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Adieu, Nawal Saadawi, je vous aimais bien…

Je peux le dire aujourd’hui, entre Nawel Saadawi et moi, ce ne fut pas le coup de foudre, mais un amour qui s’est construit progressivement. J’ai eu, en cela, beaucoup de chance : comme le veut la sagesse populaire (ou la science statistique), ce sont en effet de pareils commencements qui souvent font l’histoire d’une vie. Ce n’était pas son parcours qui m’interpellait ; il était admirable. Ce qui m’interpellait, c’était qu’elle faisait l’unanimité contre elle.

Tunisie : Les zones humides, un patrimoine en péril

Les zones humides sont une source de vie pour des populations entières. Elles abritent de nombreuses espèces animales et végétales. Leur étendue ne cesse de diminuer au fil du temps, et certaines ne peuvent plus assurer leur fonction de réservoir d’eau notamment pendant les périodes des crues. Or les crues sont de plus en plus à craindre dans un contexte de changements climatiques.

La France confrontée à son héritage colonial en Afrique

Le contentieux colonial entre l’Algérie et la France n’est pas prêt de se dénouer au vu des réactions critiques suscitées en Algérie suite au rapport remis au Président Emmanuel Macron le 20 janvier par l’historien français Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Sa principale recommandation ne déroge pas à la ligne de conduite des dirigeants français, toutes tendances confondues, qui ont toujours refusé de présenter des « excuses » officielles pour les crimes perpétrés par la France en Algérie durant la période coloniale.

Petit plaidoyer en faveur d’une journée de la reconnaissance des femmes

Qu’on me permette ici d’affirmer que le principe d’une journée internationale des droits des femmes, encore plus que sa version locale, me dérange par son côté fortement marketé. Non pas simplement, on connaît la chanson, parce que consacrer un jour à une cause, quelle qu’elle fût, est aussi absurde que grotesque ; mais pour deux raisons essentielles, que je détaille dans ce qui suit.

Tunisie. Régime des partis ou vicissitudes du régime parlementaire

Présenté souvent comme un des systèmes les plus démocratiques du monde, le régime parlementaire ne manque toutefois pas de complications, ni même d’inconvénients. Les innombrables et imprévisibles bouleversements auxquels il peut donner lieu ont toujours suscité beaucoup de controverses. Le fait qu’il permette une représentativité démocratique du corps électoral d’une société et qu’il assure une organisation équilibrée des organes du pouvoir, ne l’empêche pas en pratique de présenter un grand risque d’instabilité gouvernementale et politique. S’il ne pose aucun problème en Angleterre, les exemples de ses vicissitudes dans d’autres pays ne manquent pas, à commencer par celui de la tristement célèbre 4ème République en France.

République, la mal-aimée!

Quand la République est proclamée le 25 juillet 1957 et Habib Bourguiba élu par la 1ère Constituante premier président bien avant l’adoption de la Constitution en 1959, l’intention et l’esprit des dirigeants sont de donner naissance à un système politique républicain conférant le mandat du chef de l’Etat au «combattant suprême» devenu le détenteur quasi exclusif du pouvoir dans le pays. La 1ère République se dressait contre la monarchie et sera désormais le régime du nouvel Etat indépendant. Mais le peuple « qui a atteint, selon Bourguiba, un degré de maturité suffisant pour assumer la gestion de ses propres affaires » devra être guidé dans ses choix par le « zaïm », devenu « raïs », libérateur du pays et père de la Nation. La démocratie attendra.

Convergence des luttes : congruence, solidarité et conscience possible

Les derniers mouvements sociaux dans le pays ont permis à un débat vieux comme le monde de resurgir : celui de la convergence des luttes et donc de la configuration des groupes sociaux en présence. L’idée, en substance, est la suivante : les jeunes des classes moyennes seraient très récemment venus se greffer sur les mouvements sociaux initiés par les jeunes des classes populaires. S’en serait suivie une forme de récupération de ces luttes et de ce qu’elles ont pu capitaliser en termes d’opposition au pouvoir central et de lutte pied à pied contre lui et ainsi, une dévitalisation de la lutte politique comprise essentiellement comme décrédibilisation.

Retour à un état policier en Tunisie ?

