La très faible participation au premier tour des élections législatives met le pouvoir face à un dilemme : comment mettre en place un régime censé être l’expression des aspirations populaires sans le peuple ?

La très faible participation au premier tour des élections législatives met le pouvoir face à un dilemme : comment mettre en place un régime censé être l’expression des aspirations populaires sans le peuple ?
Lors des élections du 17 décembre, «nos observateurs ont été harcelés dans certains bureaux de vote», souligne le président d’ATIDE. Tandis qu’un responsable de Mourakiboun note n’avoir «rencontré aucune difficulté dans le recensement des données le jour du scrutin». Toutefois, les positions des organisations non-gouvernementales observatrices des élections convergent dans la critique du processus électoral dans son intégralité.
En ce 17 décembre, au centre de Thala, les habitants préfèrent profiter de la matinée ensoleillée près des ruines antiques. A Kasserine, un homme âgé clame près d’un bureau de vote: « aujourd’hui, le pays est à genoux, et avec ce scrutin il va finir par ramper ». Difficile de dénicher un quelconque indice de ferveur électorale dans ces villes, berceaux de la Révolution. Reportage.
Si les législatives 2022 affichent un si faible taux de participation, c’est parce qu’elles n’ont pas été entachées par l’argent politique et les irrégularités, claironne le président de l’ISIE. Mais qu’en est-il dans les faits ?
Présentées comme un moment politique crucial, les élections législatives du 17 décembre 2022 sont censées constituer le dernier acte de l’état d’exception enclenché le 25 juillet 2021. Cette affirmation mérite pour le moins d’être relativisée.
A peine 15% des candidats aux législatives de 2022 sont des femmes. Dans la sphère politique, la participation féminine se raréfie. Les candidates ont toutefois « le mérite » de se présenter aux élections malgré les obstacles, estime Torkia Ben Khedher, vice-présidente de la Ligue des électrices tunisiennes (LET). Reste que l’identité politique de ces femmes est difficile à cerner.
Le 17 décembre 2022 auront lieu les élections législatives, aboutissement du projet de refonte politique mené par Kais Saied depuis le coup d’État du 25 juillet 2021. Ces élections, censées redonner un nouveau souffle à la démocratie tunisienne selon les partisans du président, restent à ce jour un événement anecdotique sur la scène politique. Retour sur un processus voué à l’échec.
Les chiffres révélés par le président de l’ISIE suscitent pour le moins des interrogations. La parité hommes-femmes passe à la trappe. Et apparemment tous les Tunisiens ne bénéficieront pas nécessairement d’une représentation parlementaire. Tandis que la visibilité médiatique des candidats pose problème, puisqu’il s’agit désormais d’individus et non de listes électorales.
La nouvelle loi électorale édictée unilatéralement par le président de la République, Kais Saied, a soulevé un tollé auprès des défenseuses des droits des femmes. La dynamique féministe, regroupant plusieurs associations, a organisé, le 7 octobre, un sit-in devant l’ISIE en signe de protestation. Elles revendiquent une parité intégrale entre les hommes et les femmes dans le champ public. Et voici que Saied entend faire table rase de leurs acquis politiques.
[EDITO] Kais Saied vient d’ordonner à Najla Bouden d’amender la loi électorale déjà modifiée il y a trois semaines. Le président se fourvoie et entraine tout un peuple derrière lui, sans renoncer à sa cape de sauveur suprême. C’est la deuxième fois qu’il se rétracte après avoir publié un texte dans le JORT. Et c’est la nième fois qu’il est responsable de propagation de fake news. Et si on appliquait à Kais Saied le décret-loi 54 promulgué le 13 septembre dernier ? Le président risque 50 ans de prison ferme.
On impute souvent la crise politique permanente en Tunisie au mode de désignation des députés. Si le scrutin proportionnel aux plus grands restes a donné lieu à des assemblées fragmentées, le passage à l’élection majoritaire uninominale à deux tours n’est pas en soi une garantie de stabilité. En cela, l’analyse du cas français est riche d’enseignements.
Le 24 avril 2022, Emmanuel Macron a été réélu président de la République pour un second mandat de cinq ans. Ce vote a empêché la candidate de l’extrême droite d’accéder au pouvoir et d’appliquer un programme particulièrement xénophobe. Toutefois, il faudra attendre les élections législatives pour avoir une idée plus précise sur la politique de l’Etat français pour le quinquennat à venir tant les propositions semblent divergentes. Cela concerne notamment les relations internationales.
Dans son allocution du 13 décembre 2021, le président de la République Kais Saied a fixé le calendrier du référendum et des élections législatives anticipées, qui auront lieu respectivement le 25 juillet et le 17 décembre 2022. Il a exprimé également son intention de réviser les modalités d’organisation des élections et la méthode de sa supervision, «loin des lois taillées sur mesure». Où en est l’ISIE par rapport à ce calendrier ?
A Djebel Jelloud, l’un des plus anciens quartiers populaires de la capitale, la majorité des jeunes ont choisi de boycotter les législatives de 2019, imputant aux politiciens la responsabilité des difficultés sociales et économiques de la région. Certains votent Ennahdha, croyant ainsi appuyer Kais Saied, tandis que de nombreuses femmes déclarent soutenir Nabil Karoui et son parti. Le jour des élections, le 6 octobre, la caméra de Nawaat a relevé les réactions des habitants du quartier, entre désillusion et appels à résister.
Trois axes de réflexion menant à trois pistes d’actions méritent d’être proposés rapidement pour un débat nécessaire, suite à cette insurrection électorale. Pour ne pas laisser la vague monopolisée par les franges conservatrices et les adeptes de la restauration.
A quelques jours du scrutin législatif, un nouveau séisme a secoué la scène politique tunisienne pendant la soirée du 2 octobre après la publication de contrats signés entre des candidats aux élections législatives et présidentielles et des cabinets de lobbying et de consulting étrangers.
A Djebel Jelloud, les affiches déchirées des candidats aux élections législatives jonchent les murs. Elles côtoient des tags plus ou moins lisibles. A quatre jours des élections, rien n’annonce une atmosphère de campagne électorale. Un semblant de calme qui contraste avec un climat social marqué par la violence. Les situations des femmes témoignent du malaise de toute une région où la précarité détermine souvent le vote.
L’exercice politique n’exige aucun pré-requis selon le président de 3ich Tounsi, qui avance pour preuve l’échec de la classe politique en dépit de son militantisme partisan. Voici donc des acteurs de sitcoms et des chroniqueurs tv appelés à prendre la relève, pour ouvrir une brèche dans le « système » (sic).