d’opinion, tels que les martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, ou pour kidnapper des journalistes, comme Soufiene Chourabi et Nedhir ktari, détenus depuis quatre mois en Libye […]

Affaire Y. Ayari reportée au 20 janvier 2015 : «Je crains […] le début d’un acharnement continu contre les libertés !», selon l’un des avocats.

Devant le tribunal militaire de Bab Saadoun, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées pour contester le procès de Yassine Ayari. Blogueur et activiste pendant et avant la révolution, Yassine Ayari a été condamné le 18 novembre à trois ans de prison par contumace, suite à des publications sur sa page Facebook que le tribunal a jugé diffamatoires pour l’institution militaire.

La liberté d’expression ne sera pas bâillonée

La Tunisie s’émeut également de cette tragédie. La Tunisie résonne elle-même des tragédies que peut connaitre la libre expression. On pense dernièrement aux blogueurs et journalistes actuellement poursuivis pour avoir critiqué, pour avoir parlé, pour s’être exprimé. La Tunisie n’oubliera également jamais toutes ces plumes brisées dans les geôles de l’ancien régime. Ni celles qui résistent encore aujourd’hui. La Tunisie peut clamer haut et fort « nous sommes Charlie Hebdo ». N’oublions jamais que le retour de Charlie Hebdo dans nos kiosques marquait bien le retour de la liberté en Tunisie.

On ne change pas un régime qui gagne

On doit cesser de rêver, les anciens régimes de ces deux dictatures ont été restaurés dans une parfaite perfection, si celui de l’Egypte a vu lors de sa restauration un passage sanguinaire, celui de la Tunisie était plus clément et s’est vu restauré « démocratiquement ». Il s’agit d’une stratégie géopolitique d’envergure internationale qui dépasserait nos petites querelles et soucis quotidiens. Alors, approuvons, jouons l’hypocrite ou quittons ce pays car pour garantir ses intérêts l’oncle Sam n’est pas prêt à changer un régime qui a toujours gagné.

La Tunisie a-t-elle raté son entrée dans le pluralisme politique ?

L’article 89 du chapitre consacré au pouvoir exécutif dans la nouvelle Constitution stipule que « Dans un délai d’une semaine après la proclamation des résultats définitifs des élections, le Président de la République charge le candidat du parti politique ou de la coalition électorale ayant obtenu le plus grand nombre de sièges au sein de l’Assemblée des représentants du peuple, de former le gouvernement dans un délai d’un mois pouvant être prorogé une seule fois ».

Essebsi, peut-il incarner le mal et la nécessité ?

La première détermination de la fonction présidentielle, n’est pas un simple jeu d’alliance entre les partis politiques ou un accord au sommet, ni un échange d’intérêts économiques cartellisés, ni un compromis entre des hommes d’affaires et des politiciens sur le dos du peuple, mais une fonction sacrée, et un engagement inconditionnel entre un homme et le peuple.

En Tunisie anges et démons trouveront des alliés innombrables

La question à mille dinars est : est-il important de gouverner ensemble ou par alternance ? Personne ne pense que Bajbouj est pire que Ghannouchi. Quant à Hamma, ce capote-chef, qui n’est pas doué pour la politique, il s’est rapproché des Karoui&karoui, il a l’habitude des montagnes russes. Bien sûr, il ne pouvait pas être élu, mais l’important était de sortir la tête haute, c’est à dire de barrer la route à Marzouki; Chacun est content pour l’autre camp, qui est en fait aussi le sien, celui des réalistes.

Quel avenir pour les islamistes en Tunisie ?

Avec la nouvelle année, veille du quatrième anniversaire de Coup de son peuple, la Tunisie officialise une nouvelle donne politique. Elle se manifeste notamment par le retour des compétences, dont nombre de figures ayant servi sous l’ancien régime. En effet, leur place n’a pas été remplie par les cadres des gouvernements issus de la majorité islamiste et ses alliés supposés laïques ; or, comme la nature, la politique a horreur du vide.

L’affaire Yassine Ayari révèle une faille juridique

Dans la soirée du mercredi 24 décembre, Yassine Ayari a été arrêté, à son arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage, et transféré en centre de détention. Cette arrestation fait suite à sa condamnation par contumace à 3 ans de prison, le 18 novembre 2014, – il était alors à Paris – par le tribunal militaire permanent de première instance de Tunis.

« Jurer ou parjurer ?» : Les serments constitutionnels reflets des régimes et des époques !

Voici une compilation sur deux siècles des dispositions constitutionnelles relatives aux serments des « gouvernants » de la Tunisie, de l’Algérie et de la France. Avec le recul, des serments qui reflètent, sans doute, autant de parjures que de violations de la part de ceux qui ont promis le meilleurs à leurs peuples… jusqu’à celui qui fuit la Tunisie un certain 14 janvier 2010.