TrackTour #30 : Scène musicale tunisienne émergente, les révélations de 2016

TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.

*Les titres sont classés dans un ordre décroissant selon leurs dates de parution

Tunisie Telecom : le rachat hasardeux de GO Malta

Le 23 Août 2016, Tunisie Telecom est officiellement devenue actionnaire majoritaire de Go Malta. Le 13 septembre, Nizar Bouguila, PDG de Tunisie Telecom, est intronisé président du conseil d’administration de l’opérateur maltais. Fin novembre Anouar Maarouf révèle un secret de polichinelle : l’intention des Emiratis de se désengager de Tunisie-Telecom. Conflit d’intérêt, choix hasardeux, opacité et effet d’annonce repris sans vérification par des médias aux ordres des annonceurs. Retour sur une affaire qui n’a pas encore révél toutes ses facettes.

Ben Brik fait ses classes de dramaturge

Avec « Les frères Hamlet », Taoufik Ben Brik fait ses classes de dramaturge. S’il trouve son dérivatif dans Shakespeare, notre diablotin toutes catégories fait défiler Dostoïevski en coulisses, avec « Les frères Karamazov » sous les bras. En treize actes, il dresse un théâtre de forces où les questions ontologiques de l’être et de la jouissance précipitent le problème théologico-politique du pouvoir. Réinventant à plaisir ses personnages shakespeariens, Ben Brik ne lésine pas sur ses moyens pour les recycler en héros de « la tragédie arabe ».

La présence militaire américaine en Tunisie

Alors que les déclarations officielles s’avèrent peu concordantes sur le degré et la nature de la “coopération” militaire avec les puissances étrangères, des documents officiels, fuités par Nawaat fin mars, ont mis en lumière des négociations secrètes concernant une base militaire américaine en Tunisie.

Mouvements sociaux : procès en cascade

La Cour d’appel de Nabeul a reporté au 15 février 2017, le procès des jeunes de Kélibia, condamnés par contumace à 14 ans et un mois de prison ferme pour « provocation d’incendie dans des locaux non habités » et six autres chefs d’accusation. Hier, les ouvriers des chantiers, les discriminés politiques et la coordination nationale des mouvements sociaux déclarent une semaine de protestation sociale par des rassemblements, des manifestations et une désobéissance civile à Meknassi. Les prémisses d’un janvier chaud que les médias dominants ont déjà commencé à criminaliser.

Affaire Petrofac : Kerkennah, l’inflammable

La crise sociale de Petrofac à Kerkennah date de 2011 mais a connu plusieurs bouleversements en 2015 et début 2016 qui l’ont conduit à son apogée en avril 2016. Malgré la signature d’un accord avec les protestataires fin septembre, l’instabilité de la production et l’incapacité des autorités régionales à établir une paix sociale durable représentent aujourd’hui des enjeux majeurs pour une économie nationale en difficulté et une région sinistrée par le chômage et les dégâts environnementaux des industries fossiles.

Euh… bonne année

L’année 2017 est là. En soi, sauf pour ceux qui savent lire les chiffres, cela ne signifie rien. Et pourtant je ne suis pas rassuré. J’ai déjà la nausée rien qu’en pensant aux idées noires qui traverseront mon esprit le 1er janvier 2018. Ce qui m’effraye, c’est de me dire le 31 décembre prochain que l’année 2017 a ressemblé comme deux gouttes d’eau à l’année 2016, laquelle n’a été en vérité guère différente de celle qui l’a précédée. Pareille mais pire.

Lettre de l’An 2016 à l’An 2017

L’être humain va annoncer ta naissance par les plus belles fêtes, les plus délicieux des gâteaux et les plus fraîches des boissons. Il va féliciter ton arrivée par la lumière et la musique, il va te porter sur ses épaules et te faire danser, il va stimuler ton désir par tous les caprices inattendus, mais je te demande de ne pas céder à ces jeux car, aux premiers dénuements qu’il rencontrera, il va t’insulter et t’injurier comme un bâtard qui ne mérite pas la vie et il attendra avec impatience ta mort.

BFT, le scandale

A partir de février 2016, Nawaat a publié une enquête exclusive sur la Banque Franco-Tunisienne, qui a apporté des preuves irréfutables de la collusion entre partis politiques et hommes d’affaires véreux. Youssef Chahed ne semble pas encore vouloir se saisir de ce dossier très complexe, trop explosif. Asma Shiri Laabidi, l’inamovible conseillère juridique du gouvernement, et dont le nom revient dans notre enquête, bénéficie depuis septembre d’une délégation de signature du chef du gouvernement dans les affaires juridiques. Mounir Klibi, acteur central du scandale de la BFT, est décédé le 28 décembre 2016. Il emporte une partie des secrets de ce dossier dans sa tombe.

TrackTour #29 : Le meilleur de la scène hip hop tunisienne en 2016

TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.
*Les titres sont classés dans un ordre décroissant selon leurs dates de parution.

Ma décision est prise, je débranche ma télé

Plus de débats. Plus de bagarres. Plus d’adrénaline qui monte. Car quand je regarde les débats télévisuels tunisiens, je sens mon cœur battre très fort et je m’échauffe instinctivement à la vue des invités crispés, qui crient, qui gesticulent, qui s’insultent, le visage tout rouge, tout en sueur.

Pour Chris, Jemima et Sarah, le racisme peut tuer

Samedi 25 décembre 2016, 11h du matin, Chris, 26 ans, étudiant congolais en électronique, attend le métro à l’arrêt Habib Thameur à Tunis. Les mains dans les poches, ses écouteurs aux oreilles, comme tous les jours. « Mais c’était la pire journée de ma vie ! ». Il est la première des trois victimes d’une agression au couteau perpétrée par un forcené qui s’est attaqué à deux autres femmes africaines noires. L’une d’entre elles est toujours dans le coma.

Ibrahim Màtouss, portrait du peintre en clown désenchanté

Sous l’ombre du portrait, les peintures d’Ibrahim Màtouss font du clown leur allié le plus sûr. La grammaire plastique se réinvente ici d’un tableau à l’autre en troquant la toile tendue contre la chaire de bois. Dans « Métamorphosis », son exposition personnelle qui se poursuit jusqu’au samedi 31 décembre à la Galerie A. Gorgi, le plasticien démaquille les visages et crucifie les corps en les précipitant à des vitesses opposées. S’ils prêtent leur grâce mélancolique à plus d’un regard, ces clowns ne déposent jamais leurs gros nez rouges au vestiaire.