Longtemps considéré comme avant-gardiste dans le monde arabe et africain, le théâtre tunisien est aujourd’hui en crise. Les Journées Théâtrales de Carthage (JTC), événement phare du secteur, ne sont qu’une éphémère vitrine masquant mal les défis structurels auxquels fait face le quatrième art.
Dans un contexte mondial globalisé, regrouper les ministères de la Culture, du Tourisme et de l’Environnement sous une autorité unique, pourrait permettre à la Tunisie d’utiliser ses ressources de manière plus efficiente, en favorisant les synergies.
La ministre de la Culture Hayet Guettat Guermazi s’est voulue rassurante. Mais dans les faits, la réputation des JCC est en train d’être massacrée. Et il faudra beaucoup de temps et d’efforts pour réparer le mal qui a été causé.
Le gouvernorat de Tunis a interdit la diffusion du film américain « Buzz l’Eclair », (Lightyear) dans les différentes salles relevant de sa compétence. Motif invoqué : le ministère des Affaires culturelles n’a pas accordé au film un visa d’exploitation. La décision a suscité la polémique, en laissant planer le spectre d’un retour de la censure.
Lettre ouverte à l’attention de Mesdames et Messieurs, le Président de la République, le futur Président du gouvernement, le prochain Ministre de la culture et membres de la commission culture de l’ARP.
Il n’y a pas de quoi lever les yeux. Il y a plutôt de quoi confirmer l’affligeante modestie des productions locales en arts plastiques. C’est un bazar où, à quelques rares exceptions tout se vaut, qui s’est tenu à la Cité de la Culture du 19 au 26 septembre 2018. C’était la 1ère édition des Journées d’Art Contemporain de Carthage.
Il n’est pas anodin que Ben Ali ait voulu bâtir la Cité de la Culture dans les propensions et l’architecture que l’on connaît. C’est enfin dans l’ordre des choses que cette immondice soit achevée alors que celui qui était chargé par Ben Ali de l’achever sans jamais réussir à le faire à ce moment-là, Mohamed Zinelabidine, est aujourd’hui ministre de la culture. Ce n’est point une ironie de l’histoire : c’est la résultante de la lâcheté, de la compromission et de l’embourgeoisement généralisés de l’élite artistique et intellectuelle du pays.
Le ministre de la culture Mohamed Zinelabidine a créé la polémique en défendant, à l’Assemblée des Représentants du Peuple, les coupes budgétaires prévues par la loi des finances de 2018. Il a également défrayé la chronique en limogeant Moez Mrabet, le directeur du Centre Culturel International de Hammamet (CCIH) et Héla Ouardi, la directrice du département du livre au sein du ministère après sa transmission d’un dossier de corruption à la justice.
Dans une récente conférence de presse, Héla Ouardi, directrice du livre au ministère de la Culture, a présenté, preuves à l’appui, un cas de faux et usage de faux aux fins d’obtention de fonds publics de la part du président de l’Union des Editeurs Tunisiens assorti d’une tentative de corruption d’un auteur dans le but d’acheter son silence. Elle a déclaré en avoir informé son supérieur hiérarchique, le ministre de la Culture, qui aurait réagi en la destituant de son poste.
La poussiéreuse politique culturelle tunisienne peine à renouveler le paysage musical. Des déséquilibres budgétaires, favorisant systématiquement la centralisation et le classicisme, mettent en lumière un verrouillage du secteur. Obsolète et opaque, il est quasiment la chasse gardée d’une élite établie. Enième illustration en cette 35ème édition du Festival de la Médina de Tunis.
Le tapage médiatique autour de la démission d’Amel Moussa de la direction du Festival International de Carthage rappelle une tendance devenue norme au fil des années : La couverture des activités du ministère de la Culture renvoie l’image d’une institution dont la principale vocation est la production événementielle. Pourquoi autant d’intérêt pour cette vocation ? Est-il justifié ? A quel point cette image médiatique concorde-t-elle avec la réalité ?
Karim Ben Smaïl dirige les éditions Cérès depuis bientôt 30 ans. Il dresse ici un tableau de l’état de l’édition en Tunisie, et tire plusieurs sonnettes d’alarmes. La principale étant le dysfonctionnement des mécanismes de soutien de l’Etat à l’édition :
« Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de quémander encore et toujours plus de subsides auprès d’un Etat en quasi-faillite, mais d’exiger que les budgets existants soient gérés plus sainement. Les deniers publics destinés à l’édition doivent faire l’objet d’une attention et d’un contrôle accrus, il y a péril en la demeure ».
Cette photo qui, comme trop souvent les choses importantes, est passée largement inaperçue alors qu’elle dit l’essentiel. Notre révolution n’a pas été seulement une révolution des régions de l’intérieur. Mais la révolution des habitants de ces régions a été le ressort de sa radicalité. Elle a posé la question clé sans la résolution de laquelle aucune autre question fondamentale ne pouvait trouver sa solution. Voilà ce que dit en creux la banderole des artistes kasserinois.
Depuis sa nomination ministre de la Culture, Mohamed Zinelabedine est sujet de critiques de la part de plusieurs artistes et acteurs culturels. Son passé politique, ses compétences dans le domaine de la culture ainsi que ses alliances politiques actuelles posent problème.
Après seulement 10 mois d’activité, le seul et unique espace culturel actif à Bizerte, le Majestic, risque de fermer ses portes. Endettement, difficultés de trouver des fonds et absence de stratégie culturelle étatique, le fondateur de Majestic, Dhia Felah, lance un appel au secours.
Le qualificatif « International » est accolé à près d’une dizaine de festivals d’été publics. Un branding trompeur puisqu’aucune de ces manifestations n’a vraiment ce caractère. De quoi en faire une sorte de publicité mensongère éludant l’échec du ministère de la Culture à réaliser un des objectifs de ces manifestations : l’attractivité mondiale censée accroitre la visibilité de la culture tunisienne à l’échelle internationale et, sur le plan économique, promouvoir la destination Tunisie.
Le 17 décembre, Halim Yousfi, musicien et chanteur, a été empêché par la police touristique de chanter dans un restaurant de la Goulette. Selon l’artiste, les policiers ont interdit à son groupe de chanter faute de cartes professionnelles. Conduits au poste, Halim et ses amis ont été relâchés mais leurs équipements ont été confisqués. A l’origine de cette bavure, Mokded Shili, président d’un syndicat minoritaire. Depuis, la colère gronde dans le milieu musical.
Lugubre, au cœur de Tunis, apparait une immense boule en verre, posée sur de grands pieux. D’une pâle clarté, une sorte de boule en cristal qui augmente à sa vue, l’obscurité de ce lugubre édifice qu’est la Cité de la Culture ; qui à ses nombreuses facettes, rappelle aux passants artistes, l’argent qui aurait pu servir à donner vie à d’innombrables créations désormais prisonnières du passé.