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Exposition : « Ecce Eros» d’Amira Yaakoubi ou l’ambivalence d’Eros

Depuis le 14 février et jusqu’au 2 mars, se tient Ecce Eros, exposition d’Amira Yaakoubi, jeune peintre et sexologue, à la galerie d’El Teatro. Il s’agit d’une occasion d’offrir une autre vision, de rétablir tout le mystère dont Eros est porteur et ce, dans un ensemble de tableaux où le visage a la part belle à côté du corps nu. Mais quoi de plus nu et de plus fragile qu’un visage ?

«Artistes de Tunisie» d’E. Despiney et R. Moumni : une histoire à la cuillère

S’il remplit son office promotionnel comme on remplit un récipient, « Artistes de Tunisie » (éd. Cérès et KLF, septembre 2019) quitte difficilement les voies d’un catalogue élémentaire. Coécrit par Elsa Despiney et Ridha Moumni, il recense scolairement les parcours d’une kyrielle de plasticiens pesant d’un poids inégal dans la balance d’une histoire encore à écrire.

Exposition : « Je me souviens » de Nicène Kossentini, anamnèses intimes

Que serait l’exercice d’un souvenir, sinon un montage de mots et de choses ? Dans sa récente exposition « Je me souviens des recommandations de M. le Président », qui se poursuit à la Galerie Selma Feriani jusqu’au 9 juin 2019, la proposition de Nicène Kossentini tire son élégance de ce que les souvenirs personnels, si fugaces ou persistants soient-ils, ne vivent qu’entre les images, mais jamais d’une vie sans langage.

« Interstices » de Haythem Zakaria: paysages vidéographiques en résonance

On fera tous les reproches qu’on veut au minimalisme de Haythem Zakaria, mais pas celui d’être poseur. Avec son installation vidéo « Interstices », sa démarche ne recule pas devant l’appel des grands espaces. Il trouve dans les étendues désertiques et marines de quoi plier l’image vidéo aux latitudes du temps. Produite en 2017, cette œuvre a obtenu en mars 2018 le prestigieux Grand Prix du Japan Media Arts Festival, dans la section Art. Retour sur image.

Le Tarmac, un théâtre victime de la théâtrocratie ?

La décision brutale, arbitraire et injuste du ministère de la Culture français est tombée comme la foudre un 31 janvier 2018 : elle condamne l’unique théâtre du pays de Molière entièrement dédié à la scène internationale francophone à une mise à mort infondée. Il s’agit même d’une déclaration de guerre en bonne et due forme puisque Françoise Nyssen, ministre de la Culture, pense qu’elle peut renvoyer une famille de sa maison pour loger une autre famille jugée plus digne d’un tel espace.

Exposition « Parterre(s) » d’Aïcha Filali : le torchon dans l’âme

Les neurones en feu et le sourire en coin, Aïcha Filali dote de vieilles loques d’une brève biographie, brodée en point de chaînette. Résultat ? Une sorte de mise à mal des étiquettes institutionnelles de l’art, qui a le cul entre deux chaises : entre la velléité des pièces à conviction qui s’égrènent sur les cimaises et le détour du banal dont un tas de serpillères sous plexi finira bien par avoir la peau. L’exposition « Parterre(s) » se poursuit à la Galerie A. Gorgi (Sidi Bou Saïd), jusqu’au 20 décembre 2017.

Malek Gnaoui à Dream City: Immersion mémorielle dans la Prison du 9 Avril

Au cœur de la Médina, à Dar Dey, maison abandonnée depuis des décennies, la mémoire d’un ancien condamné à mort, Naceur, détenu numéro « 0904 » de la prison civile du 9 Avril, surgît pour témoigner de la souffrance humaine et nous inviter à réfléchir l’enfermement et l’absurdité de la peine de mort. Voulant interpeller la mémoire de l’ancienne prison fermée en 2003 et démolie en 2006 à travers ce personnage, Malek Gnaoui, artiste plasticien, se retrouve confronté au silence et à la surdité de l’administration tunisienne. Il choisit alors de se laisser inspirer par les récits d’ex-prisonniers pour créer un espace où images, sons, oiseaux, cages et autres objets embarquent les visiteurs dans une rencontre avec l’homme décédé depuis de longues années dans une cellule individuelle.

