Cinéma 174

JCC 2016 : Fleur d’Alep de Ridha Behi, que de bonnes intentions !

Les bonnes intentions sont toujours louables. « Fleur d’Alep », le nouveau film de Ridha Behi se met aux aguets : pour dénoncer l’endoctrinement intégriste d’une partie de la jeunesse, le film brosse le portrait d’une mère-courage partie en Syrie à la recherche de son fils enrôlé dans le djihad. L’enjeu du film ? Gratter le vernis de cette réalité cruelle du moment. Mais cette bonne intention suffit-elle pour que Fleur d’Alep nous convainque ? Si la cause semble entendue d’avance, tout n’est pas gagné en revanche. Ce ne sont pas les déplacements de caméra sur un territoire miné qui diront qu’on s’inquiète pour rien. « Fleur d’Alep », est projeté aujourd’hui, vendredi 28 octobre, en ouverture de la 27ème session des Journées Cinématographiques de Carthage.

TrackTour #24 : La scène musicale émergente fait son cinéma

TrackTour est une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.
*Les titres sont classés dans un ordre décroissant selon leurs dates de parution.

« Zizou » de Férid Boughedir : le fiasco du ridicule

Quelle est la différence entre une bonne comédie et une très mauvaise comédie ? Exactement celle qui fait qu’un trait sec et mordant ne verse jamais dans le ridicule. « Zizou », le dernier film de Férid Boughedir, le prouve. S’il enfile les mêmes culottes idéologiques, le cinéma de Boughedir semble tirer ici de nouvelles ficelles. Mais avec un chapeau de paille et une chemise à carreaux, le pari est loin d’être gagné.

« Diaspora » d’Alaeddin Aboutaleb : la contre-révolution en images animées

Peut-être ne faut-il pas plus qu’une tête, sans corps et clouée sur une chaise roulante, pour arpenter les coulisses d’un régime politique rampant. En se fiant à la seule éloquence des images animées, « Diaspora » (2015) d’Alaeddin Aboutaleb dénonce avec élégance la confiscation de la révolution tunisienne. Projeté le jeudi 08 septembre 2016, dans le cadre des Rencontres cinématographiques de Béjaia, ce court-métrage met à nu, avec une rhétorique très subtile, un système politique faussement démantelé qui ne peine pas à reprendre du service.

« Pousses de printemps » d’Intissar Belaid : la révolution hors de ses gangues

Aux dernières nouvelles, la révolution tunisienne aurait commencé avec deux avions et un char. Bouazizi se serait immolé au moment où Ben Ali a pris la fuite et Leila la « coiffeuse », morte, réapparaîtrait un soir pour dévorer un passant. Qui l’aurait pensé ? Contre le regard dégrisé de faux lucides, « Pousses de printemps » choisit de faire un pas de côté. Dans ce beau court-métrage, la jeune cinéaste Intissar Belaid demande à quelques enfants du Kef, ce qu’ils pensent de la révolution. Le film a été projeté hier, 7 septembre, dans le cadre de la 4ème édition du Human Screen Festival de Tunis.

Première édition du Festival du court au Kef

Le Festival du court au Kef, organisé par l’Association des arts pour le cinéma et le théâtre au Kef (ACT du Kef) se tient du 22 au 28 août 2016 dans sa première édition. Dans une démarche purement citoyenne qui vise à promouvoir le 7ème art, le festival projette des courts métrages dans cinq villages kefois ainsi qu’au centre ville. Dans les villages, une équipe d’ophtalmos sera sur place pour consulter les enfants et leur donner des lunettes par la suite. «Ainsi, lors des prochaines éditions du festival, ils pourront regarder les films sans flou», promet ACT du Kef.

FIFAK : les réfugiés syriens ouvrent le bal à Kélibia

Projeté en ouverture du Festival international du film amateur de Kélibia, Moon in the Skype, est un film qui veut décrocher la lune, en croisant ses deux jambes sur terre. Moins inaccessible que la lune dont il s’autorise, le film claudique. Sous un titre aussi ronflant, Ghatfan Ghanoom, son réalisateur, veut négocier avec le réel sans ménagement. Analyse.

Éclipses, de Fadhel Jaziri : un cinéma sans mode d’emploi

Sept ans après son premier long-métrage, Fadhel Jaziri réalise en 2016 « Éclipses ». Il s’agit, pour le cinéaste de « Thalathoun », d’une fiction de plus – mais sans plus, sinon la mollesse en plus. Retour à la « besogne » ordinaire, le fameux « chghol » cher à Jaziri ? Oui, mais rhabillé cette fois-ci au vestiaire glauque de la post-révolution. Qu’on en juge.

