Dans « Leila’s Blues », du cinéaste tunisien Ismaël et de la réalisatrice iranienne Fateme Ahmadi, le drame se taille dans un triangle familial, aimanté par l’autisme d’un fils, la quasi-absence d’un mari, et le silence d’une mère qui décide d’avorter. Tenant bon la barre, ce court-métrage à la narration classique est plus enclin à ouvrir des portes qu’à les fermer. Produit dans le cadre de Tunisia Factory 2018 et projeté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, il est actuellement en salles en Tunisie.
«Vent du Nord» : La condition ouvrière en cache-sexe de l’impensé colonial
Le film « Vent du Nord » est venu enrichir le paysage cinématographique tunisien par une approche originale ; un cinéma social traitant de la condition ouvrière en mettant en parallèle la vie et les souffrances vécues par deux ouvriers : l’un, tunisien, ayant remplacé l’autre, français, suite à la délocalisation de l’entreprise. La thèse qui sous-tend le film est simple : Le capitalisme mondialisé, par la soif jamais inassouvie de ses agents crée de la souffrance, aussi bien au nord qu’au sud. Bien que dans deux pays occupant des camps différents de part et d’autre de la domination impérialiste, le film montre une communauté de destin dans la souffrance de chacun.
« Forgotten » de Ridha Tlili : la révolution, le temps d’après
Le dernier volet de la quadrilogie documentaire de Ridha Tlili nous ramène encore une fois en territoire de marge. Sur fond de désillusion ambiante, deux années après la révolution, « Forgotten » suit quatre amis à la vie ébréchée, oscillant entre le dépit devant tant d’espérances trahies et la possibilité encore de faire bouger les choses. S’il va dans le sens d’une suffisance formelle qui n’est pas étrangère à la démarche du cinéaste, ce dernier chapitre aurait mérité un coup d’aiguille pour marquer enfin une passation de regard qui s’impose. Le film a été projeté en avant-première le 23 décembre 2017, dans le cadre des Rencontres du Film Documentaire de Redeyef.
« Beyond the silence » d’Intissar Belaid : un documentaire à double hélice
Avec l’audace de qui ne veut rien devoir à personne, la cinéaste Intissar Belaid revient dans « Beyond the silence » sur son rapport complexe avec son grand-père. C’est en coupant l’écran en deux, qu’elle met en parallèle son univers et le quotidien de son grand-père. Le parti pris de ce court-métrage d’une vingtaine de minutes, est suffisamment distingué pour qu’on le tienne éloigné des formes aseptisées du genre. Ce film a été projeté en avant-première, dans la soirée du jeudi 15 juin 2017, à l’Institut Français de Tunisie.
« Bourguiba de retour » de Hichem Ben Ammar : rembobiner, et après ?
Le retour, un tantinet polémique, de la statue équestre de Bourguiba à l’entrée de Tunis, vingt-neuf ans après avoir été démontée au lendemain du coup d’État, a eu finalement droit à son documentaire, signé Hichem Ben Ammar. On pourrait s’attendre à ce que « Bourguiba de retour » fasse vibrer deux ou trois cordes du présent sur la même note d’un récit national lève-cœur, où tout doit revenir à la niche. Mais s’il n’ouvre pas toutes les pièces du dossier que charrie le retour du « combattant suprême » sur la scène publique, il est permis de se demander si l’on n’a pas affaire à un feuilleté de déjà-vu rembobiné sur grand écran.
« Derrière la vague » de Fathi Saidi : l’immigration clandestine en contre-champ
“Derrière la vague” sonde les conditions qui pousse ces jeunes dans les embarcations de fortune et expose les répercussions dramatiques pour leurs familles. Entre calvaires et mobilisations pour réclamer aux autorités tunisiennes et italiennes des explications quant au sort de leurs enfants, le point de vue de ces familles permet à Fathi Saidi de déplacer le problème de l’immigration clandestine du champ au contre-champ. Le film sera projeté ce dimanche 9 avril 2017 à 17h, au 4ème Art (Tunis), dans le cadre de la 11ème édition de Doc à Tunis.
The Tunisian body, on and off screen
The body in cinema was the theme of the 17th edition of Cinéma de la Paix? organized by the Tunisian Federation of Film Clubs (Fédération Tunisienne des Ciné-Club, FTCC) in Tunis. March 8-12, at the Quatrième Art theater downtown, cinephiles, directors, students, FTCC members old and new filled café tables and spilled out into the street, clutching programs and caricatures sketched out by an on-site cartoonist. On Sunday evening, a musical performance by Pardon My French marked the end of the festival, five days of reflections and discussions on what the body in cinema reveals about society.
« Corps étranger » de Raja Amari : du réchauffé à basse température
En langage placé sous haute surveillance, on dira que le cinéma de Raja Amari est un cinéma paillard, par sa manière de mettre le désir à toutes les sauces. Ce qui est louable en soi. Les Secrets (2009) s’est nourri aux mêmes mamelles que son premier court-métrage Avril (1998). En changeant de terrain, Corps étranger navigue aussi un peu dans les mêmes eaux que Satin rouge (2002). Serait-ce le modèle d’un cinéma indisposé à l’évolution ?
« Demain dès l’aube » de Lotfi Achour : sur le terrain glissant de l’intime
Avec « Demain dès l’aube », Lotfi Achour a fait le pari d’un film intimiste où l’intimité serait un tremplin plutôt qu’un enjeu. Le risque, dans ce film plein de conviction, est de ne convaincre qu’en pinçant la corde de l’émotion. Pour distiller à l’écran le vague à l’âme d’une jeunesse désenchantée et d’une révolution confisquée, le cinéaste a beau jeu de le montrer d’un œil saturé, sa fiction se prend les pieds dans un tapis psychologisant. Bien qu’empaqueté dans son écrin de joliesse, ce premier long-métrage peine à embrasser d’un geste tout ce qu’il convoque.
