« Je regrette le jour où j’ai lancé une pierre sur un policier », lance un habitant de Mellassine. 13 ans après la révolution, les ressentiments envers les policiers ne faiblissent pas pour autant. Plaque tournante du trafic de drogues, la cité s’enfonce dans la délinquance et la misère. L’étranger semble la seule porte de sortie.
Torture sous Kais Saied : Statu quo de l’impunité & migrants ciblés
Plus d’une centaine de nouveaux cas de torture et mauvais traitements ont été recensés en Tunisie durant les 18 derniers mois. Sous le règne de Kais Saied, l’appareil sécuritaire parait étendre son pouvoir, toujours dans l’impunité.
Cinéma : «Demain» de Dhafer L’Abidine, juste transitionnel
Entre l’intime et le politique, en s’élevant contre le déni de justice aux victimes du despotisme, «Demain » de Dhafer L’Abidine se distingue sans doute par une véritable sincérité. En revanche, il a les défauts de son ambition, c’est-à-dire un volontarisme du scénario couplé à une certaine naïveté. Actuellement en salles.
Cinéma : « Angle mort » de Lotfi Achour, nécessaire brûlot
C’est sans doute l’un des meilleurs documentaires de la décennie : animé, au propre comme au figuré, «Angle mort» de Lotfi Achour fait revenir Kamel Matmati de loin pour démonter le scénario de sa disparition forcée, en remontant les pièces d’une vérité privée d’archive. Ce film a été primé par la 44ème édition du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, qui s’est tenue du 27 janvier au 4 février 2022. Lecture.
A Gaafour, la lutte contre la torture gravée dans le marbre
La transformation d’un lieu de torture en musée contre l’oubli va contribuer à diffuser une culture des droits humains, non pas par le verbe, mais en inscrivant dans le marbre la lutte contre la torture.
Encore des témoignages accablants sur les violences policières, y compris sur des enfants !
Au-delà du cas d’Aymen, Adnen, Wassim et des enfants venus témoigner, depuis quelque temps déjà, les violences policières en Tunisie deviennent de plus en plus alarmantes. Au cours de ces deux dernières années, un processus semble s’être amorcé en faveur de la “re-normalisation“ de l’impunité de telles violences. Pire encore, nous en sommes même au point de discuter d’un projet de loi destiné à consacrer une telle impunité in jure, incriminant, de surcroît, le fait même de la dénoncer ! Depuis des décennies déjà, la Tunisie détourne lâchement la tête d’une violence bien enracinée et entretenue, mais plus ou moins dissimulée, pernicieuse, parfois tabou. Il y a les violences et les tortures «politiquement correctes», celles du fort, de l’État, de l’institution pénitentiaire, celles dont on détourne la tête […] et puis il y a celle sur les “sans défense” …
IVD : Les femmes victimes de la dictature brisent le silence
Ce soir, 10 mars 2017, l’audience publique de l’Instance de Vérité et Dignité est consacrée aux femmes victimes de la dictature. Six témoignages seront présentés par deux militantes de la société civile, deux femmes des familles d’ex-prisonniers et deux victimes de la circulaire 108, interdisant le port du voile sous le régime de Ben Ali.
Houssem, le philosophe emprisonné pour un joint raconte la prison
Professeur de philosophie dans un lycée au Centre-Ouest de la Tunisie, Houssem prépare son doctorat en philosophie après avoir réussi son agrégation avec brio en 2014. Durant huit semaines, la loi 52 a éloigné Houssem de ses élèves, de ses recherches et de ses livres. Au cours de l’enquête, les policiers ont confisqué son ordinateur et l’ont endommagé. Une partie de sa thèse y était stockée. Sorti d’une expérience traumatisante, le philosophe dénonce la cruauté de la prison. Récit d’un séjour pénitentiaire ordinaire.
Mohamed Nour, 17 ans, victime de la violence policière et de la loi 52
Jeudi 16 février 2017, à Sidi Arfa de Kairouan (Centre-ville), Mohamed Nour Gamgammi, 17 ans, a été arrêté et tabassé par la police chez lui, puis au poste de police. Voulant porter plainte, la famille fait appel à la Ligue des droits de l’Homme qui documente les traces de violences sur le corps de l’adolescent en arrestation. D’après la famille, les policiers usent de l’article 52 pour faire pression et l’obliger à retirer sa plainte. Mardi 21 février, Mohamed Nour entre dans une grève de la faim pour alerter la société civile sur la grave dégradation de sa santé.
