«A Hay Hlel, si je trouve quelqu’un vendant du Subutex, je le tue », clame Lotfi en s’adressant aux jeunes du quartier. Ancien trafiquant de drogue, il a passé 27 ans en prison. Du coup, quand on lâche le mot « Subutex » au milieu de cette foule, certains se taisent, d’autres balbutient : « Tu n’en trouveras pas ici ». Quelques instants après, les langues se délient pour dévoiler les histoires marquantes de riverains récemment décédés dont un couple de jeunes âgé de 23 ans. Certains se proposent de nous guider vers les hautes collines qui surplombent le quartier, fief des consommateurs.
Reportage au quartier Kandahar à Hay Hlel : Tout y est, sauf l’Etat
L’accès à Kandahar n’est pas facile. Empruntant son nom à la rude ville afghane, connue lors de la guerre américaine contre les Talibans, ce quartier de Hay Hlel est à 4km du centre-ville de Tunis. Pourtant, pour y parvenir, il faut parcourir des sentiers impraticables. Le quartier est dépourvu de tous les services de base : Ni eau potable, ni électricité, ni réseau d’assainissement.
Territoire Marginal #2 : Djebel Jelloud, vivoter dans une zone industrielle ruinée
A peine 3 kilomètres séparent la région de Djebel Jelloud du centre de Tunis. Il s’agit de l’une des plus anciennes zones industrielles, avec une histoire qui remonte aux années 1940. Son emplacement stratégique en a fait une zone attractive pour la main-d’œuvre tunisienne. Mais de nos jours, c’est plutôt le marasme économique et le chômage, ainsi que le spectre de la drogue qui s’étendent sur le quartier. « L’Etat se contente de siphonner l’argent des usines. Il n’y a ni développement ni emploi ici », déplorent les habitants. Dans la cité, la situation environnementale ne cesse de se détériorer. Les constructions anarchiques se multiplient. Et les zones vertes sont délaissées, voire détournées de leur vocation originale. L’accès à l’éducation, le droit à une vie sûre à la santé, censés être garantis par le Code de protection de l’enfance, paraissent hors de portée à Djebel Jelloud. Et la colère reste vive dans ce quartier qui a vu naître le martyr de la gauche tunisienne, Chokri Belaid, en 1964.
Djebel Jelloud : Les graffitis sortent Sabâa Znaqi de l’impasse
Sabâa Znaqi, un quartier de la région de Djebel Jelloud, dans la banlieue sud de Tunis, est l’écrin d’une expérience unique en son genre dans le pays. Voici que le dédale de ses ruelles prend un nouvel éclat avec les graffitis éclaboussant les murs. La directrice de la Maison de la Culture locale évoque la naissance de cette expérience, évoque les retombées sociales d’un projet artistique.
Hay Hlel : La poterie des kanoun, une affaire d’héritage et de survie
Des maisons vétustes, quelques ânes, des chiens errants, des garçonnets courant dans tous les sens, des vieux qui s’affairent aux portes de leurs maisons… le décor est rudimentaire. On aurait pu croire qu’on est dans le fin fond d’un village. Il n’y a que l’autoroute surplombant le quartier et les stocks de bouteilles en plastiques confinés par les ramasseurs dans de grands sacs qui rappellent qu’on est dans une cité. Il s’agit du quartier Awled Ayar, situé dans la périphérie de Hay Hlel et connu depuis des décennies pour la poterie des fours traditionnels (Tabouna). Cet artisanat perdure et c’est principalement une affaire de femmes.
Derja tunisienne VS arabe classique, un enjeu persistant
La derja tunisienne et l’arabe littéraire paraissent de prime abord en concurrence. Cependant, le différend est bien plus profond, et revêt des enjeux à la fois culturels, politiques, et historiques. Il ne s’agit pas uniquement de questionner l’usage de l’une ou de l’autre. Mais plutôt de s’interroger : pourquoi utiliser l’une aux dépens de l’autre ? Qu’est-ce qui incite à utiliser l’une et à abandonner l’autre ? Nawaat a tenté d’apporter des éléments de réponse.
*Ce dossier de publication entre dans le cadre des activités du réseau de médias indépendants sur le monde arabe. Cette coopération régionale est réalisée par Al-Jumhuriya (Syrie), Assafir Al Arabi (Liban), Mada Masr (Egypte), Maghreb Emergent (Algérie), Mashallah News (Liban), Nawaat (Tunisie), 7iber (Jordanie) et Orient XXI (France).
Territoire Marginal #1 : Sidi Hassine, au bord de la lagune, loin du soleil
Au bord de la Sebkha de Sijoumi, cette lagune salée riche en biodiversité et dévastée par la pollution, des citoyens démunis cherchent à gagner leurs vies à la marge. Ici, à Sidi Hassine, treize kilomètes nous séparent du centre de Tunis. Pourtant, il est difficile de se déplacer et d’accéder aux soins. Les services publics assurent de moins en moins leurs fonctions. Ici, l’abandon scolaire a atteint un niveau assez élevé pour mobiliser une société civile locale aussi déterminée que délaissée par les autorités régionales. Non seulement écrasés par le poids de la marginalisation et de l’injustice sociale, les jeunes de Sidi Hassine observent le sentiment de la hogra s’accroitre parmi leurs rangs au fil des violences policières qu’ils subissent. Ici, ils n’ont pas oublié Aymen Othmani tombé, en octobre 2018, sous les balles de la douane. Pourtant, à Sidi Hassine, on espère, on rêve et on porte des initiatives. Ici, des jeunes brisent la muraille du silence en crachant leurs rimes et en faisant vibrer les rues à leurs pas de danse.
