Coup de Force 37

La fausse solution du présidentialisme : crise de système ou de gouvernance ?

Le 22 septembre 2021, le Président de la République a promulgué un décret où il annonce une nouvelle organisation des pouvoirs publics qui bouleverse l’ordre constitutionnel et place le décret présidentiel au-dessus de la constitution, inversant ainsi la hiérarchie de la pyramide institutionnelle. « Au nom de la Constitution, à bas la Constitution »,pourrait-on résumer ce décret présidentiel qui ne souffre aucune ambiguïté quant à la volonté de liquider les acquis institutionnels de la révolution et d’établir un pouvoir absolu sans aucun garde-fou.

Relations internationales : La fragilisante démarche de Kais Saied

La récente visite d’une délégation parlementaire américaine en Tunisie a déchaîné les passions. Les analystes se sont écharpés sur l’interprétation à donner aux tweets du sénateur Murphy, chaque camp y voyant l’approbation de ses propres positions sur le virage 80. Un débat similaire a suivi la déclaration commune des ambassadeurs des pays du G7 enjoignant le président à renouer avec la normalité constitutionnelle. Ces épisodes tendant à mettre en évidence la permanence des ingérences étrangères. Et tout souverainiste qu’il est, le président Kaïs Saïed n’arrive pas à s’en débarrasser.

Magistrature & Kais Saied : la confusion des peines

La magistrature est dans la ligne de mire du président de la République. Ce dernier ne mâche pas ses mots envers les magistrats, leur reprochant une complicité avec les corrompus de tous bords. Accusés de favoriser l’impunité, les magistrats se défendent en pointant à leur tour du doigt l’ingérence des politiques dans leur sphère. Une guerre ouverte sur fond de réformes impérieuses sciemment annihilées.

Kais Saied, la solitude de tous les dangers

Le président de la République est plus que jamais un homme seul, avec le poids de l’Histoire sur les épaules, et la discrète compagnie des eucalyptus séculaires de Carthage. Un rapport direct s’est établi avec le peuple, qui a applaudi cette opération de nettoyage radical des institutions. Mais quand je vois un peuple croire dans les pouvoirs thaumaturgiques d’un homme seul, je vois le danger se profiler à l’horizon. Au-delà des facteurs qui ont mené à cette crise, au-delà de la faiblesse de l’engagement civil des partis politiques, un homme seul est plus exposé aux fautes et aux chantages.

Radwan Masmoudi : Visage du soft power des islamistes tunisiens

Membre d’Ennahdha, Radwan Masmoudi mène depuis le Virage 80 du 25 juillet une guerre médiatique acharnée contre le président de la République. Personnage controversé, Masmoudi a longtemps jonglé entre vie associative et politique. Et ce n’est pas la première fois que ses déclarations attisent autant la polémique et soulèvent des interrogations sur ses liaisons à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Quelques réflexions en marge du 25 juillet

Dans cette configuration, inviter à la vigilance relève au mieux du vœu pieux, au pire de la naïveté. Penser que la société civile peut se dresser efficacement contre un pouvoir qui viendrait, au sens chimique c’est-à-dire intransitif du terme, se révéler avec le temps, c’est avoir une bien piètre connaissance de notre passé récent. Les acteurs s’inscrivent dans la dynamique historique où, très souvent, l’occasion fait le larron.

Virage 80 : Comment expliquer la myopie de la côte est-américaine ?

Le 30 juillet 2021, Kaïs Saïed a reçu trois journalistes du New York Times au palais de Carthage. Dans un discours fleuve dont il a le secret, ponctué par des références à la Constitution des Etats-Unis, le président s’est voulu rassurant quant à son respect des droits et libertés. Cet épisode intervient après une semaine de couverture médiatique d’une presse américaine largement acquise aux positions d’Ennahda et incapable de comprendre le hiatus entre la joie d’une partie importante des Tunisiens et des menaces sérieuses qui pèsent sur le processus démocratique en Tunisie.

La Tunisie, entre espoir et vigilance

En période de changement révolutionnaire, les premières mesures prises sont généralement en contradiction avec les textes de lois en vigueur. Ce qui s’est passé, en Tunisie-même, fin 2010 – début 2011, n’était pas du tout conforme à la Constitution de 1959. Et pourtant, nous l’avions tous applaudi, car il s’agissait d’un mouvement de révolte populaire et légitime face à un ordre établi qui ne correspondait plus aux aspirations du peuple. Alors, aujourd’hui, ne pourrait-on pas dire qu’on est dans une situation comparable à celle de 2011 ? Ne pourrait-on pas entendre et prendre en considération les cris de colère des foules qui ont manifesté toute la journée du 25 juillet dernier et même avant?

Rigidités constitutionnalistes & secret de polichinelle démocratique

Beaucoup de nos juristes les plus éminents n’ont aucun doute quant au caractère putschiste de la décision du président Kais Saied de suspendre le parlement. Et techniquement, ils ont des arguments solides. Saied pour sa part s’est basé sur l’article 80 de la constitution qui permet «l’état d’exception en cas de péril imminent» et on peut très bien argumenter qu’un gouvernement et un parlement qui laissent mourir 18000 tunisiens en un an et demi sont un péril déjà en place.

Tunisie. L’avenir incertain de l’Assemblée des Représentants du Peuple

Après le gel des activités de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) pour 30 jours, des questionnements se posent par rapport au sort de l’institution parlementaire après ce délai : Pourrait- elle reprendre son travail ? Les députés peuvent- ils convoquer une session extraordinaire? Le député d’Attayar Hichem Ajbouni et la constitutionnaliste Salsabil Kelibi apportent leurs éclaircissements.

A l’origine des craintes des Tunisiens, l’historique violent d’Ennahdha

Après les mesures exceptionnelles prises par le président Kais Saied, des organisations nationales et des chancelleries ont mis en garde contre une probable escalade des violences. Cette crainte d’un éventuel affrontement, esquissé par le président de la République lui-même, est animée par la violence, sous un habillage religieux, inhérente à la mouvance islamiste depuis sa création jusqu’aujourd’hui.