« No Man’s Love » de Nidhal Chatta : du cinéma en liberté
Avec « No Man’s Love », c’est du cinéma, du vrai, qui a de nouveau droit à notre estime. Dans ce road-movie, Nidhal Chatta nous embarque dans une vertigineuse recherche de soi. Jetant l’ancre de ses images entre la masse profonde d’une mer menaçante et l’étendue d’un désert de craie, cette fiction est aussi libre que son antihéros. Il nous aura fallu seize ans pour que la possibilité nous soit enfin offerte de découvrir ce petit diamant cinématographique. Distingué en 2000 aux Journées Cinématographiques de Carthage, le film est en salles depuis mercredi 30 novembre 2016.
JCC 2016 : « L.E.N.Z », une folie à couper le souffle
Finesse et beauté sévères d’une cinématographie à l’état pur. Voilà ce qu’est « Lenz », sous nos yeux écarquillés. Il fallait ces deux qualités pour mettre le spectateur au défi de faire un bout de chemin vers cet objet filmique. Libre adaptation d’une nouvelle éponyme du dramaturge allemand Georg Büchner (1813-1837), ce long-métrage de fiction suit les lignes d’errance d’un poète fou guetté par ses démons. Écrit, réalisé et produit par Yosr Guesmi et Mauro Mazzocchi, « Lenz » est un des films plus long de l’histoire du cinéma. Il a été projeté dans la section « Panorama du cinéma tunisien » lors de la dernière session des JCC.
Clôture des JCC : Le FIASCO !
Que faut-il retenir de la cérémonie de clôture de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage ? Le Tanit d’or à « Zeineb n’aime pas la neige » de la jeune talentueuse réalisatrice Kaouther Ben Hania, mais également l’organisation déplorable et le retour d’anciennes pratiques qu’on croyait révolues.
JCC 2016 : « The Last of us » d’Ala Eddine Slim : le cinéma reconquis
Sur fond de migration clandestine, « The Last of Us » [آخر واحد فينا ]brouille les cartes du réel et de la fiction. Il dessine en creux la rupture du contrat social, en ramenant l’ordre des existences à la loi du plus fort. Mais en plongeant son protagoniste dans un état de nature où l’homme serait un loup pour l’homme, Ala Eddine Slim ramène la politique à sa fable la plus originaire. Et c’est par là qu’il nous fait franchir le seuil d’une véritable expérience sensorielle. « The Last of Us » a reçu le prix de la première oeuvre de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage
JCC 2016 : Kaouther Ben Hania, le documentaire à hauteur d’enfant
Derrière la modestie apparente d’un documentaire qui n’a rien à nous vendre, « Zaineb n’aime pas la neige » ne passe pas inaperçu. En cinéaste de tête qui sait ce qu’elle veut, et qui veut dans les limites de ce qu’elle peut, Kaouther Ben Hania filme à hauteur d’enfant l’intimité d’une famille en pleine mutation. C’est un film solaire, aussi enneigées soient les épisodes de l’histoire qui s’y raconte. Primé fin octobre au Festival Cinémed de Montpellier, le film est en lice dans la compétition longs métrages de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage.
JCC 2016 : Fleur d’Alep de Ridha Behi, que de bonnes intentions !
Les bonnes intentions sont toujours louables. « Fleur d’Alep », le nouveau film de Ridha Behi se met aux aguets : pour dénoncer l’endoctrinement intégriste d’une partie de la jeunesse, le film brosse le portrait d’une mère-courage partie en Syrie à la recherche de son fils enrôlé dans le djihad. L’enjeu du film ? Gratter le vernis de cette réalité cruelle du moment. Mais cette bonne intention suffit-elle pour que Fleur d’Alep nous convainque ? Si la cause semble entendue d’avance, tout n’est pas gagné en revanche. Ce ne sont pas les déplacements de caméra sur un territoire miné qui diront qu’on s’inquiète pour rien. « Fleur d’Alep », est projeté aujourd’hui, vendredi 28 octobre, en ouverture de la 27ème session des Journées Cinématographiques de Carthage.
De quelques films tunisiens : Triomphes de la domination
Réalisateurs, producteurs et officiels se gargarisent ces dernières années de la liberté d’expression retrouvée. Mais que nous disent réellement les films de la Tunisie ? Que nous montrent-ils du monde ? Et avec quels moyens procèdent-ils pour ce faire ?
50 ans après, comment réinventer le FIFAK ?
Malgré toutes les tempêtes qu’il a traversé, le Festival International du Film Amateur de Kelibia résiste toujours. Première du genre, en Afrique et dans le monde arabe, cette manifestation fut assurément le berceau du 7ème art en Tunisie. Fondée au lendemain de l’indépendance, en 1962, la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs y a assuré 29 sessions, dans des contextes politiques différents et difficiles.
أزمة قاعات السينما في تونس: غياب الإرادة السياسية سبب نكبة القطاع
عام 1957 كانت هناك حوالي 95 قاعة سينما منتشرة في كامل ولايات الجمهورية منها 64 قاعة “35 مم” و31 قاعة “16 مم”. اليوم لا نجد في تونس غير 10 قاعات سينما أغلبها متمركزة في العاصمة تونس. يعتبر الأستاذ صلاح الضاوي كاتب السيناريو والمختص في قطاع السينما، حيث أشرف على إدارة قاعات سينما وحمل مسؤوليات عديدة في القطاع، أنّ هذا التدنّي في العدد هو نتيجة حتمية لعدة عوامل اجتمعت مع بعضها البعض لتشكل الواقع الذي نشهده اليوم وأنّ جذور هذه الأزمة ضاربة في القدم.