Que les auteurs du projet de la loi sur la réconciliation eussent eu consacré autant d’effort et autant d’énergie pour secourir cette grande sinistrée, qu’est la Justice tunisienne, nous n’en serions sûrement pas là aujourd’hui ! C’est ce que, déjà, depuis quatre ans, nous écrivons et rappelons sans relâche sur Nawaat. On ne rend pas la justice à coup de lois immunisant les infractions pénales au profit d’une catégorie de la population, mais en donnant les moyens à ladite justice pour faire son travail, quel que soit le “statut” social ou économique du justiciable. Il faut être littéralement aveugle et sourd pour ne pas […]
Le nom de Fathi Abdennadher ne vous dit pas grand-chose et pourtant! Introuvable le jour où Ben Ali est tombé, ce juriste rôdé au traficotage des textes juridiques et aux tricheries électorales, reprend du service. Un document obtenu par Nawaat prouve sa complicité dans l’élaboration du projet de loi contre-révolutionnaire de réconciliation économique et financière, cousu dans l’antichambre du palais de Carthage, sous la houlette de Ridha Belhaj dir-cab de BCE.
Sa Sainteté l’État tunisien, en bon souverain divin dispensant sa générosité céleste aux puissants malfrats bien lotis, a embrassé par sa sage providence les corrompus du passé en décrétant leur absolution de tous les péchés. Pour ceux qui disposent de l’argent, ceux qui volent de l’argent, ceux qui détournent de l’argent à leur profit et ceux qui l’empruntent au souverain pontife en prenant leurs jambes à leur cou, le chemin de la rédemption est bien tracé. La miséricorde leur est accordée, la vie éternelle est leur.
Dans ce que les opposants appellent désormais « la guerre déclarée du Président contre la justice transitionnelle », le projet de loi organique n°49 lié à la réconciliation dans le milieu économique et financier ne cesse d’alimenter un débat houleux entre une minorité résistante et une majorité partisane.
Récemment, depuis que le pouvoir politique a révélé au grand jour son intention de faire voter un projet de loi sur la réconciliation économique et financière, la polémique est défrayée. La réémergence de la thématique de la justice transitionnelle, longtemps cafouillée sous l’effet d’un brouhaha incessant causé par la thématique du terrorisme, est de ce fait marquée par un clivage profond entre les formations au pouvoir d’un côté et celles de l’opposition et d’une grande frange de la société civile de l’autre.
Controversée depuis sa nomination, Majdouline Cherni, secrétaire d’État chargée des blessés et des familles des martyrs, ne réussit pas à calmer les esprits et à convaincre une large partie de la société civile de l’efficacité de son travail. À travers une série d’apparitions médiatiques, elle essaie, tant bien que mal, de mettre en valeur une panoplie de nouvelles mesures et quelques avancements dans le dossier.
Sur Mosaique FM, la désinformation était à son comble, ce mardi 20 janvier 2014. Interviewé sur sa propre radio par un collègue, Naoufel Ouertani, également animateur de l’émission « Labés », récemment épinglée par la Haica pour « apologie de la torture », déclarait que le régulateur méconnait le journalisme et que sa sanction outrepasse ses prérogatives (sic).
L’année 2014 a trahi ses promesses du fait de certaines pratiques répressives. Brutalité policière, torture et procès iniques continuent à être à l’ordre du jour. Légitimés par la lutte contre le terrorisme et les échéances électorales, ces manquements ont lâché la bride, de nouveau, aux forces de sécurité qui ont récidivé dans la violence. La glorification de la police et de l’armée qui « s’exposent aux dangers du terrorisme» fut, ainsi, le maître-mot de ce retournement de situation.
En bloquant le processus de la justice transitionnelle, plusieurs candidats actuels aux législatives et présidentielles, sont pointés de doigt pour des crimes passés. Les voir au pouvoir est inadmissible pour certains, alors que les écarter, sans preuves ni procès, n’a aucun sens pour d’autres. Seront-ils épargnés, une fois au pouvoir, par la justice ? La moitié de la réponse à cette question est noyé dans un passé d’impunité.
La plupart des tortionnaires de Ben Ali n’ont toujours pas rendu des comptes, ni à leurs victimes ni à la société. Pire encore, celui qui fut le secrétaire général du parti “grand ordonnateur” de ces atrocités, en l’occurrence, Mohamed Ghariani, se retrouve aujourd’hui assis à côté de Béji Caïd Essebssi, au sein d’une organisation qui aspire à gouverner la Tunisie. Le tout comme si de rien n’était !
A leur huitième jour de grève de la faim, Ayoub Amara et Walid Azouzi revendiquent, toujours, leur droit à l’intégration dans la fonction publique. Anciens prisonniers et chômeurs, ces deux militants politiques disent avoir épuisé toutes les pistes de négociation avec le gouvernement et l’Assemblée Nationale Constituante, avant d’en venir à la grève de la faim, entamée lundi dernier, au local de l’Union Générale des Étudiants Tunisiens.
Force est de constater que la réussite de la « transition démocratique » que le gouvernement appelle de ses vœux ne repose pas seulement sur le rétablissement de la croissance, l’organisation d’élections libres et la mise en œuvre d’une constitution. Elle passe aussi par l’abandon des violences policières et la révision de procédures judiciaires aussi injustes qu’absurdes dans le contexte d’une démocratie qu’on veut apaisée. Elle repose sur la capacité des gouvernants à susciter la confiance de leurs administrés.
L’objectif du parachèvement de la Constitution la veille du 3ème anniversaire de la révolution s’éloigne d’heure en heure, à mesure que les débats à l’Assemblée s’enlisent dans les « pour » ou « contre » les 86 pages de 300 amendements : deux jours ont été nécessaires pour voter 15 articles sur un total de 139. En une semaine, l’opposition et la contestation au sens plus large ont multiplié les couacs sur les plans constitutionnel, politique et médiatique.
Les fuites et spéculations vont bon train au sujet de la composition du futur gouvernement Mehdi Jomâa, le 6ème après la révolution. Ce dernier semble avoir tiré les leçons de l’impopularité de l’équipe ministérielle dont il est lui-même issu. Encore meurtrie par la tournure du dialogue national, l’opposition hésite, selon ses composantes, entre jouer le jeu et faire obstruction.
La semaine sociale du 25 novembre au 1er décembre s’annonçait chargée, avec la commémoration sous haute tension des évènements dits du « rach » à Siliana, une violence étatique encore largement non élucidée et dont l’impact va bien au-delà du rayon de ce gouvernorat.
Au moment où les responsables politiques s’appliquent à chercher la meilleure recette en mesure d’assurer la poursuite de la transition vers la démocratie dans le pays, force est de constater que trop de boulets continuent à retarder cette évolution que tout patriote sincère souhaite pour la Tunisie.
Alors que la constitution est presque achevée, les députés se sont également penchés sur une question sensible: l’examen du projet de loi de justice transitionnelle. Après une audition du ministre des droits de l’Homme et de la justice transitionnelle, la commission poursuit encore ses travaux cette semaine.