14 Janvier 260

Reportage: Que reste-t-il de la mémoire du 14 janvier dans les rues de Tunis ?

Tunis, janvier 2018. Le pays célèbre 7 ans depuis la chute du régime autoritaire. Le 14 janvier 2011 a marqué un tournant historique, celui du passage de l’autoritarisme à la démocratie, aussi balbutiante soit-elle. L’espace public était le témoin de la rage populaire contre le pouvoir. Est-il fidèle à cette mémoire ? Les autorités post-révolutionnaires sont-elles conscientes de cet enjeu ? Les constats sont amers.

« Demain dès l’aube » de Lotfi Achour : sur le terrain glissant de l’intime

Avec « Demain dès l’aube », Lotfi Achour a fait le pari d’un film intimiste où l’intimité serait un tremplin plutôt qu’un enjeu. Le risque, dans ce film plein de conviction, est de ne convaincre qu’en pinçant la corde de l’émotion. Pour distiller à l’écran le vague à l’âme d’une jeunesse désenchantée et d’une révolution confisquée, le cinéaste a beau jeu de le montrer d’un œil saturé, sa fiction se prend les pieds dans un tapis psychologisant. Bien qu’empaqueté dans son écrin de joliesse, ce premier long-métrage peine à embrasser d’un geste tout ce qu’il convoque.

Blessés et martyrs de la révolution : un combat contre l’oubli

Samedi 14 janvier 2017, à l’audition de l’Instance vérité et dignité (IVD), Moslem Kasdallah, Khaled Ben Nejma et Rached El Arbi, blessés de la révolution, prennent la parole pour faire revivre une vérité négligée par les médias dominants, le système judiciaire et les appareils répressifs de l’État. Les trois témoignages mettent à nu la cruauté et le sang froid avec lesquels les forces de l’ordre ont exécuté près de 338 personnes et en ont blessé 2174 autres.

Témoignage : Sousse, le 6 janvier 2011

Nous étions entre mille et deux milles étudiants, rassemblés derrière les remparts de la faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse. La révolution s’était déjà déclenchée et l’émotion atteignait des sommets après l’annonce du décès de l’homme immolé. Chacun de ces deux milles était prêt à devenir un kamikaze. Devant nous quelques dizaines de policiers armés, rangés en lignes et colonnes, attendaient depuis très tôt les ordres.

« Zizou » de Férid Boughedir : le fiasco du ridicule

Quelle est la différence entre une bonne comédie et une très mauvaise comédie ? Exactement celle qui fait qu’un trait sec et mordant ne verse jamais dans le ridicule. « Zizou », le dernier film de Férid Boughedir, le prouve. S’il enfile les mêmes culottes idéologiques, le cinéma de Boughedir semble tirer ici de nouvelles ficelles. Mais avec un chapeau de paille et une chemise à carreaux, le pari est loin d’être gagné.

14 janvier 2011 : la nuit des longues matraques

Le 14 janvier 2011, le soulèvement populaire gagne l’Avenue Habib Bourguiba. Bravant la peur, les manifestants étaient au seuil du pouvoir de Ben Ali : le ministère de l’Intérieur. Vers 14h30, un camion arrive, longe le ministère de l’Intérieur et s’arrête au niveau de l’horloge du centre-ville. La rumeur court qu’il s’agit du cortège funèbre de Anis Ferhani, tombé sous les balles de la police, la veille, au quartier de Lafayette. Une vague d’émotion saisit les manifestants, rassemblés depuis le matin, qui reprennent les slogans les plus hostiles au régime. Une salve de gaz lacrymogène s’abat sur la foule. Les gens courent dans tous les sens. C’est la panique. Retour sur une longue nuit de répression

Révolution mon amour

Le 17 décembre 2010, un jeune tunisien s’immole par le feu. Les régions se soulèvent une à une. Après 23 ans de dictature, le 14 janvier 2011, Ben Ali quitte la Tunisie. Comme tant d’autres tunisiens, Karim Rmadi, Olfa Lamloum, Ghassen Amami et Selim Kharrat décident de revenir au bercail. A chacun des raisons, une réinsertion dans cette « nouvelle » Tunisie et un avenir qu’il lui imagine.

14 janvier 2015 : la concurrence mémorielle institutionnalisée par la présidence

Dans le fraîchement entamé mandat du président Béji Caïd Essebsi, il y aura un avant et un après 14 janvier 2015. Véritable acte fondateur de cette mandature, nous n’avons pas fini de tirer les leçons du houleux incident survenu au Palais de Carthage, en marge de la cérémonie de commémoration du quatrième anniversaire de la révolution de la dignité, rebaptisé pour l’occasion « Fête de la révolution et de la jeunesse » par l’entourage du bientôt nonagénaire.

La presse internationale et le deuxième anniversaire de la chute de Ben Ali

C’est une impression d’apathie qui ressort en parcourant la presse internationale ce 14 janvier à la recherche d’articles sur le deuxième anniversaire de la chute de Ben Ali. La majorité relate simplement les marches organisées à Tunis à cette occasion. Les quelques articles d’analyse donnent dans l’ensemble l’image d’une Tunisie engluée dans une transition qui ne tient pas ses promesses.

Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes fêtards

C’est avec un profond sentiment de désarroi et un certain malaise que je vous vois fêter le deuxième anniversaire de notre révolution, malencontreusement trahie. Nos réalisations depuis deux ans, si réalisations existent, méritent-elles vraiment d’être célébrées? Avons-nous réussi le processus post-révolutionnaire? Les objectifs de la révolution sont-ils dignement atteints? Malheureusement, NON.

Tunis : Célébration du 14 janvier en images

« Enfin, il y a du multipartisme » s’est exclamé aujourd’hui, 14 janvier 2013, un jeune tunisien venu célébrer le deuxième anniversaire de la Révolution tunisienne. A l’avenue Habib Bourguiba, artère principale de la capitale de la Tunisie, plusieurs partis politiques ont envahi la rue. Cliquez sur la flèche pour visualiser les images.

L’homme à la baguette

Mahmoud, la quarantaine avancée, vit dans cette ville qui ne se vide qu’aux heures où les chats gris et affamés chassent les humains et occupent l’avenue principale de Tunis où ils se disputent les restes de poissons que jettent les restaurateurs pour emplir les ventres gavés des camions éboueurs.

La révolution tunisienne entre mémoire et histoire

Si l’histoire de la révolution tunisienne a au plan du savoir un commencement distinct, marqué par Sidi Bouzid et Kasserine, voir des origines plus anciennes et plus symboliques comme les événements du bassin minier de Gafsa, ses problèmes majeurs d’écritures, et, pour le dire d’emblée, ses difficultés, ses embarras, lui viennent de plus loin. À ce niveau on peut constater l’existence d’un triple héritage

Shakespeare et 14 janvier : Relecture politique d’Hamlet suite aux Journées Théâtrales de Carthage

La nuit du 6 au 7 novembre 1987 : une mauvaise adaptation tunisienne d’ « Hamlet » commence. Le général Ben Ali joue le rôle de Claudius, celui qui tue son grand frère pour être roi à sa place, qui n’a pour but que rester le plus longtemps possible au pouvoir et qui ne fait que propager la corruption, la décadence et la pourriture au sein de son royaume. La population est Hamlet, qui s’atermoie longtemps avant de passer à l’acte et destituer Claudius. Or, à cause de sa procrastination, de ses incertitudes et de son tiraillement, il succombe aussi à son plan et le royaume est pris par un Fortinbras, un prince ennemi, un emir du Qatar : les intérêts géopolitiques et géostratégies exogènes.