Migrants clandestins 51

“Skadra”, un court-métrage documentaire produit par Nawaat

Mohamed Aziz Khlifi, 16 ans, originaire de la délégation de Bir Lahfay, Sidi Bouzid. Walid Lahmar, 27 ans, originaire de la délégation de Bir Ali Ben Khelifa, Sfax. Mohamed Ali Ferjani, 32 ans, originaire de Chneni, Gabes. Tous les trois étaient à bord d’un bateau pour immigrer clandestinement à partir des côtes de Kerkennah le 8 octobre 2017. A l’inverse de 44 de leurs camarades dont les corps ont été par la suite retrouvés, ces trois jeunes sont parmi les rares rescapés de la collision de leur bateau avec un navire militaire tunisien. Après l’incident de la “Skadra”, ils sont aujourd’hui de retour à une réalité dont ils ont espéré se débarrasser.

Emigration clandestine, une forme de résistance

La semaine dernière, j’ai parlé de cette affaire qui nous a tous révoltée : la mort et la disparition de plusieurs dizaines de jeunes qui avaient tenté de quitter le pays à bord d’une frêle embarcation. Ils seraient peut-être aujourd’hui heureux d’être ailleurs, triomphants mais inquiets, certes confrontés à de nouvelles incertitudes mais bien aises d’avoir réussi leur évasion si leur petit rafiot délabré n’avait étrangement été percuté par un navire militaire chargé de la surveillance des frontières maritimes.

« Brûle la mer », éloge de l’hospitalité filmique

Il y a, dans ce film, une parole qui brûle du même feu que ses images nocturnes. Réalisé en 2014 par Maki Berchache et Nathalie Nambot, « Brûle la mer » est à l’opposé de ce qu’on pouvait attendre d’un documentaire sur les traversées clandestines de la méditerranée. Entre le dépouillement de son dispositif et les risques d’un minimalisme peut-être un peu trop confortable, perce dans ce film une extraordinaire conscience d’artisan qu’appellent le format 16 mm et le tournage en super 8. C’est aussi sa force que d’énoncer une hospitalité à la fois politique et filmique, en alternant images et archives familiales, mais aussi photos commentées, bribes de souvenirs et poèmes par écrans interposés. Le film sera projeté aujourd’hui, mercredi 10 mai 2017, à l’Institut Français de Tunisie.

« Corps étranger » de Raja Amari : du réchauffé à basse température

En langage placé sous haute surveillance, on dira que le cinéma de Raja Amari est un cinéma paillard, par sa manière de mettre le désir à toutes les sauces. Ce qui est louable en soi. Les Secrets (2009) s’est nourri aux mêmes mamelles que son premier court-métrage Avril (1998). En changeant de terrain, Corps étranger navigue aussi un peu dans les mêmes eaux que Satin rouge (2002). Serait-ce le modèle d’un cinéma indisposé à l’évolution ?

Plan de Développement et ses rendez-vous manqués

Le règne de l’impunité conjugué à une détérioration du service public s’est traduit par une perte de confiance des citoyens en leurs institutions. Quant à l’accès aux opportunités économiques, il reste bloqué par le barrage du clientélisme et du copinage. Ce faisant, il renforce le sentiment de marginalisation de pans entiers de la société, qui entretiennent désormais l’espoir d’une vie meilleure à l’étranger.

JCC 2016 : « The Last of us » d’Ala Eddine Slim : le cinéma reconquis

Sur fond de migration clandestine, « The Last of Us » [آخر واحد فينا ]brouille les cartes du réel et de la fiction. Il dessine en creux la rupture du contrat social, en ramenant l’ordre des existences à la loi du plus fort. Mais en plongeant son protagoniste dans un état de nature où l’homme serait un loup pour l’homme, Ala Eddine Slim ramène la politique à sa fable la plus originaire. Et c’est par là qu’il nous fait franchir le seuil d’une véritable expérience sensorielle. « The Last of Us » a reçu le prix de la première oeuvre de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage

Akram Hamdi, Rappeur et émigré clandestin

Pansement chirurgical sur la poitrine, menotté et entouré d’une dizaine de policiers, Akram Hamdi, 32 ans, rentre, en Tunisie, le 17 septembre, dans un avion « spécial » en provenance de Genève où il a passé près de deux ans entre prisons, hôpitaux et camps de réfugiés. Akram alias Campos n’est pas un clandestin anonyme, il est rappeur du groupe Armada Bizerta, connu pour avoir participé au tube Inti Essout. Malgré les espoirs post-révolutionnaires, l’attachement à son Bled, le succès de son petit commerce, et sa mère à sa charge, Akram cède à la tentation de l’Europe. La réalité des jeunes « Harraga » (clandestins) et leur combat pour survivre échappent souvent à la « logique » des statistiques et aux exigences des frontières.

L’Europe, un humanisme au-dessus de tout soupçon ?

Si l’immigration clandestine a toujours été, depuis la chute du Mur de Berlin en 1989, l’une des préoccupations essentielles des hommes politiques composant l’Union européenne, et notamment la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, il n’en demeure pas moins vrai que l’encouragement, à peine voilé, apporté aux « Républiques scissionnistes » pour sortir de l’Union soviétique était l’un des moteurs essentiels, le catalyseur déterminant qui a permis à cette nouvelle immigration de s’amplifier et de prendre l’ampleur que nous connaissons aujourd’hui.

Droits des migrants en Tunisie : La société civile interpelle les nouveaux élus !

40 mille Tunisiens ont traversé le canal de Sicile, au cours de l’année 2011, pour débarquer dans plusieurs villes d’Europe. 1500 d’entre eux ont péri en mer ou sont portés disparus… A partir des données recueillis sur le terrain, le FTDES a dressé le profil socio-économique des disparus. Son premier constat : les disparus sont, en majorité, âgés de moins de 30 ans. Près de la moitié (46%) ont entre 15 et 24 ans. Cela peut s’expliquer par la fragilité de leur situation économique et leur désespoir face à l’avenir.

J’accuse…! Lettre aux responsables humainement irresponsables d’Europe

Le rayonnement de l’Europe hors ses frontières a couronné sa vocation incarnée par un grand siècle de travail, de vérité et de liberté malgré les affres de la colonisation. Mais quelle tache de boue sur son nom — j’allais dire sur celui de chaque Européen — que ce qui se passe à Gaza, camp de concentration postmoderne où le capitalisme financier avide et rapace se fait apocalypse.

L’image des « harragas » dans les reportages de la Nationale 1 : Etude de cas

Ma contribution consiste à analyser un reportage télévisé intitulé : « Lampedusa, l’embarcation catastrophe », diffusé par la chaine Nationale 1 le 18 septembre 2012, suite au naufrage, survenu le 6-7 septembre 2012, de l’embarcation qui transportait 136 «harragas» tunisiens parmi eux des femmes et des mineurs, qui, selon les témoignages des rescapés recueillis par les garde-côtes italiens, avaient embarqué au départ de la région de Sfax et en direction de Lampedusa, faisait naufrage près du l’îlot de Lampione.

La question des migrants clandestins tunisiens : un poids dans les deux rives de la Méditerranée

Quasiment 3 ans après la grande vague d’immigration clandestine des jeunes tunisiens vers la France et l’Italie, en premier lieu à Lampedusa – une petite île italienne à mi-chemin entre la Tunisie et la Sicile connue de tous depuis la révolution tunisienne pour être la porte de l‘eldorado des migrants clandestins-, ce phénomène fait encore de nombreuses victimes et ouvre la porte à de nombreux débats.