Chute du pouvoir d’achat : A Djebel Jelloud, le boycott n’est pas un choix
Ils sont plus d’un million d’internautes à rejoindre la campagne de boycott de certains produits à cause de la flambée de leurs prix. Dans la cité de Djebel Jelloud, marquée par la précarité, le boycott n’est pas un choix. Les petites bourses des habitants ne leur donnent souvent pas accès à certains produits. Comment les plus démunis survivent ? Le terrain a d’autres réalités à révéler, outre celles des pages des réseaux sociaux.
Reportage à Djebel Jelloud : Les électrices entre désarroi et gap générationnel
A Djebel Jelloud, les affiches déchirées des candidats aux élections législatives jonchent les murs. Elles côtoient des tags plus ou moins lisibles. A quatre jours des élections, rien n’annonce une atmosphère de campagne électorale. Un semblant de calme qui contraste avec un climat social marqué par la violence. Les situations des femmes témoignent du malaise de toute une région où la précarité détermine souvent le vote.
Paradoxe de Djebel Jelloud : Chômeurs cernés d’usines
« Les sociétés invoquent la crise et la baisse du dinar pour justifier leur refus d’embaucher. Mais personne ne croit en ces prétextes à Djebel Jelloud ». « L’Etat se contente de siphonner l’argent des usines. Il n’y a ni développement ni emploi ici ». Ainsi parlent les habitants de l’une des plus anciennes zones industrielles de Tunisie.
Portraits : A Djebel Jelloud, parcours obscurs et rêves de lumière
Peut-on conjurer les chemins périlleux de la pauvreté ou encore la délinquance quand on baigne dans un milieu réputé pour en être le berceau ? A quel point naitre à Djebel Jelloud marque le présent et l’avenir des jeunes là-bas ? C’est ce que nous racontent Wassim, Mondher et Ala, originaires de ce quartier.
Le mlawi de la dignité : Portrait de Naima, mère courage de Djebel Jelloud
Entre les va-et-vient des véhicules poids lourds qui surplombent le paysage de cette zone industrielle de Djebel Jelloud, difficile d’apercevoir le petit commerce de Naïma, niché entre les usines. Seule une pancarte faite à la main indique l’offre. Naïma vend des « mlawi » qu’elle prépare elle-même, des mouchoirs et des bouteilles d’eau. Une petite affaire montée depuis un an.
Reportage à Sidi Hassine : Comment gagner sa vie à la marge ?
Dans un quartier à une dizaine de kilomètres de Tunis, de nombreux habitants luttent pour leur survie en gagnant leur pain en marge du circuit officiel. Plongée dans l’univers des barbachas, des vendeurs à la sauvette et autres petits métiers de Sidi Hassine.
Portrait : Au souk de Sidi Hassine, Fatma bataille pour la dignité
Au marché de Sidi Hassine, un eldorado comparé à l’inflation galopante dans les grandes surfaces et autres marchés à Tunis, des étalages jonchent le lieu. Les cris de quelques marchands tentant d’appâter les visiteurs par la qualité et les bas prix de leurs produits retentissent partout. Parmi ces marchands, il y a plus d’une dizaine de femmes, dont Fatma.
Réforme des subventions du pain en Tunisie : pas de baguette magique
Selon l’Institut National de la Consommation (INC), 900.000 unités de pain sont jetées au quotidien, soit une perte de 100 millions de dinars annuellement. Durant Ramadan, la consommation de pain augmente de 135%. Au-delà d’un gaspillage de plus en plus coûteux pour les contribuables, les défaillances de la Caisse Générale de Compensation et la dépendance alimentaire du pays, devenues insoutenables, impactent directement producteurs et consommateurs.
Tunisie: Migration irrégulière et fuite des cerveaux, deux faces de la même monnaie
Si « migration irrégulière » et « fuite des cerveaux » sont deux phénomènes strictement cloisonnés dans les représentations médiatiques et politiques de la migration, les motifs de départ qui animent les candidats à ces deux formes d’émigration se recoupent bien plus qu’on ne le croit.
Formation professionnelle: Reportage sur les limites d’une illusion gouvernementale
Alors que le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi lance du 4 au 8 mars 2019 la semaine de la formation professionnelle, de l’initiative privée et de l’emploi, nous nous sommes rendus dans un centre de formation dans la banlieue de Tunis où le discours officiel ne passe pas. Ou très peu.
Hausse des prix, pénurie, inflation… et si le boycott était la solution ?
Boycotter certaines marques pour faire baisser les prix s’est avéré efficace au Maroc. Face à une poussée inflationniste sans précédent, le mouvement pourrait-il s’étendre à la Tunisie ? Pas si simple.