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Les bandits en Tunisie: des légendes urbaines exclues de l’histoire officielle

Le feuilleton « Chouerreb », diffusé sur Attessia durant ramadan, a suscité une polémique sur la figure du « bandit » et son rapport à l’autorité. Ce débat nous a poussés à puiser dans la mémoire collective et les récits oraux. Et ce, afin d’écrire un récit qui prenne ses distances avec le récit officiel des vainqueurs. L’intérêt populaire suscité par les bandits est si intense qu’il ouvre la voie à l’exagération, voire au mythe. Le conflit fait rage entre ces deux récits. L’un officiel mais privé d’historiens officiels et l’autre, populaire, oral, qui s’est intéressé aux laissés pour compte.

Reportage dans un maquis subsaharien à Tunis: Clandestinité et chaleur humaine!

Si certains Tunisiens mangent dans des établissements clandestins durant ramadan, beaucoup de subsahariens résidents à Tunis le font tout au long de l’année. Par rapport au nombre de personnes originaires d’Afrique subsaharienne résidant à Tunis, le nombre de restaurants subsahariens dans la ville est très bas. Cette absence de la nourriture ouest-africaine dans l’espace public, dans une ville qui depuis des décennies accueille d’importantes communautés subsahariennes interroge. Nos rencontres nous ont menées à un maquis, soit une maison qui se transforme tous les soirs en restaurant informel.

Reportage: Que reste-t-il de la mémoire du 14 janvier dans les rues de Tunis ?

Tunis, janvier 2018. Le pays célèbre 7 ans depuis la chute du régime autoritaire. Le 14 janvier 2011 a marqué un tournant historique, celui du passage de l’autoritarisme à la démocratie, aussi balbutiante soit-elle. L’espace public était le témoin de la rage populaire contre le pouvoir. Est-il fidèle à cette mémoire ? Les autorités post-révolutionnaires sont-elles conscientes de cet enjeu ? Les constats sont amers.

« L’exception tunisienne », impasse de la lutte féminine contre le patriarcat

La décision émiratie d’interdire les femmes tunisiennes d’entrée sur leur sol a suscité une immense vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Nombreux sont celles et ceux qui protestent à corps et à cris sur l’honneur bafoué de la femme tunisienne. Les réactions, souvent chauvines voire xénophobes, révèlent à quel point les femmes en Tunisie sont encore prises en otages par le nationalisme. La rhétorique de « l’exception tunisienne » tant mobilisée ces derniers jours, porte en elle tout ce qui fait l’impasse des femmes tunisiennes dans leur lutte contre le patriarcat.

“Skadra”, un court-métrage documentaire produit par Nawaat

Mohamed Aziz Khlifi, 16 ans, originaire de la délégation de Bir Lahfay, Sidi Bouzid. Walid Lahmar, 27 ans, originaire de la délégation de Bir Ali Ben Khelifa, Sfax. Mohamed Ali Ferjani, 32 ans, originaire de Chneni, Gabes. Tous les trois étaient à bord d’un bateau pour immigrer clandestinement à partir des côtes de Kerkennah le 8 octobre 2017. A l’inverse de 44 de leurs camarades dont les corps ont été par la suite retrouvés, ces trois jeunes sont parmi les rares rescapés de la collision de leur bateau avec un navire militaire tunisien. Après l’incident de la “Skadra”, ils sont aujourd’hui de retour à une réalité dont ils ont espéré se débarrasser.

Importation des préservatifs en Tunisie : Séparer le vrai du faux

Nombreux sont les médias nationaux* et internationaux** à avoir informé d’une interdiction de l’importation des préservatifs par la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Une approximation, puisqu’il s’agit d’une restriction procédurale concernant une catégorie bien déterminée à savoir « les préservatifs en caoutchouc vulcanisé non durci ». Et même pour ce type de condoms, la restriction n’est pas absolue. C’est juste que la (BCT) a supprimé les lignes de crédit d’importation pour 604 produits « non-nécessaires » dont ceux de ce type.

Jeunesse révoltée & statue de Bourguiba : tentatives symboliques de « tuer le père » ?

Poursuivies pour dégradation d’un bien public, trois membres du collectif militant, « la marche des 17 », ont été relaxés, vendredi dernier, après une deuxième comparution au tribunal cantonal de Tunis III. Les faits remontent au 22 juillet quand elles ont tagué sur le piédestal de la statue d’Habib Bourguiba des slogans en hommage à la lutte sociale qu’elles mènent. Depuis qu’elle a été réinstallée, le 23 mai 2016 dans l’artère principale de Tunis, la statue du « combattant suprême » a été taguée, plusieurs fois, par de jeunes mouvements contestataires. Une bataille symbolique est engagée. Nawaat s’est intéressé à recenser ses motivations et à comprendre ses dessous.