Horizons de l’art face aux frontières des médias : Le défi de quatre artistes tunisiens

Combien de reportages, d’interviews et d’articles nous faut-il pour contrecarrer l’image bourrée de préjugés et de mépris véhiculée par les médias mainstream sur la migration et les migrants ? En empruntant à Malraux sa célèbre phrase « l’art est la chose qui résiste à la mort », Deleuze énonce que l’œuvre d’art résiste aux dogmes de la « société de contrôle » où l’information dominante n’est que peu ébranlée par la contre-information. Nawaat a rencontré quatre artistes, occasion d’une immersion dans l’approche de chacun de la thématique de la migration.

Résistances : Quand l’art bande mou à Carthage

Décidément, l’art bande mou à Carthage. Au moment de la piqûre de rappel de la Fête des Martyrs en son 79ème anniversaire, la Présidence de la République met les bouchées doubles pour trompeter ténacité et résistance du peuple tunisien au cours de l’histoire. Organisée en collaboration avec les ministères de la Culture et celui de l’Education, Résistances se veut une exposition itinérante qui sillonnera toutes les régions du pays jusqu’à la fin du mois d’avril 2019. On aura beau tourner sa langue mille fois dans sa bouche, on a beau fouiner dans son vocabulaire, il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette initiative poussiéreuse d’une expo qui ne l’est pas moins : nulle.

Douraïd Souissi, photographe des hautes solitudes

En une dizaine de portraits, le geste photographique de Douraïd Souissi en dit beaucoup plus sur l’éthique du point de vue que sur le petit quart d’heure de gloire promis par les feux de la rampe. Ce ne sont d’ailleurs pas des images, mais des contre-images dont les sujets se refusent à notre regard. De ces sujets, en grande partie masculins que l’on voit se replier sur leur intimité, nous ne saurons d’ailleurs que les prénoms qui donnent son titre à cette troisième exposition personnelle du photographe. Celle-ci se poursuit actuellement à la galerie A. Gorgi, jusqu’au 10 mai 2017.

Le pied de la fiancée et les dix chamelles

« Tunisie, l’art du tatouage berbère », réalisé par la documentariste Myriam Bou Saha, a été diffusé le 10 septembre dernier sur ARTE. Belles images, beaux paysages, tout semble beau, neuf et propre dans ce film. Les personnages paraissent vêtus de neuf et le sont sans doute. Les montagnes ont probablement été brossées à grande eau, le ciel, lui-même semble avoir été passé à l’eau de javel. Ma tante Souad, paix à son âme, a du passer par là.

« West of life » de Zied Ben Romdhane : du photoreportage tel qu’il nous regarde

S’exerçant depuis une dizaine d’années à l’auscultation du réel tel qu’il va, le photographe-reporter tunisien Zied Ben Romdhane arpente dans « West of life » (2016) la région de Gafsa à la fois comme une terre connue et comme un territoire étranger. Des gisements de Redeyef aux mines de Métlaoui et aux collines d’Oum El Araies, c’est le visage fatigué mais résistant d’une terre qui ne l’est pas moins qui donne chair au dernier projet de Ben Romdhane.

Le photographe prophète… Fabrice Monteiro

La dernière livraison du jeune photographe Fabrice Monteiro intitulée : The Prophecy, est un cri d’alarme. Elle met en scène ce qui ne peut plus durer avec cette « modernité » que d’aucuns veulent nous imposer et qui engendre un véritable chaos non seulement sur notre continent l’Afrique, mais aussi sur tous les continents.