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Quel avenir pour les aires protégées en Tunisie ?

Les aires protégées créées en Tunisie constituent indéniablement un acquis pour la préservation de la biodiversité qu’elles abritent. Depuis la création de la première aire protégée en 1977 jusqu’aux plus récentes vers la fin des années 90, des leçons peuvent être tirées pour que ces espaces jouent pleinement leurs rôles en matière de conservation.

« Du vortex à l’abysse » de Khaoula Hosni… dans l’œil panoptique

« Du vortex à l’abysse » est le nouveau livre de Khaoula Hosni. C’est le deuxième volume de la trilogie Into The Deep, paru en novembre 2017. Une œuvre généreuse, présentée par son auteure comme une histoire rocambolesque, pleine de suspense et riche d’action. Et de la même manière que l’auteure parle dans le livre, de ses goûts et ses dégoûts, le lecteur le lit toujours d’un certain point de vue subjectif avec des affinités d’ordre philosophique ou social. Comment lire d’un certain point de vue ce beau roman et occulter toute la subtilité qui se cacherait au fond de l’œuvre ?

« Taste of Cement » de Ziad Kalthoum : Est-ce ainsi que les Hommes vivent ?

Projeté mardi dernier au Cinémadart, « Taste of Cement » est un objet cinématographique hybride, à la fois documentaire sur la situation des ouvriers syriens en exil au Liban et essai filmique qui construit une proposition esthétique et philosophique sur la condition humaine. Il est surtout un poème visuel dont la force émane d’un travail sur l’opposition entre des couples de contraires : les hommes et la matière ; la vie et la mort ; la guerre et la paix ; l’élévation dans les cieux d’un chantier en construction et la descente dans les bas-fonds d’un monde délibérément caché aux regards, celui de ces travailleurs auxquels l’Etat libanais interdit de circuler dans la ville à la nuit tombée.

«Forgotten» de Ridha Tlili: La représentation, un enjeu politico-esthétique

Forgotten de Ridha Tlili a été tourné sur trois ans, de 2013 à 2016 : la démarche, rare dans le cinéma documentaire tunisien, est celle d’un accompagnement des personnages dans la durée et la proximité. Il en résulte une impression d’immersion dans des parcours marqués du sceau de la marginalisation et de la crise d’une démocratie naissante qui peine à faire une place à des citoyens oubliés par les régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance. Le souci du temps long dépasse l’attention qu’accorde le cinéaste à l’existence des quatre jeunes qu’il suit et accompagne pour scruter les points aveugles des politiques de développement et les territoires en proie à un oubli institutionnalisé. Forgotten sera projeté mardi 13 février à 19h30 au CinéMadart.

Manich Msamah : Retour critique sur un moment politique

Ce retour critique que je prends l’initiative de faire sur la campagne de Manich Msemah, a pour objectif de contribuer à faire le bilan d’un moment politique qui s’inscrit dans une conjoncture complexe, marquée par l’échec d’une tentative de révolution et par un constat aujourd’hui non discutable, l’incapacité des forces politiques en scène à mener un processus de changement véritable ou même à faire obstacle à une contre-révolution rampante.

«Statut de l’artiste»: consécration du corporatisme et atteinte à la liberté d’expression

Adopté par le Conseil des ministres le 6 décembre 2017 et soumis récemment à la Chambre des députés, le projet de loi relatif à l’artiste et aux métiers artistiques suscite, à fortiori, beaucoup de réactions. Appelé à tort « statut de l’artiste », il était censé répondre aux aspirations des artistes dont beaucoup étaient à l’avant-garde de la révolution du jasmin. Il n’en est malheureusement rien, car au lieu de leur octroyer des avantages tangibles et de protéger concrètement leur liberté de création, ce projet de loi est venu consacrer, d’un côté, un corporatisme centralisé, et donner, de l’autre côté, au ministère de la Culture un pouvoir qu’il ne doit plus avoir depuis l’adoption de la Constitution de 2014.

Arts en Tunisie: la création asservie par l’establishment culturel

Il n’est pas anodin que Ben Ali ait voulu bâtir la Cité de la Culture dans les propensions et l’architecture que l’on connaît. C’est enfin dans l’ordre des choses que cette immondice soit achevée alors que celui qui était chargé par Ben Ali de l’achever sans jamais réussir à le faire à ce moment-là, Mohamed Zinelabidine, est aujourd’hui ministre de la culture. Ce n’est point une ironie de l’histoire : c’est la résultante de la lâcheté, de la compromission et de l’embourgeoisement généralisés de l’élite artistique et intellectuelle du pays.

