Deux livres percutants pointent le malaise de la masculinité dans la culture maghrébine et arabe. Il s’agit de King Kong Théorie, l’essai cultissime de Virginie Despentes, enfin traduit en arabe, et Les styles de la masculinité, écrit par de jeunes chercheurs et chercheuses, sous la direction de l’islamologue tunisienne Amel Grami. Objectifs affichés : déconstruire une masculinité mortifère.
Écriture indienne au féminin : l’intimisme au service de l’anti-hégémonie
L’Inde au croisement de diverses hégémonies et conflits internes qui régulent son quotidien est critiquée par ces écrivaines qui dénoncent cependant, tout autant, un Occident basé sur une modernité hégémonique et dévastatrice, un occident qui traite souvent les pays du Sud soit d’une manière kitch, profondément orientaliste, soit directement dénigrante et ne mettant en exergue que ses problèmes, sans chercher à en exposer les causes.
Les réalités que Imed Hammami feint d’ignorer
Ne vous en déplaise, Si Imed Hammami, nous ne sommes pas une sous-humanité, ni des créatures génétiquement inférieures en droits et en dignité.
Cinéma: « I and the Stupid Boy » de Kaouther Ben Hania, prête-à-porter
Film de commande, « I and the Stupid Boy » de Kaouther Ben Hania est son dernier court-métrage en date. S’il appuie sur ses partis-pris féministes, dans la lignée de ce que souhaite célébrer la marque du prêt-à-porter Miu Miu, son volontarisme finit par rattraper ses idées de mise en scène.
Le président Saied tourne en dérision les droits économiques et sociaux des Tunisiennes
«Sous la présidence de Saied, la Journée nationale de la femme s’est vidée de toute signification», a déclaré à Human Rights Watch la militante féministe et avocate Bochra Belhaj Hmida. « Il a fait tout ce qu’il n’aurait pas dû faire, et rien de ce qu’il aurait dû faire».
Femmes en postes de responsabilité : loin de la figurante… la sorcière
Le féminisme d’Etat affiché comme faire valoir démocratique avait pour corollaire un sexisme anti-femme pratiqué à une large échelle dans la vie publique et distillé régulièrement dans les journaux contrôlés par les officines du ministère de l’Intérieur. A l’intérieur de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), certains membres masculins avaient du mal à accepter une femme à leur tête. Le délit d’indépendance est celui qu’on pardonne le moins. J’en ai fait l’expérience.
Enquête : Baya TV… strass, paillettes et démarche «suspecte»
Après le tapage médiatique sur Baya TV, la chaîne de télévision a arrêté la diffusion. Le projet, qui a coûté des milliards selon son promoteur, a pris une fausse route. Freiné par une décision de la HAICA, le plan du fondateur de la chaîne, Marwen Ratel, est l’illustration d’un paysage médiatique déroutant.
Adieu, Nawal Saadawi, je vous aimais bien…
Je peux le dire aujourd’hui, entre Nawel Saadawi et moi, ce ne fut pas le coup de foudre, mais un amour qui s’est construit progressivement. J’ai eu, en cela, beaucoup de chance : comme le veut la sagesse populaire (ou la science statistique), ce sont en effet de pareils commencements qui souvent font l’histoire d’une vie. Ce n’était pas son parcours qui m’interpellait ; il était admirable. Ce qui m’interpellait, c’était qu’elle faisait l’unanimité contre elle.
Réflexions en marge du discours de Kais Saied à l’occasion du 13 août 2020
Le moins que l’on puisse dire est que le discours du Président à l’occasion de l’anniversaire de la promulgation du CSP n’a pas laissé indifférent. D’abord en rendant justice aux oublié(e)s du récit officiel mais aussi du récit du féminisme de gauche tunisien et, implicitement à celui du féminisme islamiste local.
Falgatna : flashmob féministe contre les agressions sexuelles
Des dizaines de jeunes femmes tunisiennes se sont rassemblées, samedi 14 décembre, à la Place de la Kasbah pour un flashmob dénonçant le viol, le harcèlement sexuel et leur impunité. Il s’agit d’une reprise adaptée du chant et de la chorégraphie chilienne ayant fait le buzz fin novembre, « Le violeur, c’est toi ».