Décès suspect de Chokri Gobtni à Menzel Bourguiba
Dimanche soir, 29 janvier 2017, Chokri Gobtni, 47 ans, sort de la maison de sa sœur à Menzel Bourguiba et ne rentre pas. À 22h, la police l’interpelle dans la rue, le tabasse violemment sous les regards des passants et le conduit au poste de police. Une heure plus tard, il est transféré à l’hôpital de la région, avant qu’on n’annonce sa mort à sa famille. Selon le médecin légiste, Chokri est décédé suite à une « overdose ». Il est enterré mardi 31 janvier, alors que sa famille accuse la police d’avoir tué le défunt sous la torture.
Instance nationale de prévention contre la torture : en attendant le bon vouloir du gouvernement
Au troisième étage d’un vieux bâtiment, géré depuis 2011 par la présidence du gouvernement, les membres de l’INPT se réunissent quotidiennement dans une petite salle délabrée aux couleurs grisâtres. Dans un couloir mal éclairé, ils ont accès à cinq bureaux collés à d’autres administrations étatiques. Reportage.
Pourquoi la Torture ?
Né en 1953, Fathi Ben Haj Yahia a été condamné par contumace à 2 ans de prison pour appartenance à El Amel Ettounsi. Arrêté le 20 mars 1975, il a été jugé à cinq ans et demi de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, appartenance à une organisation non reconnue et traversée illégale des frontières. Cette expérience est l’objet de son premier livre El Habs Kathab (2009) traduit en français sous le titre La gamelle et couffin (2010). Loin des codes de la littérature des prisons, Fathi Ben Haj Yahia surprend par son style tragi-comique. Une de ses premières lectrices l’interpelle sur la question – douloureuse- de la torture. Il y revient pour proposer une réflexion sociologique sur une pratique dont les ramifications dépassent de loin les murs du milieu carcéral. Extraits.
Auditions publiques de l’IVD : L’antithèse du sensationnalisme télévisuel
La contestation de la retransmission des auditions de l’IVD s’est appuyée sur une rhétorique les assimilant aux émissions sensationnalistes comme Andi Manqollek et Al-Moussameh Karim. Or, leurs objectifs sont totalement différents. Leurs dispositifs, leurs procédés et leurs impacts aussi.
Tu es mon frère, tu es ma soeur
Certains appellent à la clémence mais comment pardonner un coupable alors qu’il poursuit comme si de rien n’était son œuvre maléfique ? Tant d’un point de vue humain ou moral que politique, le « pardon » est aujourd’hui un non sens. Du point de vue d’une politique qui est portée par le souffle de la révolution et non par l’haleine nauséabonde des hommes de l’ancien régime, la « réconciliation » est une aberration.
La conjuration des imbéciles
Je pense que plus dure et plus sale est la cabale menée contre Mme Ben Sedrine, plus sûrs nous devons être de la justesse de son combat et de la nécessité de cette IVD et de son caractère public. Parce qu’à y penser juste un peu plus, à qui profiterait le déraillement de cette IVD à part à ceux dont les mains sont souillées du sang de ceux qu’ils ont torturé, voir tué, des arracheurs d’ongles, des casseurs de côtes de bras et de jambes, des arracheurs de dents, des violeurs, des électrocuteurs, de leurs donneurs d’ordres, et de cette petite partie de la population qui y trouvait son compte ?!
Monsieur le président vous incarnez l’unité nationale !
Pourquoi le président de république n’était pas présent à cet événement aussi important dans l’histoire du pays ? Pourquoi les trois présidents n’étaient pas présents ? Imaginons quelle belle image aurait-on donné aux millions de téléspectateurs de cette Tunisie, certes petite,mais grande par son histoire et sa révolution, si les trois président étaient présents!
Les auditions de l’IVD : Sami Brahem, l’imprescriptibilité de la torture et la culture de son refus
Durant d’interminables minutes, tout y passe : de la torture physique à la torture morale, sans oublier les familles. «Toutes les horreurs dont on a entendu parler, partout dans le monde, y compris à Abou Ghraïb sont pratiquées dans nos prisons», assène Sami Brahem. Ce dernier démonte comment «méthodiquement et avec un grand zèle, des fonctionnaires de l’État pratiquaient l’indicible sur les citoyens Tunisiens.»
Décès suspect, l’euphémisme de la mort sous la torture
Hamed Sassi, 23 ans, ouvrier, prisonnier à Mornag : mort suspecte en aout 2016. Abdel Moneem Zayani, 23 ans, vendeur ambulant, prisonnier à la Mornaguia : mort suspecte en avril 2015. Les organisations de la société civile continuent de dénombrer les victimes mortes en détention. Elles dénoncent la persistance de la torture et de l’impunité.