Coordination nationale des mouvements sociaux : Et maintenant ?

Créée en septembre 2016, la Coordination nationale des mouvements sociaux vient de clôturer une année riche en évènements. Organisée par le Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux (FTDES) du 8 au 10 septembre 2017 à Sousse, l’université d’été des mouvements sociaux a consacré un de ses ateliers à la réflexion sur cette structure de réseautage entre groupes contestataires. Le besoin de coordination est clair, voire même indiscutable, mais les objectifs et les mécanismes de travail de cette coordination ne font pas l’unanimité. Nawaat y était. Reportage.

Les marins tunisiens disent « Non ! » au racisme

Les petits merdeux de Génération Identitaire (GI) embarqués à bord du navire C-Star ont été, comme qui dirait, rejetés à la mer. Bon débarras ! Zarzis n’a pas voulu d’eux et c’est tant mieux. Refoulés de tous les ports méditerranéens, incapables sur leur rafiot à 76000 euros de bloquer les tentatives d’émigration clandestine, ils ont du se contenter, dans l’espoir d’entraver son action, de filer le train au navire d’une ONG qui vient en aide aux migrants.

La classe moyenne en Tunisie : changements et enjeux

En déclin depuis près d’une décennie, la classe moyenne est fragilisée par l’inflation, la crise de l’emploi et la dégradation du pouvoir d’achat. Un changement qui lui a imposé de faire face à de nouveaux enjeux. Organisé par le Centre Arabe des Recherches et de l’Étude des Politiques (CAREP), un séminaire scientifique sur la question s’est tenu du 13 au 15 juillet 2017 à Hammamet. Nawaat y était, l’occasion d’avoir les éclairages des chercheurs participants.

Les success stories de Tunisiens à l’étranger, un besoin de reconnaissance collective ?

Les articles de ce type sont copieusement relayés sur les réseaux sociaux par nos concitoyens qui y trouvent apparemment des motifs de fierté. On ne s’interroge que rarement sur la nature de l’« exploit » réalisé par l’un de nos compatriotes expatriés ou nés à l’étranger. On ne se pose pas de questions sur ce que signifient ces « succès », leur pourquoi et leur comment. On ne questionne pas plus leur sens moral et politique ni les choix et les ambitions que porte notre héros du jour.

Pénurie d’eau à Mdhila : Le phosphate hydraté, les citoyens assoiffés

Depuis plus d’un mois, la distribution de l’eau a connu plusieurs coupures intempestives dans certaines délégations du Bassin Minier. Ces perturbations se sont accentuées surtout à Mdhila, aux communes de Borj El Akarema et El Segui. De quoi susciter la contestation des habitants dont la vie est devenue un véritable calvaire. Si certains accusent la SONEDE de ne pas prendre ses responsabilités de maintenance et d’optimisation de la gestion des canaux d’eau, manifestement usés par le temps et gangrenés par la rouille, d’autres affirment que l’industrie du phosphate épuise les réserves d’eau et pollue ce qui en reste. Nawaat est parti à la rencontre d’habitants et d’agriculteurs pour en savoir plus sur cette persistante pénurie d’eau.

Edito #2 : La Tunisie en slow motion, l’art de confondre l’authentique et le statique

L’effet est simple. Trop banal. Mais on doit lui reconnaitre qu’il est indémodable. En Tunisie, on en fait une conviction nationale jusqu’à confondre banalité et authenticité. Pire, au fil des jours, des mois et des années, la confusion devient la norme. Et on finit par draper notre statisme, notre conservatisme dans ce vieux tissu usé : l’authenticité, un terme bien utilisé pour un mal.

Non-jeûneurs durant Ramadan, entre pressions sociales et contradictions légales

Lancée en réaction à certaines arrestations et poursuites engagées contre des non-jeûneurs, la campagne citoyenne Mouch Bessif [Pas contre notre gré] œuvre à plaider le respect de la nouvelle constitution, relativement progressiste dans son Article 6, et à contrer le recours aux anciennes lois liberticides dont la Circulaire Mzali de 1981 et l’Article 226 bis du Code pénal. Cependant, la pression sociale tend à favoriser le statu quo. Nawaat est parti à la rencontre de la coordinatrice de la campagne ainsi qu’un juriste, un sociologue et un restaurateur. Reportage.