Féminisme et pensée décoloniale : Interview avec Françoise Vergès à Tunis
De passage à la Foire Internationale du Livre de Tunis, à l’occasion d’un débat sur les féminismes décoloniaux tenu dimanche dernier, Françoise Vergès, politologue et militante anti-impérialiste, auteure de « Un Féminisme Décolonial » (La Fabrique, 2019) s’est entretenue avec Nawaat. Une discussion sur le féminisme, sa manipulation par l’impérialisme et le néolibéralisme et les possibilités de le radicaliser.
Deena Abdelwahed : Ovni musical pour défaire les clichés identitaires
Encensée par la presse européenne, Deena Abdelwahed a connu une montée fulgurante depuis qu’elle s’est installée en France il y a presque 4 ans. Entre djing et compositions originales, cette artiste issue de la scène alternative tunisienne sillonne les clubs européens les mieux réputés et vient de sortir son premier album « Khonnar » en novembre 2018, après un premier EP « Klabb » en mars 2017 sous le label français de musique électronique InFiné. Sa démarche expérimentale, sa situation de migrante et son statut de femme artiste arabe suscitent notre curiosité. Nawaat l’a rencontré à Tunis quand elle est venue clôturer le festival Tashweesh, le 8 décembre, à l’invitation de l’association Chouf et l’institut Goethe.
Débat féministe : que faire de Alaa Chebbi ?
Le débat sur l’émission Andi Ma Nqolek [Quelque chose à te dire] après le passage d’une mineure violée par trois hommes de sa famille élargie est encore d’actualité. Entre les satisfaits de la sanction de la HAICA et ceux qui veulent porter plainte, les avis des féministes divergent. Un débat qui oppose, comme c’est souvent le cas, les différentes méthodes de militantisme féministe mais aussi le rapport de la société civile aux médias.
« Diva Mother F… » de Jihène Charrade : la modernité du burlesque
Fin août, Jihène Charrade publie son premier livre « Diva Mother F… ». Un recueil d’histoires drôles de jeunes femmes tunisiennes racontées dans un style burlesque qui défraye la chronique. Personne n’avait peint avec autant d’humour le comportement de la jeunesse féminine tunisienne. L’auteure développe une singularité qui, en aucun moment de ses chroniques, ne la quitta et ne la dévia d’un pas de ses satires jubilatoires envers ses compatriotes du même sexe.
Fawzia Zouari, du féminisme à rebours
Que faire au chevet d’une mère hospitalisée, agonisant à petit feu ? Dans son dernier roman, « Le corps de ma mère » (mars 2016), la réponse de Fawzia Zouari joue avec les deux faces d’une même médaille idéologique : en faisant parler sa mère, son récit insinue que féminisme et tradition sont inconciliables. Ce parti pris idéologique ne colle-t-il pas à une psychose coloniale qui se vomit à gros bouillons ?
Egalité dans l’héritage : les hommes du Front populaire ont décidé que ce n’était pas le moment
Une réponse autonome, c’est-à-dire localisée, contextualisée, populaire, à la question de l’inégalité dans l’héritage pourrait être apportée. Elle pourrait devenir une arme au service de la révolution et non pas un handicap ou un simple hochet que l’on agite selon les « moments » pour des objectifs qui n’ont rien à voir avec les droits des femmes.
Parce que le féminisme n’est pas réservé aux femmes
« Comment jugez-vous la situation actuelle de la femme tunisienne ? » C’est ainsi que l’association TOUNISIYETT a commencé la table ronde organisée samedi 31 janvier 2015 à Tunis et dont je faisais partie. Cet évènement fait partie du programme « The Women Policy Center » (WPC) connu sous le nom de « HEYA pour soutenir la femme leader ».
Eya, 13 ans, brûlée vive par son père : cela s’est pourtant passé en Tunisie… en 2014 !
Mercredi, 4 juin, à la Cité Ibn Khaldoun, un père a brûlé sa fille, Eya, 13 ans, après l’avoir vue dans la rue avec un de ses camarades. Le père qui s’est senti déshonoré a aspergé sa fille d’essence et a mis le feu à son corps. Il est actuellement en état d’arrestation. Admise au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, Eya a succombé à ses brûlures, après une agonie qui a duré des jours. Pour certains, ce crime terrifiant est un fait divers qui pourrait se passer dans n’importe quelle société et pas seulement en Tunisie. D’autres s’indignent en situant les faits dans un cadre plus général qui fait la lumière sur la posture de la femme dans la société tunisienne.