Blogs 1373

Edition en Tunisie : la faillite morale et éthique du système mise à nu

Dans une récente conférence de presse, Héla Ouardi, directrice du livre au ministère de la Culture, a présenté, preuves à l’appui, un cas de faux et usage de faux aux fins d’obtention de fonds publics de la part du président de l’Union des Editeurs Tunisiens assorti d’une tentative de corruption d’un auteur dans le but d’acheter son silence. Elle a déclaré en avoir informé son supérieur hiérarchique, le ministre de la Culture, qui aurait réagi en la destituant de son poste.

Le monde selon Mohamed Ben Salmane

L’histoire des Saouds est une trame shakespearienne écrite par un pigiste à deux sous. Les enjeux sont passionnants mais le récit est sordide. Pour faire court, il faut faire l’impasse sur une histoire de près de trois cent ans et se focaliser sur les quarante dernières années. Un nom: Fahd Ibn Abdel-aziz. Il résume à lui tout seul toute l’ambivalence de la famille royale saoudienne contemporaine. Lui aussi se proclamait moderniste. Lui aussi est arrivé tout fringant après le règne de deux vieux rois. Lui aussi voulait en découdre avec les Iraniens et il l’a fait avec les conséquences que l’on connait.

Yaoumiyet Mouaten : la télé sociale, du mauvais cinéma

L’émission de Yaoumiyet Mouwaten du 21 Octobre 2017 a pris pour sujet les conditions difficiles d’une école à Hofret El Jinnah, village perdu au milieu des montagnes de Jendouba. Non seulement le journaliste a pris le pouvoir dans la classe mais, symboliquement, le journaliste a pris le pas sur l’enseignant dans le champ de la production intellectuelle et culturelle : C’est le journaliste qui fait la leçon ! Nous ne sommes plus dans le contrôle de la visibilité exercé par le journaliste ; nous sommes dans la mise à mort pur et simple, avec la langue française pour guillotine !

Elections municipales : une urgence sous-estimée

La gouvernance tunisienne a été perturbée par la défaillance d’autorité d’Etat et le bouleversement du dispositif juridique. L’Etat doit assurer la continuité de son action malgré une période cruciale où l’anarchie a gagné en légitimité. La responsabilité collective oblige à une permanence des pouvoirs publics, quel que soit leur mode de nomination. La défaillance d’autorité locale a beaucoup nui à l’État de droit, à l’intérêt public, aux innombrables conséquences de la défiguration de l’espace, des paysages, des ressources etc. Il est urgent de restaurer une autorité légitime, pour protéger, autant que possible, l’espace public et les intérêts collectifs.

Takriz, focus sur les maquisards de la cyberdissidence tunisienne

Haï par les uns, adulé par les autres, le collectif Takriz reste méconnu des voix qui ne se sont libérées qu’après le 14 janvier 2011. Pourtant, certains se permettent de juger, de critiquer, d’avancer diatribes et sentences, argumentant d’une méconnaissance affichée de l’Histoire. Maintenant que la révolution a quasiment reçu le coup de grâce par la loi de réconciliation nationale, il est temps de rendre à César ce qui est à César.

Réformer le système éducatif tunisien, une priorité négligée

Réformer le système éducatif tunisien à l’aune de la révolution de 2011est d’une priorité absolue dans cette période de transition démocratique. Cette réforme tant attendue est la toile de fond de la citoyenneté de demain. Incontestablement, la réforme éducative est la clé de voûte des solutions à trouver pour endiguer le chômage de masse et stabiliser la démocratie tunisienne.

Les faces cachées des relations tuniso-franco-européennes (6)

L’étude de l’évolution des relations tuniso-européennes après la conquête ottomane de Tunis en 1574 -à l’issue d’une âpre lutte avec l’Espagne pour le contrôle de la rive sud de la Méditerranée- revêt une importance particulière dans la mesure où elle correspond à la fin de la dynastie hafside au Maghreb et au partage territorial de cette région désormais constituée de provinces séparées relevant chacune directement de la Sublime Porte.

Slim Chaker à la tête du ministère de la Santé : une nomination irresponsable

Youssef Chahed vient de constituer le dixième gouvernement de la Tunisie postrévolutionnaire. Le renouvellement est constructif, me dira-t-on ! Mais quant il est abusé, le renouvellement devient une aberration, une manipulation, de la poudre aux yeux, principalement en politique, où la langue de bois est un outil essentiel. En atteste la nomination de Slim Chaker à la tête du ministère de la Santé.

La guerre perdue de Youssef Chahed

Lors de son discours belliqueux à l’occasion du vote de confiance à son gouvernement remanié devant l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le 12 septembre 2017, Youssef Chahed, le chef du gouvernement tunisien, a ouvertement déclaré la guerre aux quatre cavaliers de l’apocalypse qui en Tunisie se nomment terrorisme, corruption, chômage et disparités régionales. Malgré ses visibles échecs sur les trois fronts socioéconomiques, et surtout la mise en berne de la lutte anticorruption, il prétend, selon ses dires, qu’avec un simple remaniement, il peut faire de ses ministres « un gouvernement de guerre » capable de reprendre l’initiative stratégique. Mais à y voir de près, l’armée hétéroclite qu’il a levée tient plus d’une fanfare militaire que d’une troupe de combat.