Le Festival de Cannes et le cinéma tunisien

Lancée pendant le Festival de Cannes, « Tounsiφfi cannes » est une initiative en forme de lettre ouverte signée Ramzi Laâmouri, le président de la Fédération tunisienne des ciné-clubs. Une remarquable opportunité pour amorcer un débat national sur la politique culturelle et, notamment, le 7ème art.

Protectorat 1881, un film à double hélice

L’histoire se répète, dit-on. Cela risquerait pourtant de devenir lassant. Avec son long-métrage « Protectorat 1881 », il s’agit pour Tarek Ibrahim d’exorciser, sous la forme d’un docufiction à bases d’archives, l’histoire de la mainmise coloniale sur la Tunisie et les premiers balbutiements de la résistance populaire. « Protectorat 1881 » a-t-il pourtant davantage à offrir qu’une histoire à rebrousse-poil ?

L’autre addiction de Khmaies Khayati

On le sait, pour être un bon addict, il n’est pas recommandé de tout avaler. Mais, on sait moins qu’il faut du style pour ne pas simuler la jouissance en succombant au charme des métaphores. Si La Culture, une succulente addiction de Khmaies Khayati est à consommer sans ordonnance, saura-t-il au moins faire planer « sec » les opiomanes éclairés de demain ?

Doc à Tunis : des films pour soigner le regard

Doc à Tunis a une fois de plus apporté la preuve éclatante que le documentaire n’est pas un genre mineur ou un parent pauvre du cinéma. Les premiers films de l’histoire, ceux des frères Lumière comme ceux de Samama Chikli en Tunisie ont été des documentaires. Les documentaristes du XXIème siècle nous font revenir aux sources et nous reposent la question : qu’est ce que le cinéma ?

Devant ou derrière la caméra, les femmes iraniennes crèvent l’écran

Les Journées du cinéma iranien se sont déroulées les 7,8 9 avril derniers dans plusieurs salles tunisiennes. Au programme de cette quatrième édition, des longs métrages récents, des documentaires et, cerise sur le gâteau, le remarquable Nahid d’Ida Panahandeh, primé à Cannes. La voix et le regard des femmes sont de plus en plus présents, à l’image d’une société iranienne en pleine mutation. Une réalité sociale qui se heurte aux barreaux de la Charia en vigueur, qui s’avère chaque jour être une cage trop étroite. Et encore une fois, c’est le cinéma qui nous donne un avant-goût des révolutions à venir.

Spotlight ou le pouvoir du journalisme

«C’est très difficile de dire non à Dieu», explique la victime d’un prêtre pédophile dans Spotlight. Le film de Tom Mc Carthy, reconstitue le plus fidèlement possible l’enquête menée par les journalistes du Boston Globe sur un sujet très sensible : la protection offerte pendant une trentaine d’années par le cardinal-archevêque de Boston, aux prêtres de son diocèse, auteurs d’abus sexuels sur des enfants. Si les journalistes de Spotlight ont obtenu en 2003 le Prix Pulitzer pour leur enquête, le film qui raconte leur exploit a raflé 9 prix à ce jour, à commencer par l’Oscar du meilleur film.

À peine j’ouvre les yeux : un film contre l’amnésie et la nostalgie

Sorti en salles à la veille du 5ème anniversaire de la fuite du général Ben Ali, le premier long métrage de Leyla Bouzid, À peine j’ouvre les yeux, vient d’achever une honorable carrière nationale de dix semaines, avant de continuer son chemin dans le monde, du Liban au Canada, en passant par les festivals de San Francisco et de Tribeca (New York). Les jeunes protagonistes du film sont emblématiques de toute une génération qui poursuit son chemin. Leurs esprits ont commencé à se libérer, il leur reste à libérer leurs corps et ceux de leurs parents. Vaste chantier, qui engage toute la société et pas telle ou telle classe sociale seulement, n’en déplaise aux porte-paroles du peuple.

L’insoutenable légèreté de Hedi

Dimanche 13 mars a eu lieu l’avant-première du film « Hedi – نحبك هادي » à la salle Le Colisée, à Tunis. Une occasion, de mettre des visages réels sur ceux virtuels des personnes qui ont fait valser la toile au mois de février, en apprenant qu’un film tunisien était nominé à la 66ème édition de la Berlinale , Festival International du Film de Berlin.