Al-Qods : Autopsie de l’estocade

Le Monde Arabe s’est dernièrement ébranlé suite à la récente décision de Donald Trump de faire de Jérusalem la capitale politique d’Israël. Comme à chaque fois qu’il s’agisse de la Palestine, les peuples arabo-musulmans se sont indignés et ont envahi les rues et les réseaux sociaux de slogans. Comme à chaque fois depuis 70 ans, les réactions à chaud ont fusé, les réactions haineuses se sont déchainées, à croire que le monopole de la violence est primordiale et la cause accessoire. Les réactions éphémères ont dominé la prise de parole en public. Quant à la réflexion, elle est restée aux abonnés absents.

Dans la Tunisie populaire, le fer est chaud. On le bat ?

Comme depuis les immémoriaux temps insurrectionnels, en Tunisie, Janvier gronde. Un énième hiver coléreux pointe le nez chez les laissés-pour-compte. Ce mois nous appelle toujours à nous rappeler le spectre de la protestation qui grossit dans le sous-sol du corps social. C’est que son avènement annonce ce que son sens énonce : l’insoumission et l’irrévérence des relégués aux bas-fonds de la hiérarchie sociale. Il s’affirme, d’une année à une autre, comme l’espace-temps contestataire propre à l’expérimentation de la révolte des classes populaires.

Yassine Ayari, ce formidable révélateur

En photographie argentique, on appelle révélateur le bain chimique dans lequel on plonge un cliché pour faire apparaître l’image. Depuis dimanche, ce procédé a été appliqué à la classe politique tunisienne et le résultat est d’une netteté ahurissante. En effet, jamais le résultat d’une circonscription à l’étranger n’aura été aussi riche d’enseignements.

Pourquoi je n’ai pas aimé « El Jaïda » de Salma Baccar ?

J’ai pu assister la semaine dernière à la projection du film El Jaïda de Salma Baccar actuellement projeté dans plusieurs salles de cinéma de la capitale. Sarcastique, j’ai écrit sur ma page Facebook : « j’aurais aimé que le film soit appelé « c’est ça le vrai Bourguibisme » au lieu d’être appelé El Jaïda ». Beaucoup de mes amis ont cru que c’est une position « politique ». Certains ont pris mes propos pour un anti-bourguibisme primaire. D’autres ont interprété cela comme étant une position contre la réalisatrice.

Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ?*

La Tunisie doit se défaire d’un fatalisme inouï dont les avatars principaux sont l’argutie, l’autoflagellation et le nanisme. Cet état d’esprit généralisé imprégné de morosité et d’impuissance mérite une réflexion profonde préalable à tout dénouement : Il y a ceux qui veulent faire, ceux qui regardent faire et ceux qui empêchent de faire. Qui fera en sorte que ces derniers ne soient pas les plus nombreux ?

Le marché du pouvoir, fondement de l’Etat du non-droit en Tunisie

En Tunisie, dans un Etat où les autorités n’ont pas la compétence ou bien l’objectif d’œuvrer pour le bien public, dans un Etat dont la justice est gangrenée, à l’arrêt, où le non-droit est la règle, le citoyen ne peut faire valoir ses moindres droits qu’en usant d’un certain degré de pouvoir personnel, direct ou indirect. Le pouvoir peut s’acquérir de différentes manières. A mille kilomètres du pouvoir politique, il existe en Tunisie un système du pouvoir, ou des pouvoirs, extrêmement étendu, couvrant toutes les couches sociales et s’infiltrant dans tout type de métier ou d’activité.

Chokri Belaid, le martyr malmené

Quatre ans et neuf mois se sont écoulés depuis l’assassinat du martyr Chokri Belaid. Le tribunal de première instance de Tunis a reporté, le 21 novembre, l’examen de l’affaire pour le 20 février 2018. L’analyse impartiale de chaque point de vue, qu’il soit politique, juridique ou sociale, aboutit au même constat et accuse le même instigateur à savoir la tendance islamiste du pays, à sa tête le parti Ennahdha. Quatre ans et neuf mois représentent un temps précieux, offrant le recul et le discernement nécessaires pour rendre justice, avec ou sans la Justice.

Mouvements sociaux et environnement : Quels horizons en Tunisie ? (Partie II)

Dans la première partie, nous avons présenté les revendications des différents mouvements sociaux liés à l’environnement. Dans cette seconde partie, nous présentons les leçons à tirer des différents mouvements présentés dans la première partie. Nous n’avons présenté que les mouvements sur lesquels nous disposons d’informations ou les avons suivis lorsqu’ils ont eu lieu. Ceux non évoqués sont ceux pour lesquels des données nous manquent. Les lecteurs peuvent, dans leurs commentaires, nous éclairer sur des thématiques que nous n’avons pas évoquées ou des mouvements que nous avons omis.