Malgré les ravages avérés des pratiques anticoncurrentielles -décryptées dans cet article -, les entreprises mises en cause parviennent toujours à tirer leur épingle du jeu. A qui la faute ?

Malgré les ravages avérés des pratiques anticoncurrentielles -décryptées dans cet article -, les entreprises mises en cause parviennent toujours à tirer leur épingle du jeu. A qui la faute ?
Le chef de l’Etat a abordé le 13 janvier 2025 le sujet des entreprises/organismes publics. Il a reproché à la fois leur inutilité et leur coût pour le budget de l’Etat, donc pour le contribuable. Par conséquent, le président a appelé à les réformer, voire à en faire disparaître quelques uns. Sa déclaration a un tant soit peu surpris. Mais pour l’instant Kais Saied accorde la priorité à la restructuration du dispositif d’appui à l’investissement.
Le pouvoir y voit une solution aux problèmes économiques et sociaux et, même, selon certains, un moyen de se donner une base sociale et politique. Mais les organisations syndicales ou patronales, ainsi que la société civile, demeurent sceptiques à l’égard de cette nouvelle forme d’entreprises.
L’affaire de la Banque franco-tunisienne connaît un énième rebondissement opposant son actionnaire majoritaire, la société ABCI Investments Limited, à l’Etat tunisien, qui la lui a confisquée. Une décision du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) est tombée le 21 novembre 2024. Mais le CIRDI et le chef du Contentieux de l’Etat tunisien la présentent différemment.
Le président Kais Saied veut faire de la Tunisie le deuxième pays africain à se doter d’un TGV après le Maroc. Mais la réalisation de ce projet pharaonique pose plusieurs problèmes. Et la Tunisie ne semble pas aujourd’hui dans les meilleures dispositions économiques et financières.
Avec un bilan qu’il sait catastrophique, le gouvernement peine à trouver des ressources suffisantes pour redresser la barre. D’où ce ronron budgétaire qui annonce de nouvelles années de vaches maigres. Pris au piège de son souverainisme, il n’a plus d’autres choix que de continuer à quémander toujours plus de prêts.
Entre les envolées lyriques du discours souverainistes du président de la République, et la réalité des accords conclus et des prêts approuvés à l’Assemblée des représentants du peuple, depuis le 25 juillet 2021, le fossé est abyssal.
De nouveaux rebondissements dans l’affaire du projet Marina Gammarth mettent en évidence la corruption impliquant nombre de ministères et de cadres de l’État, y compris durant les deux gouvernements post-25 juillet.
Au cœur de Tunis, à quelques mètres de la station de métro et de la Place de Barcelone, une voiture de police et des agents surveillent le mouvement des passants de la rue d’Espagne. La police n’a pas quitté les lieux depuis le 9 septembre dernier, par crainte du retour des centaines de vendeurs à la sauvette qui occupaient la voie publique.
Le Fonds qatari pour le développement n’en finit pas de susciter la polémique en Tunisie. La convention relative à l’ouverture de son bureau dans notre pays avait déjà été l’objet de deux recours d’inconstitutionnalité sous l’ancien Parlement. Et voici que la controverse rebondit alors que le rôle des députés actuels est des plus restreints.
Nécessaire, l’audit des recrutements et des opérations d’intégration réalisées au cours des douze dernières années n’est pas en train d’être mené tel qu’il aurait dû l’être, puisqu’il exclut de cette opération ceux effectués après le 25 juillet 2021. C’est-à-dire sous la présidence de Kais Saied. Ce qui constitue à tout le moins une violation du sacro-saint principe de l’égalité des Tunisiens devant la loi.
« Le partenariat maudit », de Houcine Ben Amor, écrit en collaboration avec la journaliste Bahija Belmabrouk, et présenté comme un travail d’investigation, tient un peu de l’enquête et beaucoup du réquisitoire. En choisissant d’occulter certains faits, les deux journalistes ont pris des libertés avec la vérité.
« Il est anormal que dans une petite économie comme celle de la Tunisie, six ou sept banques soient contrôlées par des familles ». Et « ces familles ne contrôlent pas seulement le capital mais aussi les dépôts collectés par les banques (…) qui accordent la priorité au financement de leurs propres entreprises. Et là il y a concurrence déloyale », déclare un expert tunisien du secteur.
Accusés de voler le travail des Tunisiens, les migrants sans-papiers répondent pourtant à un besoin de main d’œuvre dans plusieurs secteurs boudés par les travailleurs locaux. La régularisation de la main d’œuvre étrangère permettra de cesser la chasse aux migrants. Mais également à endiguer l’exploitation dont ils sont victimes aujourd’hui.
Les terres agricoles représentent 62% de la surface totale du pays. Mais chaque année, plus de 20 mille hectares disparaissent sous le double effet de l’érosion et de l’urbanisation. Un phénomène dont les conséquences sociales et environnementales sont irréversibles.
L’échec de l’Algérie à intégrer les BRICS, malgré son poids démographique, géographique, économique et financier, a eu un effet inattendu : il a fait perdre leurs illusions aux «Bricsistes» tunisiens qui rêvaient de voir leur pays y adhérer.
La question peut sembler provocante, compte tenu du discours souverainiste de Kais Saied. Mais les faits sont têtus. A bien des égards, Carthage paraît s’ancrer dans le giron occidental, en mettant au moins partiellement en œuvre la politique préconisée par le FMI.
Après avoir laissé le gouvernement travailler à la mise en place d’un programme de suppression des subventions des produits de base, le président Kais Saied a tourné casaque.