« Il n’y a pas de gouvernement, pas d’État, nous sommes l’État. » Ces mots glaçants d’un policier, lors d’un sit-in dans la ville de Sfax le 2 février, en disent long sur la dangereuse tournure que prennent les événements en Tunisie ces dernières semaines. Les récentes émeutes accroissent les risques d’un retour à un état policier après des années de transition démocratique épineuse, qui n’a pas permis de mettre un terme aux atteintes aux droits humains commises par les services de sécurité ni à l’impunité endémique dont ils bénéficient.

Dix ans de révolution et de transition : un deuxième souffle ?

L’anniversaire de la Révolution cette année, affecté par l’absence des festivités habituelles sur l’avenue Habib Bourguiba à cause du confinement général de quatre jours décidé par le gouvernement, a été malgré cela marqué par des émeutes des jeunes de quartiers très révélatrices et donnant écho à un cri de colère retentissant. Des jeunes, et parfois des mineurs, se sont ainsi rassemblés dans des différents quartiers, pour exprimer leur ras-le-bol et entrer en confrontation avec la police.

Données personnelles: Réponse des membres de l’IVD aux accusations de Gaddes

Il est regrettable qu’une question qui représente un enjeu majeur pour les garanties de non répétition des violations du passé, comme la question de la préservation de la mémoire, devienne prétexte à règlements de comptes et de remise en cause de l’expérience tunisienne en justice transitionnelle. Cette tentative de disqualification des travaux de l’IVD à laquelle s’est prêté le président de l’Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP) Chawki Gaddes ne peut que paver le chemin aux multiples projets de « réconciliation » qui nous sont resservis aujourd’hui encore, en guise d’alternative au processus de redevabilité judiciaire en cours. Mais le plus grave est que l’argumentaire avancé par M. Gaddes se base sur des contre-vérités dont nous allons ici démontrer le caractère fallacieux.

Cinéma : Tlamess, une histoire de regards haptiques en marche

Ala Eddine Slim choisit de taire les voix qui indiquent les rapports humains, pour permettre au discours de se poursuivre. La communication entre les personnages n’existe que par un battement de paupière. La promenade dans Tlamess est ce qui rythme la vision et organise le film. Ce long-métrage de fiction a remporté le premier prix au festival du film arabe de Zurich, tenu du 19 au 29 novembre 2020.

“Tlamess” d’Alaeddine Slim : Le cinéma en puissance

Tlamess est parsemé de références mythologiques et filmiques mais toujours pour les dépasser et en faire autre chose : de Kubrick à Hitchcock au Stalker de Tarkovski, dans cette grotte où l’élément aquatique accompagne la poésie de l’instant sans oublier la boussole et les espaces de The last of us (le film précédent de Alaeddine Slim). Ce film tunisien vient de remporter le premier prix au festival du film arabe de Zurich, tenu du 19 au 29 novembre 2020.

Médecine en Tunisie : Les retombées kafkaïennes du décret 2019-341

Le décret 2019-341 était attendu comme une réforme majeure supposée faire partie d’un package de refonte du système de santé en Tunisie. Comme nous allons le voir, il n’en est rien. Cette réforme des études médicales, pensée depuis plus de 15 ans et derrière laquelle la principale idée était la réhabilitation de la médecine générale et le renforcement de la première ligne par une formation spécifique, a été parachutée dans un contexte de politique de santé sclérosé, rigide, peu enclin au changement. Et c’est là que le bât blesse : le système n’est pas prêt et rien n’a été fait pour l’y préparer.

A la fausse érudition de Maya Ksouri, existe-t-il un remède ?

Définition préalable : Pour désigner la microscopique portion de la population tunisienne dont Maya Ksouri est à mon humble avis la parfaite caricature, il m’a fallu inventer un nouveau terme : « la micro-classe » de Tunisie. Je les nommerais aussi parfois dans mon texte les « self-hating Muslim » par effet miroir au terme « self-hating Jew » qui désigne chez nos cousins hébraïques ceux parmi les leurs qui osent critiquer la politique israélienne ou la chape de plomb que leur communauté abat sur ses individus.

“Trop de dépenses, trop de fonctionnaires” ? Déconstruire le mythe

La Tunisie comptait 41 fonctionnaires pour 1000 habitants en 2010 contre 56 en 2017. A titre de comparaison, la Norvège affiche 160, le Danemark 143, et même les pays réputés les plus libéraux sont devant nous avec 70 pour les Etats-Unis et 80 pour le Royaume Uni. Notre objectif sera d’analyser les chiffres tunisiens grâce aux données de l’Institut National des statistiques (INS), et les différents budgets des lois de finances depuis 2011.