Polémiques Kamel Daoud/Leila Slimani : Décoloniser la littérature des agités du bocal

Le bébé est mort, écrit Slimani dans l’ouverture de sa Chanson douce. Mais qui a tué le môme au juste ? En tous cas, la nounou n’y est pour rien. Ce que se forcent les membres de la confrérie à négliger, par omission et/ou indifférence, c’est que publier un ouvrage dans un idiome français d’Afrique – français du lycée Descartes de Rabat ou du Quotidien d’Oran – ne signifie pas promettre une allégeance éternelle et inconditionnelle à une hégémonie idéologique francophone, dominant et hantant le fantasme d’une identité culturelle. Trahir pour écrire, d’accord, mais trahir soi-même et le monde pour rester fidèle au texte – le texte n’est-il pas le monde de l’écrivain ?

« Tunisie Insoumise ! » : Appel pour un mouvement alternatif lors des élections municipales

En ce 17 décembre 2017, ce sera la sixième année de notre révolution. Il a fallu attendre six années pour qu’enfin adviennent les premières élections municipales de la nouvelle ère. Et les voici reportée à une date inconnue. Entre-temps, nous avons eu l’élection de la Constituante et son gouvernement et président provisoire ainsi que les premières élections présidentielles et législatives post-nouvelle Constitution. Les premières élections municipales libres sont prévues pour 2018. Une occasion de stopper le règne de la médiocratie.

Héritage : Au-delà de l’égalité, pourquoi pas la taxation ?

Notre nonagénaire de président, Si’l Beji, profita de la torpeur de l’été pour jeter un pavé dans la mare autour de questions dont sont friands les sites d’info-divertissement et autres réseaux sociaux et leurs pièges à clics. A propos de la question de l’héritage, n’est-il pas venu le temps de poser, non pas la question de « l’égalité » devant ce qui semble, indéniablement, être un déni de justice, mais la « taxation » de ce dernier ? Voilà les termes d’un débat qui peut rendre un peu de justice redistributive.

Enfants ruraux, encore une rentrée qui s’annonce difficile !

Il est indéniable que l’école continue à jouer un rôle central dans la vie de toute famille de ce pays, et de la société en globalité. Malgré le flétrissement continu de son image depuis une vingtaine d’années, elle demeure tout au moins l’espoir de tous ceux qui ne disposent de rien pour vaincre les difficultés de la vie et espérer un mieux-être dans l’avenir… Ce texte est un plaidoyer pour l’école publique malgré tous les efforts -conscients ou pas- pour la mettre au plat et vanter les avantages du privé pour une société supposée intégrée dans une économie mondialisée.

Gouvernement Chahed II : Bis repetita

La trouvaille du « gouvernement de consensus national » présidé par Habib Essid, puis celle du « gouvernement d’union nationale » du fringant Chahed ont suivi le gouvernement de « technocrates » sous la férule d’un « expert » tout droit parachuté par les « pétroliers », Mehdi Jomaa. Leurs échecs ont l’avantage de clore les bavardages sur les possibles colmatages du système.

Les tortues en Tunisie, pour quand une protection effective ?

Dans le présent papier, nous passons en revue l’état de conservation des différentes espèces de tortues vivant en Tunisie (espèces d’eau douce, marines et terrestre). Nous nous arrêtons sur les différentes menaces pesant sur les différentes populations de ces espèces et enfin nous plaidons pour une meilleure conservation de celles parmi elles qui sont sous différentes formes de pression.

L’arabe dialectal tunisien s’achemine vers la créolisation

Une vidéo de Nawaat dans laquelle une pharmacienne de Tataouine s’exprime à propos du mouvement de protestation d’El Kamour constitue un excellent échantillon sur le processus de décomposition de l’arabe dialectal tunisien. Il s’agit d’une évolution dramatique, à mon sens, du parler tunisien qui se dirige immanquablement vers la créolisation, c’est à dire un langage où se mélange sans harmonie aucune, deux langues, en l’occurrence, le parler tunisien tel qu’il était pratiqué par nos aïeuls jusqu’à la fin des années 1970, illustré à merveille par le compteur populaire feu Abdelaziz El-Eroui, et le français.

Damas, nouvelle Mecque du « clan patriotique arabe »

Damas est devenue la nouvelle Mecque de tout ce que compte en Tunisie de serviteurs zélés de la contre-révolution rampante. Après la délégation de parlementaires avec un contingent important de députés du Front Populaire, qui a tenu à faire la pose au mois de mars avec le bourreau du peuple syrien, voici qu’une délégation nombreuse de la direction de la centrale syndicale, l’UGTT, a tenu à indiquer de quel côté la nouvelle bureaucratie issue du dernier congrès compte s’afficher.

Le difficile combat contre des mentalités anachroniques

Les différents organes de presse, comme la plupart des observateurs et membres de la société civile sont unanimes pour saluer la nouvelle loi organique (qualifiée d’intégrale) relative aux violences faites aux femmes qui vient d’être adoptée à l’unanimité par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) le 26 juillet 2017. On ne peut bien évidemment que joindre notre voix à la leur pour se féliciter de cette nouvelle avancée enregistrée par la Tunisie dans le domaine de la défense et de la consolidation des droits de la femme. Mais, ce faisant et pour garder un minimum de lucidité et ne pas tomber dans une euphorie démesurée, disons tout de suite que les problèmes visés par cette loi (aussi importante et précise soit elle) sont loin d’être définitivement réglés. Car si les lois sont nécessaires et indispensables, elles ne sont hélas jamais suffisantes pour éradiquer les délits et infractions auxquels elles s’attaquent.